Les chorégraphes Dominique Mercy et Alain Platel rendent hommage à celui qui dirigea le Théâtre de la Ville de Paris de 1985 à 2008 et en fit un haut lieu de la danse contemporaine.
C’est par un mail du Théâtre de la Ville que nous avons appris la disparition de Gérard Violette le 24 septembre 2014. Pas sûr que Gérard Violette se serait reconnu dans ce mode de communication, lui qui était un homme de paroles. Sa voix était reconnaissable entre toutes, qu’il s’agisse d’acclamer un artiste ou de convier les invités à un “pot de l’amitié” sans chichi.
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Parce que le Théâtre de la Ville, comme son nom l’indique, est municipal, son directeur échappe à la valse des nominations ministérielles et aux mandats de trois ans renouvelables ou pas. Alors, le temps est de son côté et lui permet de construire, patiemment et avec fougue, un répertoire et des fidélités artistiques qui font la réputation de ce théâtre, bien au-delà de l’Hexagone, unique et indispensable. C’est ainsi que la carrière de Gérard Violette reste pour toujours indissociable de ce théâtre qu’il a dirigé de 1985 à 2008, après avoir été l’administrateur de son précédent directeur, Jean Mercure, de 1968 à 1985.
Danse, théâtre et musiques du monde : avec lui, le Théâtre de la Ville a aussi construit sa réputation sur cette ouverture au spectacle vivant, avec une nette prédilection pour la danse contemporaine qui y a trouvé, dès les années 80, sa maison d’élection. Rares sont les chorégraphes qui n’y ont pas été programmés au moins une fois.
Pour certains, et non des moindres, venir à Paris signifiait tout simplement présenter ses pièces au Théâtre de la Ville. Pina Bausch, Merce Cunningham, Jan Fabre, Wim Vandekeybus, Alain Platel, Anne Teresa de Keersmaeker, Jérôme Bel, Mathilde Monnier, François Verret, Christian Rizzo, Dominique Bagouet, Philippe Decouflé…
La liste est longue et dessine tout simplement le paysage chorégraphique d’une époque. Pour son départ en 2008, la plupart étaient là pour lui rendre hommage lors d’une soirée inoubliable, magique, et c’est à ce moment qu’on pense à l’heure de sa disparition. En témoignent ces quelques mots de Dominique Mercy, du Tanztheater de Wuppertal, et d’Alain Platel, fondateur des Ballets C de la B.
“Cher Gérard,
Merci! bien sûr… Merci! Evidemment… Merci! Tout simplement… Pour ton courage, pour ton regard, pour ton engouement et tes engagements, pour ton soutien.
Merci pour ta fidélité.
On le sait, Pina l’a dit : le Tanztheater de Wuppertal serait-il aujourd’hui le même si tu ne nous avais pas ouvert les portes du Théâtre de la Ville avec à chaque fois la même ardeur et la même générosité ?
Je t’ai longtemps cru infatigable… indestructible.
C’est maintenant le temps du repos… comme un arbre en hiver.
Merci Gérard. ” Dominique Mercy.
“J’ai perdu trois pères en un an et demi :
mon propre père,
Gérard Mortier quelques mois plus tard
et maintenant Gérard Violette.” Alain Platel
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