La chorégraphe américaine s’est éteinte le 18 mars à San Antonio au Texas. Hommage à une grande dame.
Elle était la grande dame de la danse américaine. A juste titre. Trisha Brown – comme avant elle Merce Cunningham – avait initié un style : le sien était tout en fluidité comme s’il épousait la colonne vertébrale de l’interprète.
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Elle a influencé ou formé des générations de créateurs aux Etats-Unis comme en Europe. Surtout, en travaillant avec des plasticiens comme Robert Rauschenberg ou en s’intéressant à l’opéra elle a ouvert la danse à d’autres champs. Elle s’était “retirée” depuis quelques années, malade. Sa compagnie avait entamé une tournée d’adieux qui passa par Paris au Théâtre de Chaillot en octobre 2015. Une fête pour les yeux.
Et puis il y avait ses early works, des pièces des débuts, créées alors dans des galeries, sur les toits de New York et que la chorégraphe réactiva pour leur donner une seconde – une éternelle ? – jeunesse. Il y avait chez Brown une manière particulière d’envisager son répertoire comme un tout.
Un figure de la postmodern dance
Née en 1936, Trisha Brown, après un formation académique, fait ses classes au Mills College en Californie où elle se confronte à différents styles (des claquettes à la méthode Graham). Elle rencontre Anna Halprin puis suit les cours de l’école de Merce Cunningham.
Trisha Brown sera surtout l’instigatrice avec une troupe de danseurs et chorégraphes (Simone Forti, Yvonne Rainer, Steve Paxton) et de musiciens (Terry Riley, La Monte Young) du Judson Dance Theater – qui tire son nom du lieu même où ils travaillent à l’époque, une ancienne église à New York.
Trisha Brown reste l’une des figures de ce que l’on appelle alors la postmodern dance en rupture avec une certaine danse moderne. Elle fonde en 1970 sa compagnie, et très vite se fait un nom. En Europe elle est l’invitée des plus grands festivals ou théâtres : Michel Guy directeur du Festival d’automne lui vouait une admiration sans égale. Trisha lui rendra hommage des années plus tard avec une pièce intitulé For M. G. : the Movie.
TRISHA BROWN // For M.G. : The Movie from LGM Télévision on Vimeo.
Trisha Brown laisse une œuvre immense avec des chefs-d’œuvre comme Astral Convertible, Set and Reset ou Son of Gone fishin’.
Détraquer le mouvement
« Durant toutes ces années où je l’ai vue travailler, créer, j’ai compris à quel point ces standards étaient hauts, elle était si dévouée à son art. Je la revois en studio recommencer encore et encore jusqu’à obtenir ce qu’elle voulait » nous racontait il y a peu Carolyn Lucas, une de ses danseuses en charge des reprises des pièces de la chorégraphe.
« Je joue le mouvement, en faisant rimer ou en faisant écho avec un mouvement précédent, en utilisant plus tard une autre partie du corps et peut-être en détraquant le mouvement. Je mets les phrases sens dessus-dessous, je les inverse » disait Trisha Brown.
Elle est aujourd’hui au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon ou de Paris. La France avait adopté cette artiste aussi douée pour la danse que pour le dessin. La nouvelle vague chorégraphique des années 80 lui doit beaucoup. Trisha Brown nous manque déjà.
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