Le Palais de Tokyo rend hommage au célèbre dessinateur de presse Georges Wolinski, assassiné il y a trois ans dans les attentats contre « Charlie Hebdo ». Une expo « pop-up » qui révèle une part intime et méconnue de son travail.
On le connaît pour sa critique acerbe du moralisme conservateur, son regard corrosif sur la psychologie humaine, la sexualité, pour ses personnages qui s’embourbent dans leurs pensées, mais aussi pour ses dessins sexistes et ses femmes longilignes à la poitrine et aux fesses bien généreuses. Georges Wolinski revendiquait le fait qu’il « ne pensait qu’à ça » et assumait bel et bien son statut de « vieux phallocrate », comme le soulignait un documentaire que lui consacrait Pierre Hodgson en 2011. Cette misogynie ne l’a pas empêché d’être un des dessinateurs les plus publiés en France. De Hara-Kiri au Nouvel Observateur, en passant par L’Humanité ou encore Charlie Hebdo, plus de 40 titres de presse ont recueilli, dans leurs pages, son trait gracile et corrosif.
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Le versant intime de son travail
Tout n’est pas à jeter. Et si de nombreux dessins apparaissent aujourd’hui absolument démodés, c’est bien parce que Georges Wolinski, « Wolin » pour les intimes, était l’habile chroniqueur de son temps. Touche-à-tout et émancipé, il n’hésita pas, malgré ses convictions anarchistes, à dessiner de la pub, comme pour Canal + ou la barre chocolatée Mars. Georges Wolinski était plein de contradictions et c’est peut-être ce que souligne en filigrane l’exposition que lui consacre le Palais de Tokyo. Contre toute attente, cette dernière ne restitue pas le Wolinski des années 68, mais un versant intime de son travail. Une frange méconnue, traversée par des préoccupations existentielles et qui, parfois même, manifeste une conscience de sa propre misogynie.
Du fond de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) composé de 10 000 dessins de Georges Wolinski, la curatrice de l’exposition, Rebecca Lamarche-Vadel a extrait une soixantaine de dessins, publiés ou non dans la presse et qui contredisent l’image de polémiste provocateur de l’artiste. Du motif de la falaise à celui de la religion, chacun révèle un dessinateur moins frondeur et plus sensible et mélancolique. Bien que l’humour ne soit jamais absent.
Jusqu’au 13 mai, l’exposition permet surtout d’apprécier la qualité du trait spontané et dépouillé de Georges Wolinski, celui qui avait fait du bâclé un style.
Exposition Georges Wolinski au Palais de Tokyo, Du 13/04/2018 au 13/05/2018
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