Onze artistes coréen·nes sont invité·es à exposer des œuvres numériques et d’art vidéo, dans le sillage de Nam June Paik.
L’histoire de l’art contemporain a été marquée par l’exposition Fluxus Music/Electronic Television, en mars 1963. Un artiste coréen, Nam June Paik, présente à Wuppertal une installation composée de 13 téléviseurs posés à même le sol dont l’image déréglée par des générateurs de fréquence ne diffuse rien d’autre que des rayures et des striures.
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Cette exposition de musique et de télévision électronique est considérée aujourd’hui comme la première œuvre d’art video. Né à Séoul le 20 juillet 1932 et est décédé à Miami le 29 janvier 2006, Nam June Paik est le premier artiste à avoir compris que l’apparition de la télévision allait changer le monde. “Marcel Duchamp a tout fait sauf de la vidéo. Il a fait une grande porte d’entrée et une toute petite porte de sortie. Cette porte-là, c’est la vidéo. C’est par elle que nous pouvons sortir de Marcel Duchamp”, affirmait-il en 1975.
La culture du pays à travers l’art numérique
Ce n’est donc pas un hasard que cette figure centrale de l’art coréen, et mondial, se retrouve au cœur d’une exposition, Decoding Korea, au Grand Palais immersif du 26 juillet au 25 août, qui vise, dans le cadre de la saison coréenne, à décoder les motifs de la culture du pays à travers l’art numérique. Outre une section spéciale dédiée à Nam June Paik, présentant deux œuvres emblématiques – Global Groove (1973) et Wrap Around the World (1988) créé à l’origine pour les Jeux olympiques de Séoul –, l’exposition présente des œuvres de onze Coréen·nes. Des artistes né·es entre la fin des années 1960 et le début des années 1990, et qui explorent des sujets précis liés à l’histoire de leur pays, comme la mémoire, le pouvoir, les frontières, la technologie et l’environnement.
Lee Daehyung, commissaire de l’expo, rappelle ainsi qu’en un siècle, l’histoire de la Corée “est passée d’une nation colonisée à un puissant exportateur culturel, aux ruines de la guerre à une économie mondiale de premier plan, et d’un pays bénéficiaire d’aide à un donateur international”. En ce sens, précise-t-il, “Decoding Korea n’est pas une simple exposition d’art, c’est un voyage philosophique explorant la complexité et la nature multifacette de la société coréenne et de son art contemporain”. Ce que confirme le critique Jérôme Sans, qui connaît bien la scène coréenne : “Avec des œuvres technologiques de pointe, immersives, qui activent les sens, l’exposition décrypte bout à bout l’histoire de la Corée, nation d’envergure encore en expansion où s’écrit en temps réel le monde de demain, et imagine de nouveaux paysages, scénarios pour les générations à venir. Décodées.”
Le futur sera coréen
Installations multi-projection et audio mettant en lumière l’urgence de la prise de conscience écologique et de l’action (Yiyun Kang), expérience en VR révélant les souvenirs personnels de soldats (Hayoun Kwon), installations vidéo cartographiant la transformation urbaine à travers des vues aériennes d’écoles (Junebum Park), expérience en VR où une IA apprend l’humanité à travers des rêves, brouillant la frontière entre réel et virtuel (Dong-wook Kim & Jin-kyung Jeon)… Les œuvres exposées au Grand Palais immersif témoignent des affinités que la scène artistique coréenne entretient avec les techniques numériques, autant pour sonder les blessures d’un passé traumatique que pour imaginer des langages futuristes. Le futur sera coréen. La preuve au Grand Palais cet été.
Decoding Korea, du 26 juillet au 25 août 2024 – Grand Palais immersif
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