En pleine phase de transition, le Centre de développement chorégraphique (CDC) de Toulouse propose, via son festival annuel, une traversée du vaste continent de la danse contemporaine.
Pour son édition 2016, le festival international du Centre de Développement Chorégraphique (CDC) de Toulouse a choisi de « mettre en valeur le talent des femmes à vivre et à penser la danse au présent.« Ce parti pris d’un focus sur la gent féminine rejoint celui adopté tout récemment par le festival DañsFabrik à Brest : à croire que la danse au XXIe siècle sera femme ou ne sera pas !
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Quoi qu’il en soit, loin de s’enfermer dans un périmètre étroit, le programme – dans lequel les hommes ne sont pas totalement absents – amène le public à parcourir des champs esthétiques et géographiques très variés en partant à la rencontre, entre autres, de la Sénégalaise Fatou Cissé, de la Cap-Verdienne Marlène Monteiro Freitas, de la Française Aude Lachaise ou de l’Américaine Carolyn Carlson.
Un solo à la fois très singulier et très peuplé
Durant la première moitié du festival, l’on a pu découvrir plusieurs pièces marquantes à des degrés divers, notamment celle de la jeune Flamande Louise Vanneste, passée par PARTS (l’école de danse bruxelloise d’Anne Teresa de Keersmaeker). Avec Gone in a heartbeat, Vanneste entraîne quatre danseuses – dont elle-même – dans une sorte de transe à l’intérieur d’un dispositif en carré sophistiqué mais l’ensemble, vraiment happant par moments, n’est pas assez évolutif et souffre de baisses de tension.
Gone in a heartbeat – Kunstenfestivaldesarts 2015 – trailer from Louise Vanneste on Vimeo.
Adoptant également un dispositif en carré pour Longing, Alexandre Roccoli y ajoute une forte coloration organique, amplifiée par les pulsations vibrantes de la musique jouée live sur le plateau par Benoît Bouvost. A partir d’un long travail d’observation et de réappropriation chorégraphique des gestes du tissage, se forme un solo à la fois très singulier et très peuplé – et superbement interprété par Malika Djardi.
https://vimeo.com/158927386
LONGING from roccoli on Vimeo.
Une forme de théâtralité (très) décalée
Signalons encore deux pièces pratiquant, chacune à sa façon, une forme de théâtralité (très) décalée : Madame de Betty Tchomanga, met en scène avec une légèreté joliment flottante les divagations de trois femmes sous influence (qui n’en sont peut-être qu’une ?) et Tattoo de Frédéric Jollivet et Sara Martinet, suit les étranges péripéties d’un couple – incarné par Sara Martinet et Elien Rodarel – hautement atypique (et sacrément élastique) au son de l’envoûtante musique atmosphérique du duo toulousain Saåad.
Cette édition 2016 intervient à un moment-charnière de l’histoire du CDC de Toulouse – sa pugnace directrice, Annie Bozzini, à la tête de la structure depuis sa création en 1995, ayant décidé de démissionner face à l’inertie persistante des responsables politiques locaux vis-à-vis de la danse contemporaine. Annie Bozzini est remplacée par Corinne Gaillard, en charge de la programmation spectacle vivant au Lieu Unique depuis 2005, qui sera secondée par le chorégraphe Pierre Rigal, d’origine toulousaine, nommé au poste de directeur artistique associé. Cette nouvelle direction bicéphale doit entrer en fonction le 11 avril, quelques jours après la fin du festival.
Jérôme Provençal
Le festival du CDC de Toulouse, du 15 mars au 3 avril.
Madame, 6 avril au Théâtre de Vanves (Festival Artdanthé), 14 et 15 avril au CDC/Atelier de Paris
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