Quand l’artiste Danh Vo cherche de l’argent pour sa prochaine pièce.
Avis aux “amateurs” d’art : cette exposition vous semblera réservée aux professionnels de l’art. Et pourtant. L’affaire se déroule non pas dans la galerie Chantal-Crousel, mais dans son annexe installée dans le bâtiment industriel de La Douane.
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Là, l’artiste berlinois d’origine vietnamienne Danh Vo organise une recherche de fonds pour la production d’une oeuvre monumentale : la réplique grandeur nature et tout en bronze de la statue de la Liberté, mais qu’il exposera si tout va bien en pièces détachées à l’automne prochain au Fridericianum Museum de Kassel – et pour tout dire j’en rêve déjà, de cette statue de la Liberté démantelée, comme à la fin du film La Planète des singes –, tout un symbole.
Pour l’heure, on nous montre un plan, un dessin, avant-projet évasif, et au centre de la galerie trône un bureau avec un téléphone, une charmante assistante et des contrats prêts à être signés. Que dire ? D’abord, il faut savoir que pour fabriquer à Paris et envoyer à New York sa Liberté de 46 mètres de haut, le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi avait lui-même organisé une vaste opération de fundraising, anticipant largement sur les pratiques actuelles du marché de l’art.
Ce faisant, Danh Vo réplique non seulement la statue mais son processus de production. Un art consommé du remake. Que dire encore ? Qu’on assiste ici à une modalité possible de l’exposition : l’agence. Et qu’en ces temps d’hyper-productivité, où les artistes en vue sont sans cesse sollicités, invités dans un nombre faramineux d’expositions, il y a quelque malice à utiliser la galerie pour ce qu’elle est (une antichambre du commerce) et à faire de l’exposition non pas un temps d’arrêt du travail, mais une partie du processus. Realpolitik.
Jean-Max Colard
Danh Vo, jusqu’au 13 mai à La Douane, 11F, rue Léon-Jouhaux, Paris Xe, sur rendez-vous, tél. 01 42 77 38 87, http://www.crousel.com
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