Découverte de la Biennale de Danse il y a deux ans avec Swan Lake, Dada Masilo revient avec une nouvelle héroïne en scène, Carmen.
Show devant. Dada is in town. A Lyon, pour cette Biennale de la danse qui l’a propulsée sur le devant de la scène internationale en 2012. Son Swan Lake dynamitait les codes habituels, s’amusait de références classiques et modernes avec une touche africaine bienvenue. Résultat, un triomphe et une tournée ahurissante.
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“Je crois qu’il n’y a pas un coin de France où nous ne sommes pas passés”, s’amuse la pétillante Dada Masilo. Elle vient parler de sa Carmen, nouvelle pièce, nouvelle relecture d’un mythe. “Une trame plus complexe qu’il n’y parait. Je veux aller en profondeur.” Et mettre les amants au placard?
« Pauvre Don José, lâche-t-elle. Ma vision, c’est en fait sa tragédie à lui. Sauf qu’à la fin, il ne tue pas Carmen, il la viole. »
Il y a chez cette artiste une capacité unique à passer du rire aux larmes. Elle sait d’où elle vient : “Johannesburg, qui n’est pas la ville la plus facile du monde. A Jobourg, il faut s’affirmer, avoir un caractère bien trempé.” Un peu comme Dada quoi. Elle a passé du temps à discuter avec ses danseurs et en est venue à la conclusion qu’il fallait que tout soit ancré dans le réel.
Raconter des histoires
Pas une espagnolade de plus a priori. On respire. Encore moins un hommage à Mats Ek – qui croqua une Carmen macho – ou à la nouvelle de Prosper Mérimée. “J’aime raconter des histoires et nourrir ma danse d’un peu plus que des mots”, résume-t-elle, pas un paradoxe près. Et d’ajouter qu’elle n’a pas peur de se coltiner les questions de la sensualité et de la sexualité.
Sa Carmen est une fille d’aujourd’hui en prise avec la tromperie et la vengeance. Tout ceci est furieusement d’actualité. Pas sûr pour autant que la chorégraphe soit au courant des passions françaises et des turpitudes du pouvoir. “Nous sommes tous des êtres manipulateurs en quelque sorte…” Dans son Swan Lake, le prince déclinait les amours officielles pour leur préférer un homme. Une manière de régler son compte au monde des contes de fées hétéronormé. “Je suis une femme de maintenant”, précise-t-elle. Bien vu.
Dada Masilo évoque son passage à l’âge adulte en souriant même si elle garde l’aspect espiègle d’une ado. Toujours se méfier des apparences. Elle se souvient qu’à P.A.R.T.S., l’école fondée par Anne Teresa De Keersmaker, elle avait étudié un jour Roméo et Juliette de Shakespeare. “Je n’arrivais pas à mémoriser les phrases c’était trop difficile pour moi. Mais on avait un professeur si passionné qu’à la fin, tout le monde adorait William Shakespeare. Cela a été un cadeau pour moi. Je sais désormais que toute œuvre est politique.”
Et nous, nous savons que Dada Masilo est là pour durer. Cette Carmen, elle en interprète le rôle principal sur scène. “C’est si bon de jouer les mauvaises filles.” Si l’amour est enfant de bohème, Dada Masilo, elle, n’est pas née de la dernière pluie.
Création mondiale : Biennale de Danse de Lyon du 16 au 18 septembre Comédie de Valence ; 20 au 25 septembre Maison de la Danse de Lyon, les 27 et 28 sept embre Théâtre du Vellein Villefontaine (04 27 46 65 65 www.biennaledeladanse.com) puis à Draguignan, Angoulême, bordeaux , Chalon-sur-Saône, Villeneuve-sur-Saône, Paris (Théâtre du Rond-Point du 10 décembre au 10 janvier). Diffusion sur Arte le 28 septembre à minuit.
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