La culture française traverse l’Atlantique et s’invite à New York pour un happening de performances réjouissantes dans le cadre du festival Crossing the Line.
Détournant la traditionnelle remorque des food carts à hot dogs des rues new-yorkaises pour en faire un accueillant Spermbar, la plasticienne Prune Nourry crée l’événement en questionnant la pratique du don de sperme avec son débit de cocktails servis dans des éprouvettes de laborantin. Une des performances découvertes lors de l’ouverture du festival Crossing the Line, organisé par le French Institute et l’Alliance française, qui s’installent pour l’occasion dans les locaux des services culturels de l’ambassade de France situés sur la Cinquième Avenue et transforment en camp de base la célèbre Paine Witney House, en face de Central Park, à deux pas du Metropolitan Museum of Art (Met).
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Sur un concept du collectif Soundwalk, c’est muni d’un audioguide réalisé par Olivier Cadiot que nous déambulons bientôt dans les salles égyptiennes du Met à la recherche d’un jardin du paradis miniature découvert dans la tombe d’un pharaon poète. Avec Lande Part, Laurent Pichaud opte pour le plein air en dansant au creux d’un vallon de la Cedar Hill de Central Park, dans un programme où il lève la patte comme un chien pour signifier les séquences entre ses solos.
De retour à la Paine Witney House, on retrouve Trajal Harrell (performeur repéré dans (M)imosa de François Chaignaud et Cecilia Bengolea) pour The Conspiration of Performance, une lecture à deux voix avec l’actrice Perle Palombe. Ils y épinglent l’impayable dénonciation de la performance commise par Baudrillard dans son essai The Conspiracy of Art. L’un des salons réunit Raimund Hoghe et le danseur japonais Takashi Ueno pour une préfiguration de Pas de deux. Sur une bande-son qui mêle Rhapsody in Blue de George Gershwin à des plages lyriques et des chansons de variétés, les deux danseurs, juchés sur les traditionnelles getas (tongs à semelles en bois), nous offrent un moment d’exception dans le délicat enchaînement de duos minimalistes et de solos virtuoses.
L’heure est venue de sauter dans un taxi, direction Brooklyn, pour un vernissage à la galerie The Invisible Dog Art Center. Dans le cadre d’une exposition consacrée par Lucien Zayan au Coréen Chong Gon Byun, une malicieuse vidéo de Marie Losier déroule un portrait amusé de l’artiste. Enfin, c’est entre les colonnes de marbre de l’escalier monumental de la Paine Witney House qu’Arthur Nauzyciel crée à la tombée du jour la version en anglais de Jan Karski (Mon nom est une fiction), d’après le roman de Yannick Haenel : un lieu idéal, dédié à la diplomatie et aux échanges culturels, pour perpétuer le témoignage du résistant polonais et prolonger son combat. Une mise en espace comme un avant-goût de l’émotion que pourrait créer la pièce sur un public américain. Preuve par ses artistes que la culture française n’est pas aussi moribonde que certains aiment à le dire.
Patrick Sourd
Crossing the Line 5e festival interdisciplinaire d’art et de culture, organisé par le French Institute et l’Alliance Française à New York, jusqu’au 16 octobre Pas de deux chorégraphie Raimund Hoghe, du 24 au 29 novembre au Théâtre de la Cité internationale, Paris XIVe, dans le cadre du Festival d’automne
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