Jean-Claude Philipot, chargé du projet de la liste Reims Bleu Marine, s’en est pris dans un article en ligne au Frac Champagne-Ardenne, accusé d’être un “écrin pour de la merde ». Le Frac Lorraine, lui, vient d’être condamné à verser un euro symbolique à l’Agrif, actuellement dirigé par un ancien membre du FN.
C’est une vieille rengaine que nous ressort une nouvelle fois le FN à propos de « l’art-comptant-pour-rien ». A l’occasion d’un article en ligne élégamment intitulé « Un écrin pour de la merde », Jean-Claude Philipot, chargé du projet de la liste Reims Bleu Marine pour les municipales 2014, s’en prend au Frac Champagne-Ardenne et à ses « pseudo œuvres d’art (…) dont vous ne voudriez pas dans votre jardin mais devant lesquelles les bobos de la gauche caviar ou plus simplement les snobs s’extasient pour faire ‘moderne’ et se distinguer de ce peuple qu’ils méprisent et qui trouve affreuses ces ‘machins’. ”
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Ces arguments, au moins aussi solidement bâtis que ceux qui consistent à dire qu’un enfant de 5 ans aurait pu faire la même chose (et même un animal insiste Philippot, à qui « on aurait mis de la peinture sur les pattes et la queue« ), et qui prennent ici appui sur une relecture toute personnelle d’une histoire de l’art qui aurait sombré dans la décadence avec le mouvement dadaïste (on vous passe les détails), sont les mêmes resservis d’années en années par les détracteurs de l’art contemporain et les fractions extrémistes. Rien de nouveau sous le soleil donc, si ce n’est la simultanéité d’une autre affaire qui met en cause cette fois le Frac Lorraine condamné à verser un euro symbolique de dommages et intérêts à l’Agrif, l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne.
Cette condamnation est le résultat d’une procédure de cinq ans mettant en cause l’exposition « L’Infamille » qui s’est tenue en 2008 et réunissait, entre autres des œuvres de Gina Pane, Agnès Varda ou Eric Pougeau, dont les textes ont été jugés à même de « créer un sentiment de peur chez le mineur susceptible de les lire » par le tribunal de grande instance de Metz dans son jugement rendu le 21 novembre dernier. Sur le site de l’Agrif, son président Bernard Antony (ancien membre du Front National et du Parti de la France) s’est félicité de la condamnation de cette exposition « atroce » ; le Frac Lorraine lui, a annoncé qu’il ferait appel.
Alors on a vraiment changé au FN ? Pas vraiment, si l’on se réfère aux très nombreuses attaques menées depuis des années contre l’art contemporain par des groupuscules d’extrême droite, toutes liées de près ou de loin au FN. Depuis 1985 où Bruno Mégret faisait son apparition sur la scène politique en s’en prenant aux Colonnes de Buren au Palais Royal, jusqu’à l’interminable affaire « présumés innocents », du nom d’une expo organisée en 2000 au Capc de Bordeaux incriminée par La Mouette, une association de défense du droits des mineurs, de diffusion de messages violents, pornographiques ou contraires à la dignité humaine susceptibles d’être vus par des mineurs. Résultat : dix années de procédures pour ses trois commissaires et moults rebondissements qui se sont finalement soldés par un non-lieu.
Et encore, les attaques menées en 2005 par la très réactionnaire Fondation Brigitte Bardot contre les photos de l’artiste Kiki Lamers et les cochons tatoués du Belge Wim Delvoye ou l’assaut contre l’exposition Takashi Murakami (en 2010) au Château de Versailles ; cette dernière ayant donné lieu à une pétition en ligne, « Versailles mon amour », dans laquelle les nombreux signataires proches dénonçaient « la pollution visuelle, le désordre mental et la vulgarité érigée en prétendue « œuvre d’art ». « Ces individus se présentent comme les porte-parole du corps social. Or il faut bien prendre la mesure de l’origine idéologique de leur propos. Ils sont ancrés dans une droite ultraréactionnaire, proche du FN » avait commenté à l’époque le Président du Château de Versaille, Jean-Jacques Aillagon.
Sans oublier les newsletters intempestives de Nicole Esterolle, animatrice depuis 2010 du blog Le Stroumpf Emergent qui, dans sa dernière missive postée à l’occasion du Congrès du Cipac, la Confédération des professionnels de l’art contemporain réunie fin novembre à Lyon, dénonçait « la volaille bureaucratique caquetante à tout va, asservie aux grands réseaux d’intérêts de pouvoir et d’argent , a complètement dévoyé ou détruit les bons mécanismes de reconnaissance et de légitimation qui ont fait notre patrimoine artistique ». Rien de nouveau on vous disait
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