Dans l’attente des ultimes négociations avec les préfets ce vendredi 16 octobre concernant une éventuelle dérogation, le spectacle vivant s’organise pour ce week-end, marqué par le couvre-feu annoncé par le chef de l’Etat à partir de samedi minuit.
Au “métro, boulot, dodo” décrété par le gouvernement, le monde du spectacle vivant continue de résister. L’opposition du Premier ministre Jean Castex à l’assouplissement des règles de couvre-feu pour le secteur de la culture, au motif que “les règles doivent être les mêmes pour tout le monde”, s’ancre bien en-deçà de la réalité des protocoles sanitaires en vigueur dans les théâtres et juste au-dessus de l’aveuglement têtu. Il reste incompréhensible.
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Tous ne s’avouent pas vaincus par rapport à ce couvre-feu qui sera effectif à partir de samedi 17 octobre minuit dans toute l’Ile-de-France et dans huit métropoles (Aix-Marseille, Lille, Grenoble, Lyon, Toulouse, Montpellier, Rouen et Saint-Etienne) de 21h à 6h, pour au moins quatre semaines. José Manuel Gonçalves, directeur du 104 à Paris, nous indique que des négociations se déroulent cet après-midi entre les préfets, de quoi laisser encore espérer un peu le monde du spectacle (sans compter la rencontre organisée ce vendredi 16 octobre entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, toutes deux favorables à cette dérogation).
“S’il faut déposer en préfecture, quinze jours à l’avance, la liste et les horaires des spectacles programmés comme on le fait déjà pour les salons qui se déroulent au 104, on s’engage à le faire. On peut aussi donner une dérogation à chaque spectateur à la fin des spectacles. On leur demande déjà, à leur entrée dans les salles de théâtre, de déposer à côté d’eux, un carton où est écrit : Ceci n’est pas une place. Et tous jouent le jeu”, nous explique-t-il. Et d’ajouter : “Je ne comprends pas cet horaire imposé de couvre-feu à 21 h pour les théâtres alors qu’on maîtrise justement les regroupements de personnes et les protocoles sanitaires en vigueur. Ce qui est sûr, c’est qu’on va prendre une sacrée claque parce qu’il est hors de question d’avancer les horaires des représentations à 17h pour que les artistes jouent devant une salle vide. Je n’irai pas en dessous de 19h.”
Échanges constructifs avec @R_Bachelot, où j’ai à nouveau demandé, en dépit du refus actuel du Gouvernement, des mesures d’adaptation au couvre-feu en faveur du spectacle vivant et du cinéma. Que le billet fasse foi et serve de justificatif pour rentrer chez soi un peu après 21h. pic.twitter.com/TQsl7wIjcq
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) October 16, 2020
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“Puisque l’imprévisible est devenu notre lot, jouons à cache-cache et passons par les chemins de traverse”
D’une façon générale, les théâtres gèrent à vue pour le week-end à venir. Beaucoup ont avancé les horaires des spectacles : le théâtre des Bouffes du Nord, les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, le théâtre de l’Odéon, le théâtre de la Colline… Le Festival d’Automne à Paris précise sur son site les modifications d’horaires ou les annulations pour chaque spectacle programmé ce week-end.
La pensée, la poésie comme arme de résistance. C’est le choix de Wajdi Mouawad qui signe un texte sur le site du théâtre de la Colline, Un feu qui ne se couvre pas, en mettant la poésie d’Omar Khayyam à l’honneur : “A cette heure où de la joie ne reste que le nom / Seul dans l’épreuve demeure le sincère vin / Ne retire pas du verre la main du plaisir / A cette heure où ne reste d’accessible que le verre.” Avant de conclure, déterminé :
“Ne rien retirer du verre, ni main, ni plaisir et continuer à verser le vin. Et s’enivrer à en éviscérer le chagrin. Puisque l’imprévisible est devenu notre lot, jouons à cache-cache et passons par les chemins de traverse. Loup y es-tu ? Loup que fais-tu ? Je mets mon pantalon ! Hé bien pauvre idiot ! Habille-toi bien ! Pour ce qui nous concerne : nulle crainte et nous continuerons à nous promener dans nos bois qui sont faits de ces arbres magiques nés de l’écriture. De fil en aiguille, passons et repassons entre les mailles des filets, ouverts, vivants, nous continuons le théâtre. Jamais couvre-feu n’a couvert le feu du poème.”
Désormais, tous attendent de pied ferme l’annonce définitive de l’obtention, ou non, d’une dérogation avant de s’organiser pour les semaines à venir. A suivre…
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