Retour en trois étapes sur une édition 2013 de la Fiac et ses effets ricochets.
Le Grand Palais
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Au Grand Palais, cette année plus que jamais, la Fiac présentait deux faces relativement distinctes, rappelant que le monde de l’art ne fait pas qu’un. En haut, dans les allées qui serpentent, les marchands aux choix plus audacieux, plus surprenants, et plus stimulants. En bas, dans la Nef, les ténors des galeries d’art avec leur lot de valeurs très sûres. C’est là que s’exposent les Murakami, Anish Kapoor ou Ai Weiwei. Lequel est un des rares à persister dans le gigantisme avec un arbre en fer qui domine sans mal un parterre d’œuvres globalement peu imposantes. Les marchands semblent ainsi avoir tous préférés remplir leurs stands avec beaucoup de « petites choses ». Signe encore d’un marché qui tâtonne et ne met plus tout à fait ses œufs dans le même panier : le faible nombre de stands consacrés à un seul artiste.
En bas, il n’y a guère que la galerie américaine Gavin Brown qui choisisse de consacrer une exposition personnelle (à Laura Owens) ou Loevenbruck (à Jean Dupuy) tandis qu’en haut, ils sont plus nombreux à prendre le risque de ne pas diversifier leur offre : Triple V (avec l’artiste Servane Mary), Clearing avec le Thaïlandais Korakrit Arunanondchai ou Semiose, avec un dispositif bicéphale né d’une collaboration au long cours entre Aurélien Mole et Julien Tibéri, ou encore Freymond-Guth, de Zurich, avec la Française Sophie Bueno-Boutellier, Un choix payant du point de vue au moins de la clarté et de la lisibilité des stands sur une Fiac qui n’a pas intérêt à devenir un un vide-grenier de luxe.
Les prix
Qui dit Fiac, dit aussi son lot de prix. A commencer par l’incontournable Prix Duchamp décerné cette année par les membres de l’ADIAF (qui réunit en tout près de 300 collectionneurs) à la franco-marocaine Latifa Echakhch défendue par la galerie Kamel Mennour, mastodonde du réseau français. Cette année pas de polémiques autour du rôle crucial des rapporteurs (critiques d’art et institutionnels choisis par les artistes pour les défendre auprès des membres du jury) mais des propositions en demi teinte formulées par les quatre artistes finalistes pour mieux souligner leur inconfort au sein des microscopiques espaces d’expositions qui leur sont alloués au sein de la Fiac. Des stands microscopiques sur lesquels ils doivent faire démonstration de leur travail. Résultat : une cible figurant une étoile rouge et jaune criblée de couteaux pour Latifa Echakhch qui a poussé le vice jusqu’a abaissé le plafond de son espace, trois tableaux pour Farah Atassi et une citation mordante sur caisson lumineux du duo Claire Fontaine en référence au rôle des jurés. Au final, seul Raphaël Zarka – qui aurait également mérité le prix – joue le jeu avec une nouvelle version de ses prismatiques en bois devant un fond rose.
Au Grand Palais toujours, le Prix Lafayette (crée par les galeries Lafayette qui ont également inauguré cette semaine le siège de leur future fondation d’entreprise rue du Plâtre dans le Marais), remis jeudi 24 octobre, a encore fait parler de lui en désignant une nouvelle fois un artiste et une galerie étrangère : Shahryar Nashat sur le stand de la galerie stambuliote Rodéo.
Autre Prix devenu une institution : le prix Ricard remis vendredi lors de la soirée du Bal jaune (tout vert cette année, puisqu’il se tenait à la Cité de la mode et du design, dans l’étrange chenille vert pomme de Jakob et Mac Farlane). Il a été décerné à Lili Reynaud Dewar, figure tutélaire de la bande (les autres sont nés au milieu des années 80 et on compte même parmi les finalistes la fraîchement diplômée Caroline Mesquita qui fut un temps l’assistante de Lili Reynaud Dewar) pour l’ensemble de son œuvre archi référencée et cette étrange pièce qu’elle déplace cette année de New York à Lyon en passant par Londres : un lit percé d’une fontaine d’encre noire qui souille peu à peu les draps et l’espace d’exposition.
Plus confidentiel, le prix Grolsch (une marque de bière hollandaise) a salué le travail de la jeune franco-suisse Emilie Ding exposée à la galerie Samy Abraham à Belleville (étonnamment écartée de la sélection de la Fiac cette année). Ses tableaux de béton qui remettent en jeu des standards de l’architecture moderniste seront exposés ce printemps au Palais de Tokyo.
Le off
Face à cette équation impossible (un accroissement exponentiel du nombre de galeries et une sélection toujours plus sévère pour accéder aux allées du Grand Palais), on a vu se multiplier ces dernières années les foires off. Slick, Cutlog, Yia et Spot. On ne retiendra que les deux dernières. Avec une programmation brouillonne mais féconde pour Yia (Young International Artists) qui offre une alternative sérieuse sur quatre lieux disséminés dans Paris dont l’espace Commines dans le Marais où l’on pouvait voir une installation de deux jeunes artistes très prometteurs, Julien Creuzet et Marcos Avila Forero, et, en sous-sol, le work in progress de la jeune Pauline Bastard représentée par la galerie Eva Hober : soit l’achat pour un euro symbolique d’une maison, dans le sud de la France, qu’elle déconstruit à main nue.
L’autre bijou du off déjoue le calendrier de la Fiac en jouant les prolongations jusqu’au 12 novembre : co-organisé par les galeries Nilufar, Gio Marconi et Balice & Hertling, elle joue la carte de la « period room » avec un accrochage comme à la maison ou presque dans un somptueux hôtel particulier du Quai de la Tournelle. Au menu des pièce de design de très haute tenue (des années 50 à nos jours) et une sélection pointue d’oeuvres signées Neil Beloufa, Isabelle Cornaro ou Markus Schinwald.
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