Yannick Haenel et Yann Robin proposent un cheminement envoûtant dans les états de conscience post-mortem, dans un accord parfait entre la musique et les mots.
“Je suis vivante, tu comprends ? VI-VANTE.” Tout en rassurant sa mère au téléphone, une femme regagne son appartement après avoir été renversée par un chauffard. Partant de l’illusoire victoire sur le destin d’une héroïne qui se croit toujours en vie, le texte de Yannick Haenel questionne les états de conscience de celle qui, déjà, n’est plus. “Je ne souhaitais pas raconter une agonie, précise l’auteur. Je voulais excepter tout signe physique de souffrance. La bascule du ‘mourir’ ne doit s’entendre qu’à travers la langue et son délitement. Les mots fondent peu à peu. Ils se désagrègent.”
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Mis en espace avec brio par Arthur Nauzyciel, l’oratorio composé par Yann Robin est interprété par l’actrice-chanteuse Elise Chauvin. Puisant à la culture ancestrale du Livre des morts tibétain, les chœurs s’inspirent des mantras psalmodiés par les moines pour jalonner une voie vers les états intermédiaires qui précèdent la dissolution d’un être dans le néant.
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Le récit développe les motifs hallucinés d’une vie qui s’échappe, quand la partition relève du retour au chaos originel accompli par une pensée témoignant de son évanouissement. Ultime parcours initiatique, Le Papillon noir vole avec délicatesse vers les ombres de ces ailleurs, dans un accord parfait entre la musique et les mots.
Le Papillon noir musique Yann Robin, texte Yannick Haenel, direction musicale Léo Warynski, mise en espace Arthur Nauzyciel, avec Elise Chauvin. TNB-Théâtre national de Bretagne, Rennes. En tournée – dates à préciser
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