De Jacques Derrida à Raymond Devos, sans oublier Françoise Héritier, le spectacle de Maroussia Diaz Verbèke propose un savoureux travail de collage
Dans une séquence de Circus Remix, les mots tombent littéralement sur la piste. Une, deux, puis trois lettres composant “mot”. Puis, à l’aide d’une quatrième : “mort”. Maroussia Diaz Verbèke jongle quelques instants avec puis passe à autre chose : soit dix numéros en tout.
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La fille de l’air qu’est Maroussia peut marcher à l’envers suspendue par les pieds ou disparaître sous le tapis. On la verra en clown dans un costume piqué à une fête brésilienne ou en fantôme. DJ enfin qui pousse le bouchon trop loin. Deux heures plus tard, on n’en revient pas de cet imaginaire ainsi exposé avec ces temps morts et ces fulgurances, ces sauts dans le vide et ces drôles d’histoires.
Un opus touffu et passionnant
Surtout, elle se risque “à attraper les phrases au vol”, collant des bribes de texte selon un savant travail d’échantillonnage. De Jacques Derrida à Raymond Devos, sans oublier Françoise Héritier, c’est un bout à bout de pensée et d’esprit. On apprend beaucoup de choses, durant Circus Remix, sur l’origine du cirque ou sur l’inégalité homme-femme.
Pour les plus déphasés dans le public, les “dialogues” ainsi (re)constitués sont projetés sur écran. C’est sans doute la faiblesse de cet opus touffu et passionnant. Les mots cannibalisent parfois l’action – et le sourire mélancolique de l’acrobate n’y fait rien. Il n’en reste pas moins que son imagination prend plus d’une fois le pouvoir.
Depuis l’aventure Ivan Mosjoukine et Le Vide, où elle était dans l’ombre de Fragan Gehlker, Maroussia Diaz Verbèke a pris le temps de voyager, filmer, réfléchir. Circus Remix est riche de cette liberté retrouvée.
Circus Remix Jusqu’au 26 octobre, Auch (Festival Circa) ; du 14 au 25 novembre, Paris (Centquatre)
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