Pour s’offrir corps et âme aux manipulations de l’artiste danois Christian Falsnaes, il suffit de se rendre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille. Avis aux amateurs.
Le visiteur de foire (ou, disons-le carrément, le visiteur d’exposition) est toujours un peu blasé. Face à la prolifération qui s’étale, rien de plus facile que de se retrancher dans un demi-cynisme.
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Celui-ci permet d’abord de maintenir les œuvres à une saine distance ; de s’assurer du bon respect des termes du contrat qui font d’elles des objets docilement offerts à notre bon jugement. A la Friche la Belle de Mai, qui faisait sa rentrée en même temps qu’Art-O-Rama, rien ne préparait donc à se retrouver pris au piège de la performance parfaitement dérangeante du Danois Christian Falsnaes.
“Je travaille sur l’autorité et la prise de pouvoir sur un groupe”
Position, le nom de sa nouvelle pièce, écrabouille avec jouissance toute distinction entre regardeur et performeur : tout le monde y est de force partie prenante. Vingt minutes durant, Christian Falsnaes, assisté d’Emy Chauveau, se pose en leader aussi autocratique que charismatique, hurlant des ordres à ses victimes volontaires, qui n’ont d’autre choix que d’obtempérer : crier, courir, ou palper le fessier de leur voisin.
“Je travaille sur l’autorité et la prise de pouvoir sur un groupe. Ici, en l’espace d’une poignée de minutes, on parcourt un spectre d’émotions très diverses, de l’angoisse à l’excitation sexuelle, explique-t-il. La manipulation des émotions par un leader est évidemment un thème très sensible, qu’il n’est certainement possible d’explorer que dans le contexte artistique. J’aimerais parvenir à lier l’implication émotionnelle de la vie et la distance analytique de l’art.”
Position dans le cadre de l’exposition Labor Zero Labor de Benjamin Valenza, jusqu’au 27 novembre à la Friche la Belle de Mai, Marseille. Streaming et rediffusions sur le site l-0-l.tv
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