Initiatives foisonnantes chez les futurs artistes et illustrateurs, qui refusent de se laisser réduire au silence. Tour d’horizon.
“Qu’elle puisse résonner comme une possibilité et pourquoi pas un désir de refaire du collectif, du politique, ensemble !” Ce message d’espoir, volonté de ne pas se laisser réduire à l’impuissance, est celui lancé sur le 13 janvier sur Twitter par Martin Argyroglo, jeune photographe à l’origine de la photographie prise lors de la marche de soutien du dimanche 11 janvier, un tableau vivant improvisé déjà iconique qui a fait le tour des réseaux sociaux.
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La formule de cet ancien élève des Gobelins et des Beaux-Arts de Paris résume le sursaut créatif qui s’est emparé des institutions culturelles suite à l’attentat. Dans un premier temps, ce sont les banderoles que l’on a vues fleurir sur les façades, comme le dessin en hommage à Cabu à l’ENSBA, les Beaux-Arts de Paris. Mais très vite, des appels collaboratifs ont été lancés de toutes parts. Pour assurer la relève, pour continuer à créer malgré tout.
Hashtags, blogs et studio photo déjanté
Pour la revue en ligne Poptronics, qui dans un post du 9 janvier a lancé une invitation aux étudiants artistes et illustrateurs à envoyer leurs contributions à l’adresse info@poptronics.fr, il s’agit de “dire haut et fort que Charlie vivra, et avec lui, la liberté de créer, dire, hurler et rire” ; de “ne pas rester les bras ballants devant les liveblogs, des médias et le robinet à infos aléatoires en continu”.
Un hashtag a été créé : #JeSuisLaRelèveDeCharlie. Deux jours plus tard, face à l’afflux des propositions, la revue confirmait son intention d’en proposer certaines à la rédaction de Charlie Hebdo, sous la forme d’un cahier spécial de dessins et de caricatures.
“Nous avons avancé samedi sur la réalisation d’un premier cahier de 16 pages, au format du journal Charlie Hebdo, que nous mettrons en ligne et enverrons à l’équipe de Charlie après la manif. (…) Libres à eux de publier ou pas, de contacter ou pas certains auteurs, de trouver matière à rire et à continuer à défendre haut et fort la liberté d’expression et le rire féroce ou pas. ‘JeSuisLaRelèveDeCharlie’ sera de toute façon à disposition de tous au format PDF, sous licence Creative Commons, en ligne sur poptronics et les sites de partage en pdf.”
Dans les écoles d’art aussi, la participation est le maître-mot. A l’ESAD Reims et de l’EnsAD, les arts déco de Paris, les hommages dessinés colonisent les murs.
C’est un studio photo déjanté que l’école Duperré a installé au Carreau du Temple à Paris jusqu’au 11 janvier, où chacun est invité à venir se faire tirer le portrait à grand renfort de déguisements en tous genres, dans un décor où l’on lit “We Are Charlie”, mais aussi “Le rire continue !”.
Créé à l’initiative de quelques étudiants de la HEAR, l’école des Arts décoratifs de Strasbourg, le blog Je suis Charlie aussi s’est progressivement affirmé comme une plate-forme de ralliement pour tous les étudiants en école d’art, regroupant les initiatives. De la documentation, avec des interviews des dessinateurs Robert Crumb ou Luz, mais aussi de nombreux appels à projets : flashmob rire, atelier de sérigraphie ou encore organisation à la sauvette d’une exposition ouverte.
On retiendra aussi le DIY des stickers “Pour demain je veux” de L’ÉSAL – Épinal, à imprimer et à compléter de la mention de son choix ; l’humour noir des fiches d’offre d’emploi Charlie Hebdo, “Poste à pourvoir rapidement, cherche esprit libres” de trois étudiantes de la HEAR Strasbourg ; ou encore le plus classique mais non moins inventif “Je suis Charlie aussi” , un tumblr de dessins. Plusieurs de ces projets donneront naissance à des publications, une manière d’inscrire dans le temps ces réactions à chaud.
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