La Fiac s’installe à Paris pour une semaine foisonnante. Avec elle, s’ouvre une série d’expositions et de lieux dédiés à l’art contemporain. Tour d’horizon des événements et des artistes à ne pas manquer.
Si vous avez des problèmes d’agenda. Si vous n’appréciez pas les visites groupées. Si vous n’avez aucune envie de croiser Isabelle Huppert. Enfin, si vous n’aimez ni l’art, ni l’architecture, ni le design contemporains, un conseil : restez hors de Paris cette semaine ! Car autour de la Fiac, la Foire internationale d’art contemporain, c’est une myriade d’expos, d’événements, de performances, d’ouvertures, de réouvertures, de remises de prix, de soirées, de vernissages qui vont se succéder, jusqu’à essoufflement des plus marathoniens amateurs d’art. Les plus professionnels auront fait un tour de chauffe la semaine précédente à Londres, où la Frieze Art Fair mobilise elle aussi son lot d’exhibitions, d’openings et d’events. Mais avouons que Paris tient cette fois le haut du pavé, avec un programme surchargé et spectaculaire.
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Le vaisseau amiral de Frank Gehry
Outre la Fiac elle-même, le vaisseau amiral de la Fondation Vuitton, conçu par l’architecte américain Frank Gehry, attire tous les regards. Nul doute que tout le monde sera là, c’est-à-dire le monde entier de l’art international, mais aussi le grand public, convié à un week-end portes ouvertes, pour découvrir le bâtiment de Gehry.
Vu de plain-pied : c’est un vaisseau d’acier et de verre, toutes voiles levées, comme agité par la dynamique interne de ses hautes structures alignées. A l’intérieur, dans des salles plus rigoureuses et très adaptées à la monstration de l’art, le programme concocté par sa directrice Suzanne Pagé est encore secret. Mais on peut s’attendre à une immense installation d’Olafur Eliasson, à une grande œuvre de Pierre Huyghe, tandis que Dominique Gonzalez-Foerster fera apparaître quotidiennement des personnages de fiction, avant que Kraftwerk ne joue dans le très bel auditorium sa discographie complète en huit concerts, du 6 au 14 novembre.
McCarthy à la Monnaie
Ensuite, difficile de trancher : si, du côté de l’art moderne, la réouverture du musée Picasso, désormais dirigé par Laurent Lebon, est un événement tout aussi majeur et international après six ans de travaux et d’embrouillaminis ; côté ultracontemporain, l’arrivée du Californien Paul McCarthy et de sa chocolaterie dans les nouveaux murs de la Monnaie de Paris fait aussi très fort, surtout depuis le scandale du plug anal de la place Vendôme.
On peut aussi prendre, entre deux stations de métro ou deux coupes de champagne, le temps de la réflexion. Qu’est-ce que tout cela peut bien vouloir dire ? De quoi cette surchauffe est-elle le nom ? Car derrière ces raouts unanimes, derrière cette vitalité insolente affichée par l’économie de l’art au regard de la crise que traverse l’Europe, la réalité est plus âpre et le capitalisme plus sauvage. La concurrence fait rage. Par exemple, entre les plus petites foires : ainsi la Fiac a ouvert une Fiac Off, obligeant certaines petites foires à jeter l’éponge. Mais aussi entre les villes : à Londres, une fondation privée ouvre presque tous les mois. En mars, c’est à Hong Kong que migrera le milieu de l’art international, après avoir fait la fête en Floride en décembre pour la foire Art Basel Miami. A Berlin s’organise chaque année en mai le “Gallery weekend”, puis tout le monde se retrouve à la Biennale de Venise début juin.
Ainsi chaque ville, chaque foire, chaque scène cherche-t-elle à créer son « temps fort », à faire du branding, à mobiliser les synergies pour attirer le plus de collectionneurs possible, et parmi eux les plus argentés. Pointe avancée d’une économie libérale mondialisée, le système de l’art connaît aujourd’hui des mutations importantes, marquées notamment par des écarts grandissants entre les acteurs économiques du secteur.
“Le métier de galeriste a changé”
Par exemple entre les nombreuses succursales du galeriste américain Larry Gagosian et le reste du monde, obligeant d’autres galeries, en prise directe avec l’art contemporain le plus pointu, à faire preuve de solidarité et d’humilité. “Le métier de galeriste a changé, concède Solène Guillier, codirectrice de gb agency. Aujourd’hui, même les collectionneurs les plus fidèles attendent les foires pour acheter. Notre vie se joue quasi exclusivement lors de ces trois ou quatre rendez-vous annuels.” Pour autant, on aurait tort de penser que le marché de l’art ne fonctionne que sur de fausses valeurs esthétiques : ce serait évidemment trop simple. De Jeff Koons à Richard Prince, mais aussi de la radicale Lili Reynaud-Dewar à l’artiste post-internet David Douard, du plus grand directeur de musée au moindre curateur indépendant (lui-même en passe de devenir galeriste à son tour), tout et tous passent par le marché, véritable instance de légitimation. Alors bonne semaine à tous.
Fiac du 23 au 26 octobre au Grand Palais (Paris VIIIe) et hors les murs, fiac.com
Demandez le programme !
JEUDI 23
16 h Jardin des Plantes Associé pour la quatrième fois à la Fiac, le Jardin des Plantes et la Grande Galerie de l’Evolution exposent des œuvres de Peter Buggenhout, Laurent Le Deunff ou Kate MccGwire. fiac.com/fr/jardinsdesplantes
18 h auditorium de la Grande Galerie de l’Evolution En plein débat sur l’anthropocène, il faut assister à cette conférence intitulée “L’homme est un animal parmi les autres”. Avec l’artiste Michel Blazy, le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier et la vétérinaire Marie-Claude Bomsel. mnhn.fr
18 h Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris Au même moment, sur un sujet similaire s’entretiendront le mathématicien Yuri Manin, le poète ukrainien Serhiy Zhadan et la poétesse Eileen Myles sur “l’au-delà de l’expérience humaine”. Un cycle de conférences conçu par l’artiste Alex Cecchetti
19 h dans tout Paris Parce que c’est une chose de voir une œuvre sur un stand de la Fiac et que c’en est une autre de voir toute une exposition en galerie, cette nocturne mérite le détour. A ne pas manquer : Richard Prince chez Almine Rech, Seth Price chez Chantal Crousel, Roman Ondàk chez gb agency, Lara Almarcegui chez Mor. Charpentier, Sylvain Rousseau chez Triple V ou Alexander May chez Balice Hertling.
20 h 30 Musée de la chasse et de la nature Un performance dînatoire gargantuesque conçue par Delphine Gigoux-Martin. Avec le chef Yves Camdeborde aux manettes. En partenariat avec la foire alternative, la YIA Art Fair. chassenature.org
VENDREDI 24
18 h Cité de la Musique Si vous avez six heures devant vous, ne loupez pas le film-opéra de Matthew Barney. Un coup de poing visuel d’après un roman de Norman Mailer où les personnages ont plusieurs avatars et autant de vies. les 24 et 25 octobre, citedelamusique.fr
19 h Grand amphithéâtre du Muséum national d’histoire naturelle Une séance de tarot collective orchestrée par le fantasque réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky. mnhn.fr
SAMEDI 25
12 h nef du Grand Palais A cette heure-là, on saura qui de Théo Mercier, Julien Prévieux, Evariste Richer ou des frères Quistrebert a remporté le Prix Marcel Duchamp 2014. Leurs œuvres sont exposées pendant les six jours de la Fiac. fiac.com/fr/prix-marcel-duchamp
14 h Musée Picasso Après des années de travaux et une polémique au printemps dernier, le musée Picasso rouvre ses portes. Sous la tutelle de l’excellent Laurent Le Bon. les 25 et 26 octobre (gratuit et sans réservation), museepicassoparis.fr
17 h Monnaie de Paris Autre réouverture très attendue, et programme art contemporain conçu par Chiara Parisi. Ça commence fort avec John Baldessari en façade et la chocolaterie made by Paul McCarthy dans les nouveaux espaces d’expo. monnaiedeparis.fr
21 h pyramide du Louvre La chorégraphe Simone Forti et le compositeur-performeur Charlemagne Palestine rejouent une pièce mythique montée dans les années 70 : Illlummminnnatttionnnssss !!!! 1971/2014. fiac.com/Simone-Forti- Charlemagne-Palestine
DIMANCHE 26
13 h jardin des Tuileries Dernier jour pour pénétrer dans le container de la Fondation d’entreprise Ricard : un “cinéphémère”de 14 places où l’on peut voir les films d’Ulla von Brandenburg, Louidgi Beltrame ou Pauline Boudry & Renate Lorenz… fiac.com/hors-les-murs-cinephemere
15 h rotonde du Grand Palais Laure Prouvost, lauréate du Turner Prize 2013, vous invite à une tea party pour discuter de l’avenir du futur centre dédié à son grand-père imaginaire. fiac.com/laureprouvost
16 h Fondation Hippocrène Dans l’extraordinaire bâtiment de Robert Mallet-Stevens, une expo de la David Roberts Art Foundation de Londres intitulée Le Musée d’une nuit. Avec les œuvres d’Enrico David, Man Ray, Benoît Maire, Marlie Mul ou Rosemarie Trockel. fondation-hippocrene.fr
LUNDI 27
11 h Fondation Louis Vuitton Elle ouvre enfin ses portes ! Avec une programmation de haut niveau qui fait de l’œil à l’extraordinaire bâtiment de Frank Gehry. Sans conteste LE rendez-vous de l’art contemporain. fondationlouisvuitton.fr
15 h berges de Seine Une promenade sonore qui fait écho à la mémoire du cinéma et aux films de Chris Marker, Marguerite Duras ou Fellini. Avec les interventions d’Emmanuel Lagarrigue, Rainier Lericolais, Rodolphe Burger, Philippe Katerine… fiac.com/fr/hors-les-murs
18 h Palais de Tokyo La journée (et le marathon) s’achève au Palais de Tokyo qui vient d’inaugurer Inside. Une odyssée invitant les spectateurs à traverser physiquement les oeuvres de Stéphane Thidet, Reynold Reynolds & Patrick Jollet, Andra Ursuta ou Andro Wekua. palaisdetokyo.com
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