A Valenciennes, le festival dédié à la création contemporaine ausculte les zones sombres de l’Histoire. Romeo Castellucci y traite du nazisme, Maya Bösch de la Beat Generation et Gurshad Shaheman de la condition féminine en Iran.
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Au delà du crève-cœur de ne réunir que la presse et les professionnel·les au Cabaret de curiosités, maintenir l’édition acte de la volonté du Phénix de Valenciennes et de ses lieux partenaires de défendre l’idée qu’un festival se doit, même en temps de pandémie, de ne pas déroger à sa mission d’être une chambre d’écho au travail des artistes.
Evoquant le trou noir d’inhumanité du nazisme, Romeo Castellucci ouvre son installation titrée Le Troisième Reich par un rituel dédié à la mémoire des victimes. Tandis que la flamme d’une bougie appelle au recueillement, le son d’un disque rayé rappelle la sinistre mélopée des bogies des trains menant aux camps.
S’accordant à une composition de Scott Gibbons qui martèle cette rythmique en la distordant jusqu’à l’insupportable, la suite témoigne d’une incapacité de la langue à témoigner de l’horreur. La projection en accéléré d’un vocabulaire usuel mêle les mots dans leurs surimpressions. Les effets stroboscopiques de la mécanique de caractères réduit alors le langage aux flashs d’un signal d’alarme.
Ginsberg et sa vision hallucinée de l’Amérique
Avec Howl, Maya Bösch s’attelle au manifeste de la Beat Generation écrit par Allen Ginsberg dans les années 1950 pour le faire résonner selon les codes de la poésie sonore. “J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre” : donnant corps à la vision d’apocalypse développée par Ginsberg, Laurent Sauvage est un imprécateur bouleversant sur les solos de la guitare électrique de Vincent Hänni. A mille lieues des utopies du Flower Power, une vision hallucinée de l’Amérique où les paradis artificiels sont des lieux de perdition.
Un chant d’amour aux femmes iraniennes
Réunissant les confessions d’une mère et deux tantes, l’Iranien Gurshad Shaheman témoigne dans Les Forteresses du calvaire d’être femme dans son pays. Sa mère finit par trouver refuge en France, une des sœurs émigre en Allemagne alors que la troisième demeure en Iran.
La famille enfin réunie se retrouve sur les tapis d’un salon oriental. Un trio d’actrices franco-iraniennes se fait écho de leurs espoirs de liberté après la chute du Shah en 1980, avant la douche froide de l’avènement de la dictature du régime des Mollahs. Le glamour de chansons traditionnelles vient adoucir la violence des récits pour que l’émotion demeure à la lisière des larmes. Un splendide chant d’amour dédié à des femmes qui n’avaient d’autre choix qu’entrer en résistance.
Le Troisième Reich conception et installation Romeo Castellucci, musique Scott Gibbons
Howl d’Allen Ginsberg, conception et mise en scène Maya Bösch avec elle-même, Laurent Sauvage et Vincent Hänni.
Les Forteresses texte et mise en scène Gurshad Shaheman avec Guilda Chahverdi, Mina Kavani, Shady Nafar…
Dans le cadre de Cabaret de curiosités au Phénix à Valenciennes
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