Chorégraphe. En 2011, il sera artiste associé au Festival d’Avignon où cette année il présente deux pièces : Flip Book et La Danseuse malade. Il s’exprime sur la politique culturelle du gouvernement, évoque la libération de Roman Polanski et l’affaire Bettencourt.
Vous êtes chorégraphe et artiste associé du prochain Festival d’Avignon. Cela annonce-t-il encore plus de danse en 2011 ?
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La vraie question, c’est : qu’est-ce qui fait danse et quel type de geste collectif peut-on trouver ? Il y aura peut-être moins de danse en 2011… Mais il y a toujours eu d’énormes polémiques à Avignon entre la place donnée au théâtre, à la danse, au théâtre avec danse ou avec de l’image. Ça ne me concerne pas, ni le Festival d’ailleurs, depuis que Jean Vilar a appelé Maurice Béjart et Jean-Luc Godard dans la cour d’Honneur du palais des Papes. Il y a beaucoup de danse cette année et je pense que c’est lié à Olivier Cadiot et Christoph Marthaler, artistes associés, qui s’intéressent au mouvement, au déplacement dans l’espace.
D’emblée, cette édition d’Avignon a été critiquée…
Avignon est souvent critiqué avant le premier soir. Là encore, ça a été le cas. En 1989, j’ai vu la moitié du public de la cour d’Honneur sortir du spectacle Eh, qu’est-ce que ça me fait à moi ? de Maguy Marin. Il y a une tradition de “choc” ici et tout est fait pour l’organiser. Or ce sont surtout des créations et il faut convaincre. Christoph Marthaler aurait pu faire un concentré de son travail, mais il a pris un risque. J’ai trouvé beau, fragile et dur qu’il se place à l’endroit de la dissolution et du geste mineur. C’est extrêmement touchant, il n’a pas choisi la facilité.
Comment vos propres spectacles ont-ils été reçus ?
Je le vis en étant dedans et je dois dire qu’il n’y a pas 10 000 lieux où l’on danse à guichets fermés. Ce qui rassemble à Avignon est au-delà des spectacles.
Vous étiez le 15 juillet à la manifestation devant le palais des Papes pour défendre un service public de la culture mis à mal.
J’y étais, il faisait juste 40 °C. On est dans une période ultra dure, ça touche tout le monde. A Rennes, le département a enlevé 20 % à toutes les structures culturelles. C’est la faute du gouvernement, mais on peut dire aussi que les départements se servent de la politique nationale pour se désengager.
Que vous inspire la libération de Roman Polanski ?
C’est assez terrible, mais je n’ai pas d’avis. Je ne devrais pas, d’autant que mon frère est magistrat. Mais je n’ai pas assez étudié le dossier et je n’ai pas d’avis fort. En fait, je suis plus interpellé par le bon fonctionnement de la justice nationale et par ses budgets.
Que pensez-vous des scandales à répétition à la tête de l’Etat et de l’affaire Bettencourt ?
Cette dernière affaire est symptomatique du fonctionnement du gouvernement. On parle de baisser son train de vie et la première chose qu’a faite le président, c’est de doubler son salaire. Depuis le début de ce quinquennat, le dysfonctionnement est total. Le système de financement n’est pas clair, la double casquette d’Eric Woerth n’est pas possible et on essaye de tenir la presse. Ce qui paraît beau et étonnant, c’est que ça puisse quand même sortir et qu’il y ait un travail journalistique sur ces scandales. On place beaucoup d’espoir dans ces révélations. Car il faut un scandale pour faire tomber Sarkozy. Or j’aimerais qu’il tombe à cause de ses actions contre le Réseau éducation sans frontières, mais ce ne seront jamais les dysfonctionnements de la démocratie au quotidien qui feront scandale.
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