Retour sur les photos de l’artiste et dissident chinois Ai Weiwei.
“Alors, la Chine ?”, disait Roland Barthes. Alors, les photographies du dissident Ai Weiwei ? Sans grande qualité. Elles épousent sans se démarquer les conventions visuelles et techniques de leur époque : noir et blanc saturé du New York des années 80, photo platement conceptuelle des années 2000, jusqu’aux jpeg et tweets expédiés depuis son mobile phone.
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Mais ce maigre désaveu esthétique est en réalité très secondaire, presque “déplacé”, au vu de la dimension politique d’Ai Weiwei. Pour preuve, les images postées sur son blog de 2005 à 2009 : cette suite de situations apparemment banales, ordinaires pour nous et peu composées, constitue néanmoins une archive interdite, saisie par la police mais sauvée de justesse par le Fotomuseum Winterthur.
C’est que le gouvernement chinois vit comme une provocation la permanente circulation de l’artiste, ses plongées dans les réalités de la société civile, et sa capacité à être un média, comme l’a brillamment démontré le numéro de Libération réalisé avec lui. Certes son absence se fait ressentir dans le montage un peu morne de l’exposition.
Pour autant, cet ensemble photographique témoigne d’un véritable principe de vie. La volonté simple mais suractive de “suivre le mouvement” d’une Chine en pleine transition. Coûte que coûte et par-delà les questions d’esthétique. A l’image des photos prises à Pékin dans les années 90.
Emouvantes : c’est le journal de la nouvelle scène artistique chinoise, émergente, collective et cohésive, sortie brisée mais renforcée de la place Tiananmen. Une autre histoire de la Chine contemporaine, écrite au vu et au su, mais en contrebande, du régime officiel.
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