Constructeur et théoricien de l’architecture, auquel on doit le “Folies » de La Villette et la rénovation du zoo de Vincennes fait l’objet d’une rétrospective à Beaubourg
En porte-à-faux, sur pilotis, évidées, disloquées, écornées, bref, déconstruites : dans la verdure du parc de la Villette, les vingt-cinq “Folies” de l’architecte Bernard Tschumi identifient ce paysage urbain, un peu comme les cabines téléphoniques, rouges elles aussi, de Giles Gilbert Scott qualifient Londres. Le parc de La Villette (1982-1998) fut et reste le fruit d’une recherche conceptuelle et transdisciplinaire menée durant une quinzaine d’années par l’architecte franco-suisse. C’est ce lien entre théories et édifications que met en lumière l’exposition Bernard Tschumi – Concept & notation.
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Diplômé en 1969 de l’Ecole fédérale polytechnique de Zurich, Bernard Tschumi sera d’abord enseignant, passant dix ans au sein de la fameuse AA School of Architecture de Londres.
A l’instar de ses collègues d’alors, Rem Koolhaas et Zaha Hadid, l’architecte souhaite « questionner ce qu’est l’architecture avant de la faire ». Cette redéfinition incessante de l’architecture sera expérimentée deux décennies plus tard dans le cadre de l’université de Columbia à New York, où Tschumi mettra en place une pédagogie révolutionnaire, les Paperless Studios (ateliers « sans papier »). Personnage nomade, en pérégrination à travers le monde et plus particulièrement entre New York et Paris, deux villes où il s’est aujourd’hui établi, Tschumi traduit ses premières recherches par des scénarios graphiques, les Screenplays, réalisés entre 1976 et 1978 à partir d’extraits de films où l’arrêt sur image est transposé, par un système d’exercice graphique, en un espace architectural. Suivront des constructions abstraites réalisées de 1979 à 1982 à New York, aux Pays-Bas, à Londres et à Kassel dans le cadre de la Documenta, que l’enseignant-architecte nomme déjà les « Folies du XXe siècle »
Leur présence à Beaubourg est une primeur : « J’avais oublié ces maquettes et ces peintures à l’aérographe des Folies », concède Bernard Tschumi. Cette première grande rétrospective européenne offre l’occasion de découvrir des photomontages inédits effectués pour des projets non réalisés, comme le toit de la BNF, à Paris, où l’architecte avait imaginé poser une piste d’athlétisme symbolisant l’exigence d’une attention nouvelle au corps.
L’actualité de Bernard Tschumi est aussi marquée par la restructuration du zoo de Vincennes, rouvert il y a quelques semaines. Ici, il s’agissait, selon l’architecte, de “mettre l’architecture au service du paysage” et d’“ effacer la distinction entre une architecture destinée aux êtres humains et une autre pour les animaux en captivité”. Ainsi de la maison des girafes, dont l’enveloppe extérieure, faite de madriers, est à elle seule un paysage, et du restaurant de cet équipement issu de l’Exposition coloniale de 1931, habillé de la même façon. De La Villette à Vincennes, trente ans d’architecture en liberté.
Bernard Tschumi – Concept & notation jusqu’au 28 juillet au Centre Pompidou, Paris IVe, centrepompidou.fr
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