A l’occasion de la conférence de presse organisée par Nicolas Bourriaud dans les jardins des beaux-arts de Paris, artistes et acteurs du champ de l’art ont appelé la ministre à renoncer à l’éviction du directeur de l’ENSBA.
“Que la ministre revienne sur sa décision ? Je le souhaite, je le conseille, et je pense que c’est la meilleure chose à faire”, commente l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster. “Je me suis engagée à intégrer l’équipe des enseignants de l’ENSBA sur un projet pédagogique, sur une équipe, et là je ne sais pas ce qui m’attend. Cela peut éventuellement remettre en cause ma participation.”
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A l’issue de la “garden party » annuelle organisée en fin d’année scolaire dans les jardins de l’école et transformée pour l’occasion en conférence de presse improvisée, un certain nombre de voix, d’artistes principalement, enseignants ou pas à l’ENSBA, commençaient à se faire entendre, demandant à la ministre de réviser son choix.
A commencer par l’artiste Jean-Luc Vilmouth, nommé directeur des études au début de l’année scolaire dernière, qui estime qu’il est “encore temps de faire machine arrière et qu’il faut garder espoir”. “J’ai accepté cette mission parce qu’elle m’a été confiée par Nicolas Bourriaud.”
“Réconcilier l’école avec son époque”
Quant à Gérard Fromanger, interviewé sur Médiapart, il souligne « l’influence, l’importance, la modernité rare exercée depuis des années, dans différents postes de haute responsabilité, de la pensée et de l’action de Nicolas Bourriaud » et interpelle directement Fleur Pellerin : « Je vous prie, Madame la Ministre, avec toute ma conviction et toute ma confiance dans votre intelligence de la situation, de tout faire pour le garder à son poste et l’encourager à poursuivre un travail de fond ».
Du côté du principal intéressé, on cherche surtout à faire valoir un bilan. “J’ai cherché à réconcilier l’école avec son milieu et son époque”, a résumé Nicolas Bourriaud dans son discours introduit par un clairon mimant les cérémonies royales face à une assemblée nombreuse munie, sur une idée de l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster qui souhaitait ainsi dénoncer le fait du prince, de couronnes en papier.
Rappelant par le menu les nombreuses actions engagées depuis son arrivée à la tête de l’ENSBA en 2012, il a répondu point par point à la feuille de route fixée par la ministre à l’intention de la prochaine direction. Regrettant “ce coup d’arrêt à une dynamique réelle », il a ainsi énuméré les nombreuses actions entreprises en faveur d’un suivi à 5 ans des étudiants de l’école ; les partenariats établis avec des écoles et universités du monde entier (de Bruxelles à Pékin) et le projet d’une classe prépa au sein de la Tour Utrillo (projet de Villa Médicis hors les murs, un temps arrêté et qui semble aujourd’hui à nouveau dans les tuyaux).
Nicolas Bourriaud a également évoqué l’arrivée de professeurs de renom dont Ann Veronica Janssens et Dominique Gonzalez-Foerster, annoncée pour la rentrée, ainsi que le recrutement du “premier professeur d’origine africaine de l’histoire des beaux-arts de Paris”, Pascale Marthine Tayou. Il a enfin rappelé qu’ »une école d’art ne s’évalue pas en termes quantifiables » et qu’ »aucun projet volontariste ne se traduit en statistiques » avant d’appeler « au-delà de (son) cas personnel) à poursuivre le combat pour qu’on ne puisse plus traiter les institutions culturelles avec autant de désinvolture ».
Auteur de trois affiches de combat inspirées par l’atelier populaire qui se tenait à l’école pendant Mai 68, le duo de graphistes M/M estime que l’affaire Bourriaud est “un signe supplémentaire de la terrifiante défaite de la gauche sur la culture”, regrettant au passage que “le seul sujet dont parle Fleur Pellerin, ce sont les Guignols”.
“On peut revenir en arrière, concluent-ils, on peut admettre s’être trompé, et ce n’est pas grave. Et la personne qui devait être nommée là pourrait aussi se retirer du jeu car maintenant ce sera compliqué de prendre la succession. Qui que ce soit, il sera le clown de l’histoire”.
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