Fin de crise pour l’institution grenobloise.
Béatrice Josse prend la direction du Magasin de Grenoble. Tel est le dénouement de la crise qu’a connue le Centre d’Art Contemporain au cours de ces derniers mois. Il était temps. L’institution, qui compte parmi les plus pointues et les plus innovantes pour l’art contemporain, fêtera ses 30 ans le mois prochain.
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L’affaire douloureuse du Magasin avait notamment débuté avec diverses accusations de harcèlement (tant du côté du directeur que des employés de l’institution), suivies d’une grève des salariés, épisodes relatés dans notre article du 23 septembre 2015. Le directeur, Yves Aupetitallot, depuis licencié, signalait l’ingérence de son conseil d’administration présidé par Anne-Marie Charbonneaux. Une pétition avait, par ailleurs, circulé pour défendre l’autonomie de l’École du Magasin, autre victime collatérale s’ajoutant aux artistes et aux salariés (voir à ce sujet notre article du 9 octobre dernier).
Soutenu par de nombreuses personnalités de l’art contemporain françaises et étrangères (dont les artistes Christian Boltanski, Maurizio Cattelan ou Dominique Gonzalez Foerster, et les commissaires internationaux Germano Celant, Nicolas Bourriaud ou Hans Ulrich Obrist) qui ont souligné son engagement fort auprès des artistes et sa contribution à la recherche artistique, il est actuellement engagé dans une procédure judiciaire.
C’est à l’unanimité que Béatrice Josse, commissaire d’exposition et conservatrice, a été choisie par le conseil d’administration pour reprendre les rênes du navire en dérive.
Après une formation en droit public et en histoire de l’art, Béatrice Josse devient directrice du FRAC Lorraine en 1993. À la tête d’un FRAC itinérant jusqu’à son installation à Metz en 2004, la directrice contourne la difficulté et s’investit dans la diffusion de l’art nomade. Les portes de la collection sont, dès lors, ouvertes à l’art dématérialisé et au spectacle vivant : la performance, la danse et le cinéma. Béatrice Josse acquiert des protocoles et réactive les œuvres lors d’expositions hors les murs. Pour elle, la construction de la collection d’une institution publique est d’ordre politique car elle touche aux affaires humaines. Aussi, entre 2000 et 2006, elle se consacre à l’achat exclusif d’œuvres d’artistes femmes : Meret Oppenheim, Su-Mei Tsé, Dora Garcia, Ann Veronica Janssens, Chantal Akerman, Marguerite Duras, Sigalit Landau, Teresa Margolles, etc. Radicale, la démarche permet de rétablir l’égalité des genres au sein de la collection à 95 % “masculine” à son arrivée. C’est à croire que la conservatrice a des pouvoirs de super héros pour rendre visible l’invisible.
Habituée aux déménagements et aux défis, Béatrice Josse est, sans nul doute, prête à relever la barre du Magasin et de son école. “Son travail pionnier”, pour reprendre le communiqué du ministère de la Culture et de la Communication, s’associera désormais à la vocation de cette institution à rester un lieu innovant de l’art contemporain.
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