On aura vu cet été à Avignon, du In ou Off, la danse se prendre au jeu de la performance. Tour d’horizon.
Le public qui entre dans le jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph prend docilement le prospectus que tend un employé modèle siglé Avignon Tourisme. Sauf que c’est bien le danseur Mathieu Desseigne-Ravel qui officie. Avant de gagner le plateau. Cet interprète hors pair vu chez Alain Platel se glisse alors dans la peau d’un performer hors pair aussi à l’aise dans l’exercice d’acrobate que dans une gestuelle épurée.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A ses côtés pour ce “Sujet à vif” de saison on retrouve Michel Schweizer dynamiteur en règle des codes du spectacle. Pendant 30 minutes les compères font de Bâtards un exposé savant et glaçant à la fois. Tandis que Schweizer conte l’origine du fil barbelé et ses différentes variantes Mathieu Desseigne-Ravel fait corps avec son sujet, rampant au sol, semblant décoller parfois. Un précis sur l’équilibre et son contraire. Saisissant.
Le Sud-Africain Boyzie Cekwana aura eu lui plus de mal à convaincre avec The Last King of Kakfontein concert dansé et parlé qui peine à retenir l’attention du spectateur. Forme éclatée rendue bancale par l’absence d’un musicien, cette critique des comportements des populistes ressemble plus à un atelier théâtral amateur qu’autre chose. On connaît le talent de Boyzie Cekwana et on préfère penser qu’il s’agit là d’une faiblesse passagère.
« Voilà ce qui arrive lorsque l’on prend des risques : on finit dans le Off! »
Du côté des retrouvailles il faut saluer celles avec Dave St-Pierre. Le Canadien qui avait passablement secoué le festival d’Avignon en 2009 avec Un peu de tendresse bordel de merde s’offre un solo dans un théâtre de poche – le tout en marge du In. Lorsque on pénètre dans la salle de bon matin, St-Pierre est déjà là dans les rangs habillé d’une housse plastique : nu, seulement vêtu de la fameuse perruque blonde – sa signature – il en fait des tonnes avec son accent et son humour.
« Voilà ce qui arrive lorsque l’on prend des risques : on finit dans le Off! ». Cette réplique est en passe de devenir culte et Néant joue devant des salles pleines. Au delà de son double farfelu, un peu danseur un peu râleur, Dave St-Pierre se livre dans une tentative d’autobiographie mélancolique. Avec peu d’artifices, des projections et des fumigènes, il emporte le morceau. Néant devrait tourner cet automne au festival Actoral de Marseille puis au Tarmac à Paris. Preuve qu’il y a une vie après le festival officiel.
De tous ces danseurs à la limite de la performance on s’en voudrait d’oublier le plus grand Israel Galvan. On a déjà écrit ici tout le bien que l’on pense de sa création La Fiesta : force est de constater que dans la Cour d’honneur ce ballet de sons et de lumières a trouvé une autre dimension. Galvan est actuellement l’un des artistes les plus libres dans son art. Il divise autant qu’il fascine. Mais par sa présence il a rendu nos nuits d’Avignon plus belles que nos jours.
Festival d’Avignon jusqu’au 26 juillet
Néant conception Dave St-Pierre Théâtre de l’Oulle Avignon jusqu’au 26 juillet
Revoir La Fiesta conception Israel Galvan sur Arte Tv
{"type":"Banniere-Basse"}