Avec « D’après une histoire vraie », le chorégraphe assume son désir de mouvements.
On avait rencontré Christian Rizzo quelques semaines avant Avignon : il était à la fois tendu – un danseur blessé à remplacer, des répétitions à foison – et apaisé par ce projet à mener à bien. Ce soir de juillet, au Gymnase Aubanel, après une nouvelle représentation couronnée de succès, on a compris le paradoxe Rizzo. Celui d’un homme souvent hors cadre dans le milieu danse, et l’échec de sa nomination au CCN Roubaix va dans ce sens, et tout à la fois héros discret de cette histoire contemporaine qui s’écrit depuis ce tournant du siècle. Il y a des pièces de Christian Rizzo que l’on a oubliées et d’autres qui nous accompagnent comme ce « ni fleurs, ni ford mustang » ou Autant vouloir le bleu… D’après une histoire vraie ne nous quitte pas depuis deux jours, c’est bon signe.
Ce spectacle repose sur les traces d’un souvenir, celui né de la vision de danseurs traditionnels durant un spectacle dans un festival à Istanbul. Rizzo a gardé cela en mémoire jusqu’au jour où il a trouvé la force d’en découdre. Sur un plateau vite dépouillé, comme une esquisse des Rizzo d’avant, une communauté d’hommes très bruns et pour certains très barbus se réunit pour un rituel ancestral et moderne à la fois. Au son de deux batteries, rythme furieux comme une délivrance, ils vont imaginer un parcours de danse puisant dans ces folklores du bassin méditerranéen. Soit une guirlande de gestes et de caresses, des sauts et des duos d’une force peu commune. Christian Rizzo semble retrouver cet instinct de chorégraphe dans les rondes répétées, les cercles brisés. La progression finira dans un cri, lâché comme un assaut final. D’après une histoire vraie est tout à la fois une mécanique de précision et un ouvrage ciselé et sensible. Non pas qu’il y ait des tentatives de rapprochements entre les solistes – quoique – mais on sent le plaisir d’être simplement ensemble. La danse, c’est aussi ce partage du vivant.
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Philippe Noisette
Festival d’Avignon Gymnase Aubanel jusqu’au 15 juillet à 18h,
puis en tournée 30/11 Phénix Valenciennes , 14/01 La Filature Mulhouse, 11 et 12/2 CDC Toulouse, 14/2 l’Apostrophe Cergy-Pontoise, 22/3 Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, 9 au 11/4 Théâtre de la Ville Paris, 11 et 12/6 Opéra de Lille
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