Riche et concentré, Refuse the Hour du Sud-Africain William Kentridge est un joyau baroque de théâtre musical multipliant avec art les allégories.
Des métronomes géants réglés sur des rythmes différents. Les pages d’un livre qui se tournent de droite à gauche tandis qu’en superposition un homme court en sens inverse. Des mots qui se réduisent en cendres… Dans Refuse the Hour, William Kentridge multiplie les allégories comme autant de tentatives de représenter les temps sous ses aspects les plus divers. Le temps comme accumulation, mais aussi comme fractionnement. Le temps comme valeur absolue mais aussi relative. Le temps comme destruction, mouvement irréversible – qu’il s’amuse au passage à contredire en passant des films à l’envers produisant ce qu’il considère comme une parfaite utopie.
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Associant musique, chant, danse, images filmées et dessins d’animation, le tout s’articulant plus ou moins autour d’un narrateur-conférencier, Refuse the Hour relève du théâtre musical dans un esprit qui évoque parfois le tandem Robert Wilson-Philip Glass, mais aussi Peter Greenaway – pour son agencement ludique et sa division en chapitres –, sans oublier les citations de Méliès. Née de conversations avec le physicien Peter Galison, cette œuvre se propose comme une machinerie bien rôdée aux rouages suffisamment étranges pour intégrer dans sa mécanique une dose d’entropie. Le temps renvoie au cosmos aussi bien qu’à ce qu’il y a de plus intime en nous. Nous ne partageons pas la même temporalité et Kentridge souligne bien comment l’hégémonie du temps européen s’est imposée avec la colonisation au reste du monde ; d’où ce « Give Us Back Our Sun » des Sud Africains revendiquant à juste titre le droit de vivre selon un temps adapté à leur propre culture.
Refuse the Hour, conception et livret de William Kentridge, musique Philip Miller, chorégraphie Dada Masilo, vidéo Catherine Meyburg.
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