Ni drôle, ni jeune, ni témoignage d’une vraie révolte, les élucubrations obscènes du Chilien Marco Layera cachent mal une perversité politique totalement contre-productive.
Certains verront dans La Imaginacion del futuro (L’Imagination de l’avenir), la pièce du metteur en scène chilien Marco Layera, l’expression cauchemardesque de l’immense désarroi de la jeunesse chilienne. Les mêmes ne manqueront pas de rappeler que l’on peut rire de tout… Y compris d’une farce douteuse tournant en dérision la figure du Président Allende qui préféra se donner la mort dans son palais encerclé plutôt que de se rendre à des nervis fascistes agissant sous les ordres de Pinochet.
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Non merci… Tout ça ne nous a pas fait rire. Et l’on en est sorti atterré tant l’entreprise de désinformation, en avançant derrière le masque de la jeunesse, manipule le public et prétend faussement à l’insolence. De fait, il s’agit de l’habituelle stratégie révisionniste qui retourne l’Histoire comme une chaussette, préfère accuser la victime pour préserver l’immunité du bourreau.
L’humour potache a bon dos, il devient carrément sinistre quand il est mis au service d’une hystérique bêtise, s’amusant à faire des années de l’Unité Populaire sous la gouvernance de Salvador Allende, « le caprice d’un Président bourgeois » qui porterait, selon Marco Layera, la responsabilité des dix-sept années de dictature qui ont suivi son suicide.
Piétiner les héros de l’Histoire de son pays, ridiculiser la notion de solidarité et celle des Droits de l’homme ne suffit pas au contentement du metteur en scène… Le voici qui élargit son propos à des personnages politiques contemporains, accusant le pape François de pédophilie, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou « d’avoir une petite bite » et, dans un accès de compassion feinte pour le débat politique français, il y va de son couplet incestueux et scatologique sur Marine Le Pen et son père… qui ne lui ont rien fait. Un prétexte pour dévider un chapelet d’obscénités, un soutien dont on se serait bien passé. Car c’est à se demander s’il n’atteint pas son vrai but quand c’est de Marine Le Pen qu’on se sent tout à coup solidaire.
Rien à sauver dans ce jeu de massacre, où la gratuite dangerosité des gesticulations n’a d’autre but que de nous faire prendre des vessies pour des lanternes et prétendre au final que c’est ainsi que la jeunesse pense. A éviter de toute urgence.
Patrick Sourd
La Imaginacion del futuro (L’Imagination de l’avenir), mise en scène Marco Layera. Au festival d’Avignon, Cloître des Carmes, jusqu’au 25 juillet. En espagnol surtitré en français.
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