Inoubliable en Nora d’Ibsen chez Thomas Ostermeier, Anne Tismer alterne depuis performances en solo et expériences théâtrales comme ce Non-Tutta qu’elle cosigne avec l’italienne Silvia Albarella.
On l’annonce en avril à Berlin, en mai à Lomé et en juin à Taipei, difficile de suivre la trace d’Anne Tismer. Il pourrait d’ailleurs s’agir d’une deuxième nature pour celle qui, dès l’enfance, déménageait déjà tous les deux ans au fil des affectations de son père, cadre chez Unilever. Née en France à Versailles en 1963, la voilà qui parcours toute l’Europe durant sa jeunesse de l’Espagne aux Pays-Bas avant de découvrir le théâtre à Wien en Autriche en s’inscrivant à des cours d’art dramatique. Collectionnant les nationalités, elle est Française de naissance, Allemande par ses parents et Suisse d’un premier mariage. Ayant établi son camp de base à Berlin, côté Est dans Kreutzberg, celle qui n’est nulle part chez-elle adore « ce quartier très mélangé où personne ne se sent vraiment comme un étranger. »
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Avoir été partout dès l’enfance et jamais longtemps au même endroit peut isoler une personnalité à l’intérieur de soi, « Je souffre du syndrome d’Asperger, une forme légère d’autisme qui m’a mis longtemps à l’écart des autres durant l’enfance. » Avec sa complice, Silvia Albarella, une Italienne ayant aussi trouvé un point de chute à Berlin, Anne Tismer présente au festival une performance sur la figure de « l’Histrion », cet humoriste bonimenteur qui aime faire le clown et raconter des histoires. Version psy, « L’histrionique veut qu’on le remarque, à tout prix, il doit attirer l’attention », précise l’artiste, une nouvelle opportunité pour Anne Tismer de sortir de sa réserve en exaltant une part de lumière qui n’existe chez-elle qu’en lien à l’ombre. Avec son titre Non-Tutta, l’entreprise fait référence à Jacques Lacan pour qui « Pas-Toute » signifie une personne « incomplète » et qu’il s’agit d’un manque ne pouvant être comblé. « La personne souffrant d’un trouble histrionique essaie toujours de combler ce manque à travers plusieurs personnalités, précise Anne Tismer. Elle supporte très difficilement le vide intérieur inhérent à tout être humain. » Ainsi l’art de la performance prend des allures de parcours intime. Parenthèse dans une vie où elle ne cesse d’aller de l’avant, ce spectacle donne à Anne Tismer l’occasion de se poser, de se livrer à l’introspection… Une écoute de soi qui est aussi une offrande faite aux spectateurs.
Non-Tutta, texte et objets Anne Tismer, conception et accessoires Silvia Albarella. Chapelle des Pénitents Blancs, le 18 juillet à 15h, les 19 et 20 juillet à 15h et 19h.
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