Au sein de sa compagnie Vertical Détour, l’auteur, acteur et metteur en scène Frédéric Ferrer développe des projets scéniques atypiques, au croisement de l’expression artistique et de la recherche scientifique. Après Les chroniques du réchauffement et Atlas de l’anthropocène, deux cycles centrés sur les bouleversements actuels du monde, il s’attaque aux Jeux Olympiques avec Olympicorama. Présenté à la Villette de mai 2019 à juin 2024, ce nouveau projet hors normes propose une célébration (très) décalée des Jeux via une série de rendez-vous, à raison de quatre par an, chacun étant centré sur une épreuve olympique. Top départ le 20 mai 2019 avec le 400 mètres.
Que représente à vos yeux l’idée de célébration ?
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Frédéric Ferrer – J’ai déjà eu l’occasion d’effectuer une célébration pour les 20 ans des Sujets à vif au Festival d’Avignon en 2017. Selon moi, c’est l’occasion idéale pour regarder le chemin parcouru et voir l’endroit où l’on se trouve. Une célébration ou un anniversaire permet d’établir un état des lieux, de s’interroger à la fois sur l’origine et le devenir.
Quels enjeux soulève cette mise en jeu des jeux ?
D’abord, il s’agit d’une entreprise totalement impossible – ce qui la rend attirante. Même si Olympicorama se déploie sur un temps long, jusqu’en 2024, il n’est pas concevable d’aborder toutes les épreuves des Jeux Olympiques dans le cadre du projet. Il y avait 306 épreuves aux derniers Jeux Olympiques d’été (à Rio en 2016), et je vais en traiter seulement 4 par an – soit 24 au total d’ici 2024. Pour être tout à fait précis, cela ne représente que 7,84 % des épreuves d’été. En outre, chaque épreuve a une histoire très riche et ouvre plusieurs pistes possibles de questionnements à explorer. Par conséquent, la tentative d’exhaustivité qui sera la mienne est d’emblée vouée à l’échec. Cela me désespère et me plaît beaucoup tout à la fois. Je me contenterai d’éclairer différentes questions – essentielles ou pas du tout essentielles – qui se posent à travers telle ou telle épreuve olympique et qui mettent en jeu le passé comme le présent, le singulier comme l’universel.
Chaque rendez-vous proposé va durer environ 1h30 et se dérouler en deux temps : en première partie, une conférence/performance, et en seconde partie, une rencontre avec un(e) invité(e) surprise
Oui, l’idée consiste à offrir d’abord un point de vue aussi subjectif que décalé, voire absurde, sur une épreuve olympique par le biais d’une conférence qui tente de la définir et d’en dégager des problématiques. Durant cette première partie, je suis seul en scène, dans un dispositif classique de conférence avec un ordinateur, une table, un écran, un Powerpoint et un discours qui dérive peu à peu. Dans la seconde partie, s’instaure un dialogue avec un.e invité.e, a priori un.e athlète qui s’est illustré.e dans cette épreuve, éventuellement accompagnée par la personne qui est – ou était – en charge de son entraînement. Cette structure en deux parties permet de basculer d’une forme théâtrale à un temps d’échange avec la salle, qui donne au public l’occasion d’entendre un.e athlète témoigner de son histoire personnelle avec les Jeux Olympiques.
Vous-même, quelle relation entretenez-vous avec les Jeux Olympiques en tant que spectateur ?
Comme beaucoup de gens, je les regarde à la télévision. Je ne me suis jamais déplacé pour y assister mais je serai là en 2024 (sourire). S’agissant du sport en général, je me considère vraiment comme un simple amateur. Dans le cadre de ce projet, j’essaie même de me faire le plus ignorant ou candide possible en appréhendant les Jeux Olympiques comme si je n’en savais rien du tout – ce qui m’oblige à me poser des questions simples et à définir au mieux le sujet.
Projet de longue haleine, Olympicorama s’apparente à une véritable course de fond, voire un marathon. Comment l’abordez-vous ? Adoptez-vous une méthode de travail particulière ?
Je l’aborde comme un coureur de fond qui aurait envie de sprinter et de sauter en permanence (sourire). Je n’applique pas une méthode bien déterminée. Chaque épreuve implique une approche spécifique. De plus, comme il s’inscrit dans une longue durée, le projet va forcément évoluer, se reconfigurer au fur et à mesure. Tout ne va pas être fixé pour cinq ans avec le premier rendez-vous. Il s’agit de formes légères et éphémères, qui seront présentées une seule fois. Par conséquent, elles doivent rester libres et ouvertes au maximum.
Propos recueillis par Jérôme Provençal
Epreuve 1 : le 400m – 20 mai 2019
Epreuve 2 : le lancer du disque – 17 juin 2019
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