Nous invitant à renouer avec les frayeurs de l’enfance, Joël Pommerat propose son Petit Chaperon rouge. Cette drôle de balade au pays des ombres prend la forme d’un superbe jeu de cache-cache.
Revisiter un conte populaire, c’est raconter une histoire que tout le monde connaît déjà. Evitant soigneusement la remise sur le métier des images trop connues, l’auteur-metteur en scène trace sa route, en ciblant les petites angoisses d’un quotidien baigné par les clapotis de l’inconscient fiévreux qui affleure à chaque étape dans la fable. Ici, le noir envahit tout pour témoigner de la volonté d’un retour à une sombre virginité digne de celle de la page blanche.
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L’humour pince-sans-rire d’un narrateur en costume-cravate joue les garde-fous pour celui qui officie dans la posture du guide. L’homme qui rassure se tient sur le seuil d’un décor réduit à deux chaises posées sur un simple plan incliné. Jeter un regard sur la distribution permet pourtant de comprendre qu’il y a anguille sous roche, en se rendant compte que Joël Pommerat confie les rôles de la petite-fille et de la grand-mère à une actrice, tandis qu’une autre incarne la mère et le loup.
Comme à son habitude, Pommerat ne laisse rien au hasard
A la manière d’un piège tendu à nos émotions, chaque rouage du spectacle résulte d’une précieuse horlogerie. Signée par Grégoire et François Leymarie, l’expressive bande-son, qui accompagne la représentation, s’orne des éclats lyriques de la voix de Roberta Alexander, sur des textes de James Agee – le scénariste de La Nuit du chasseur de Charles Laughton (1955) – mis en musique par Samuel Barber dans Sure on This Shining Night.
Comme à son habitude, Pommerat ne laisse rien au hasard, et ce Petit Chaperon rouge, qu’il a écrit pour sa fille, est une manière poétique de questionner les mystères de l’enfantement. Dans ses troubles reflets, la grande puissance de ce bijoux scénique est d’être capable de ravir tous les publics.
Le Petit Chaperon rouge texte et mise en scène de Joël Pommerat d’après le conte de Charles Perrault, avec Isabelle Rivoal, en alternance Ludovic Molière et Rodolphe Martin, Valérie Vinci et Murielle Martinelli, jusqu’au 20 mai au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Xe, à partir de 6 ans. En tournée : du 17 au 19 octobre à Marseille, du 8 au 13 décembre à Figeac…
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