Avec « Qaddish », Qudus Onikeku ouvre la programmation danse du festival. On y était.
Qudus Onikeku est ce danseur incroyable de présence vu ici (dans Le Sacre d’Heddy Maalem) ou là (à Avignon en 2011 avec STILL/life, cosigné avec Damien Jalet). D’une certaine façon, le gamin de Lagos – où il a commencé dans la rue, acrobate qu’on imagine fervent – boucle la boucle de cette trilogie « De la solitude, la tragédie et la mémoire ».
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Pour ce Qaddish – qui renvoie au Kaddish, la prière pour les morts dans la tradition juive – Qudus Onikeku se veut un voyage dans la mémoire de son père vieux de 80 ans « pour analyser les relations entre le souvenir et l’oubli ». Sur scène, devant une toile incurvée, il déploie sa gestuelle, corps ramassé, mouvements amples. Travail des bras ou au sol, genoux pliés ou jambes tendus, il se raconte aussi. Une voix parlé, celle d’Emil Abossolo-Mbo qui a écrit le texte, et une autre chante, la soprano Valentina Coladonato, sont comme des contre-points à la danse. Pas toujours pour le meilleur. On retiendra surtout de ce solo accompagné, l’engagement de Qudus Onikeku, la chorégraphie qui se déploie comme un conte pour adulte avec ses tours et détours. Il est question ici de la filiation bien sûr mais tout autant de la transmission des savoirs et des regrets.
Oinikeku n’est jamais aussi bon que lorsque il met son corps en jeu. Dans la bataille pour ainsi dire. Qaddish va, on l’espère, gagner en fluidité avec le temps. Mais on y a vu, c’est certain, l’un des meilleurs danseurs d’Avignon. Et si son père n’est pas là, sa présence bienveillante irradie ce Qaddish pour les vivants.
Philippe Noisette
Qaddish, conception Qudus Onikeku, salle Benoît XII Avignon jusqu’au 13 juillet puis en tournée à Créteil, Arras, Saint-Quentin-en-Yvelines, Grasse, Aix en Provence