Pour sa sixième édition, le festival Mirages, dédié aux arts numériques, s’est tenu aux Subsistances à Lyon. Pendant quatre jours, artistes, ingénieurs et conférenciers y exploraient les liens entre art et technologie. Et offraient aux festivaliers une immersion dans d’autres réalités.Pour sa sixième édition, le Mirage Festival, dédié aux arts numériques, s’est tenu aux Subsistances à Lyon. Pendant quatre jours, artistes, ingénieurs et conférenciers y exploraient les liens entre art et technologie. Et offraient aux festivaliers une immersion dans d’autres réalités.
A quoi ressemble le monde à hauteur de grenouille, de chouette ou de libellule ? L’installation en réalité virtuelle (VR) In the Eyes of the Animal propose, comme son nom l’indique, des éléments de réponse. Présenté par le studio Marshmallow Laser Feast, lors du Mirage Festival qui s’est tenu à Lyon du 5 au 8 avril, le dispositif permet à son utilisateur de faire l’expérience des perceptions animales. Un point de vue inédit sur la nature, permis par la technologie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Aujourd’hui, premier jour d’ouverture du Mirage Creative+ !
Tout un nouveau programme à découvrir ici → https://t.co/T5XdsViIEE
???? Marion Bornaz pic.twitter.com/pdAyI5wPHr— Mirage Festival (@MirageFest) 6 avril 2018
Explorer les liens entre création et outils numériques, c’est tout le propos du Mirage Festival, rencontre annuelle autour de l’art 3.0. Pour sa sixième édition, l’évènement a investi comme à son habitude les locaux des Subsistances, à Lyon. Dans cet ancien stock militaire devenu en 1998 un laboratoire international de création et d’innovation artistique, le festival dédie quatre jours aux arts numériques et à ses expérimentations. Sur le thème « Expérience des Réalités », l’édition 2018 invitait cette année le visiteur à décentrer son point de vue, pour s’ouvrir à d’autres perceptions. Voire à d’autres dimensions.
S’immerger dans d’autres réalités
Sculptures en réalité augmentée, casques de réalité virtuelle ou encore musiques mixées par une intelligence artificielle faisaient partie des réalisations présentées par les artistes et étudiants. Toutes les pratiques artistiques (sculpture, vidéo, danse, musique) sont représentées, ainsi que des disciplines plus scientifiques : ingénierie, informatique ou encore mathématiques. Une variété inscrite dans l’ADN du festival selon l’un de ses fondateurs, Jean-Emmanuel Rosnet :
» C’était une volonté dès le départ de proposer un panel varié de profils, qui va de l’artiste plasticien à l’ingénieur informatique. C’est cette transdisciplinarité qui permet des rencontres et nourrit la création. «
Ainsi, le festival collabore avec l’école d’ingénieurs de Lausanne, l’une des rares à s’être dotée d’un « Art Lab ». Certains artistes exposés ont aussi pu réaliser des résidences au Centre de recherche sur le nucléaire (Cern) en Suisse, ou dans des laboratoires de robotique.
Autre caractéristique des œuvres présentées : elles sont immersives. « Quand on parle d’expérience ‘immersive’ la plupart des gens pensent d’abord à des casques de réalité virtuelle, qui sont de plus en plus répandus. Cette année notre programmation comprend bien un versant de VR, mais aussi toute une variété de dispositifs. On veut montrer au public que l’on peut provoquer l’immersion sans casque », explique encore Jean-Emmanuel Rosnet.
Technologie sensible
Du côté des exposants aussi la variété est de mises. Artistes et collectifs sont venus de Suisse, d’Allemagne, des Pays-Bas ou encore du Canada. Le festival propose aussi, aux côtés de l’exposition, des tables rondes, talk-shows et masterclass impliquant des professionnels du secteur. Le soir, une programmation musicale de style clubbing est animée par différents artistes, comme la DJ Nadah El Shazly, très remarquée le premier soir.
Le parcours d’exposition comporte en tout une dizaine d’installations qui tentent, chacune à leur manière, d’incarner l’immatériel, de rendre sensible l’impalpable. Chez le jeune vidéaste Arnaud Laffond, l’exploration des possibles techniques permis par la réalité augmentée est l’occasion d’une réflexion sur le visible et l’invisible. Mêlant la pierre, le gravier et des dispositifs numériques élaborés permettant la projection d’images 3D, où la technologie prend des nuances animistes.
Du côté du collectif allemand Onformative, c’est la puissance de calcul d’un algorithme informatique que l’on tente d’incarner. Sous la forme d’un panneau mobile aux multiples cases noires ou blanches, la machine algorithmique True/False propose différents tableaux, calculés en temps réel par un ordinateur. Cette « sculpture cinétique », en perpétuel mouvement donc, rend ainsi visible, et audible en raison du petit claquement caractéristique que produisent les pièces de plastique, la puissance de calcul habituellement invisible de l’algorithme mathématique.
Création numérique au féminin
Fait rare dans le domaine des nouvelles technologies et de l’innovation numérique, la moitié des artistes mis en avant cette année étaient des femmes. Une parité involontaire selon les organisateurs, que d’aucuns expliquent par l’aspect trans-displinaire du festival, qui sollicitent des corps de métiers aussi variées que graphistes, designers, scénographes… Spécialités dans lesquelles les femmes seraient davantage présentes que dans les nouvelles technologies. En l’absence de preuve étayant une telle corrélation, on se contentera de souligner la variété des contributions féminines au festival, jouant pour la plupart sur la question du sensible.
La plasticienne Marie Lelouche présentait, ainsi, Blind Sculpture, réalisée à partir du scan et de l’impression 3D de fragments architecturaux glanés au cours de ses promenades. Dans sa forme actuelle, la structure se présente sous la forme d’un bloc de polystyrène taillé, sur lequel viennent s’agencer numériquement d’autres pièces, elles virtuelles, visibles à travers l’écran d’une tablette numérique, proposant une expérience tant tactile que visuelle et auditive. Autre sens travaillé par les artistes, plus inhabituel : le goût. Jessica Friedling et Margaux Charvolin proposaient ainsi une machine à cocktail interactive, permettant à l’utilisateur de doser sa boisson en réussissant sur smartphone un petit jeu de casse-tête.
Variété des formats, des œuvres, des publics (en majorité des professionnels ou aspirants le jeudi et le vendredi, plus grand public le week-end), le festival se veut une expérience totale, tant sensorielle qu’intellectuelle, qui séduit le spectateur, même novice. Tout en jouant son rôle de tremplin créatif et technologique pour les participants. Une position que résume parfaitement son fondateur :
» Notre but est de proposer la rencontre, entre le public et les oeuvres, mais aussi entre les créateurs eux-mêmes et les ingénieurs, les techniciens, les entreprises de la tech… «
Les créations de demain verront le jour en fonction des futures techniques qui émergeront. Charge aux artistes de s’en saisir. Un petit passage par Lyon atteste que c’est déjà largement le cas…
Pour plus d’informations : https://www.miragefestival.com
{"type":"Banniere-Basse"}