Avec “Archive”, le chorégraphe israélien Arkadi Zaides interroge la réalité des Territoires occupés et jette son corps dans la bataille.
Archive aura été un des (rares) chocs du dernier Festival d’Avignon. Un solo tendu et politique qui saisit l’horreur quotidienne dans les Territoires occupés. Il y a la force des images tournées par des Palestiniens auxquels l’association israélienne B’Tselem a donné des caméras. Et celle du corps, celui d’Arkadi Zaides, qui enregistre les soubresauts de cette violence.
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Arkadi Zaides, originaire de Biélorussie, est arrivé en Israël en 1990. Il s’est formé à la danse auprès d’Ohad Naharin, le chorégraphe de la Batsheva Dance Company, avant de voler de ses propres ailes. Land-Research ou Quiet ont révélé un talent brut. Archive va plus loin dans l’engagement.
“J’ai découvert des images mises en ligne par B’Tselem. Notamment celles de ce garçon qui frappe à la porte et que l’on retrouve dans la pièce. Leur physicalité m’a tout de suite frappé. J’ai cherché ensuite des informations sur cette organisation. Depuis cinq ans, mon travail se concentre sur l’aspect politique. C’était dans cette continuité.”
Arkadi Zaides se voit donner accès à des heures d’images filmées. Lui qui avait utilisé la photographie auparavant trouve là le moyen de faire résonner son art au-delà du théâtre. “Que voit-on ? Peut-on prendre le temps de regarder autrement ? Tout spécialement lorsqu’il s’agit d’images de conflit. Nous sommes ‘nourris’ chaque jour de centaines d’heures de ce genre mais qu’en gardons-nous ?”
Dans Archive, on ne voit pas de Palestiniens – ils sont derrière la caméra – mais des colons, des militaires israéliens. “Dans leurs déplacements, il y a toute une chorégraphie. J’en ai en quelque sorte recréé le lexique à travers mon corps. Idem pour les mouvements de l’objectif.”
En Israël, où Archive a été donné, les réactions ont été partagées. Certains spectateurs, informés, ont reçu le tout avec intérêt. “Mais les médias dans mon pays ont tendance à éviter certains sujets. Et puis, il y a eu des retours plus violents. On a voulu interdire le spectacle, me supprimer mes financements.” La communauté artistique s’est manifestée pour soutenir Arkadi Zaides. Même si, à ses yeux, elle n’est pas assez dans l’action.
Depuis 2008, il est impossible à un Israélien de se produire en Palestine. Au moment de la venue du chorégraphe en France, en juillet, l’armée israélienne lançait l’opération Bordure protectrice et isolait un peu plus la bande de Gaza. Arkadi Zaides dit, presque dans un souffle, qu’il ne sait pas de quoi le futur sera fait. En attendant, Archive se vit au présent.
Archive conception Arkadi Zaides, du 22 au 30 janvier au Théâtre national de Chaillot, Paris XVIe, tél. 01 53 65 30 00, theatre-chaillot.fr, le 3 février à Angers, les 5 et 6 à Toulouse et aussi Capture Practice, du 2 au 6 février à Toulouse
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