Une place importante laissée à l’écriture mène la metteure en scène sur le terrain du polar écopolitique.
C’est en 2016, avec son spectacle Tristesse(s), que l’on a découvert l’univers des décors hyperréalistes d’Anne-Cécile Vandalem, où théâtre et cinéma se relaient au service d’une intrigue de polar et mêlant la politique. Huis clos aux allures d’enquête policière se déroulant sur une petite île danoise, la pièce ciblait une population de déshérités pour dénoncer une montée du populisme qui n’épargne aucun territoire en Europe.
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A 39 ans, Anne-Cécile Vandalem ne fait pas mystère d’une vocation qui remonte à sa jeunesse. “Tout a commencé alors que j’étais encore une enfant. Ma grand-mère avait pour habitude de me raconter des histoires. Très vite, je me suis mise à en inventer aussi. Je les enregistrais sur des cassettes, j’adorais fabriquer des petits feuilletons. Ça n’a jamais cessé depuis.”
De cet âge tendre où tout paraît possible, elle date aussi sa propension à inscrire ses spectacles dans des scénographies qui en imposent. “On allait à la messe tous les dimanches. J’étais fascinée par la beauté de ces espaces autant que par le rituel immuable du cérémonial qui s’y répétait à longueur d’année. Je ne suis pas croyante, mais cela a beaucoup compté dans mon désir de m’ouvrir aux arts.”
Une nasse de suspense qui démarre par un crime
Cette passion naissante pour le dessin, la danse et le théâtre la mène logiquement au Conservatoire royal de Liège. Ayant touché à tous les arts, Anne-Cécile Vandalem porte un regard d’ensemble sur chaque étape de ses créations.
“Tout part de l’écriture. Mais je compare mes pièces à des objets que je dois pouvoir regarder sous tous les angles. L’idée d’un sujet peut m’évoquer une chanson qui me permet d’imaginer un lieu où va se dérouler l’action. Chaque élément en appelle un autre, ça fonctionne comme une comptine d’où je tire le fil du récit qui me guide.”
Si les préoccupations d’Anne-Cécile Vandalem sont souvent politiques, son grand amour pour la littérature policière l’amène à intriquer ces dénonciations dans une nasse de suspense qui démarre par un crime. Avec Arctique qu’elle présente aujourd’hui, c’est vers le Groenland, et les questions liées au réchauffement climatique en lien avec l’ouverture du mythique passage du Nord-Ouest au trafic maritime, que son histoire nous mène.
Cette fois-ci, le huis clos prendra les allures d’un thriller réunissant ses personnages sur un navire en panne cerné par les glaces. “Je pars toujours du réel. J’ai enquêté sur les nouvelles ambitions du Groenland, qui pourra bientôt espérer l’autonomie politique en misant sur une exploitation de ses richesses rendue possible par le réchauffement climatique. L’histoire que j’imagine se déroule en 2025, il s’agit évidemment d’une dystopie, mais comme il est question de tirer le signal d’alarme, ma fiction envisage le pire en espérant qu’il ne se réalisera pas.” Une nouvelle occasion pour Anne-Cécile Vandalem de chevaucher ses rêves d’enfance en leur donnant un format XXL.
Arctique Texte et mise en scène Anne-Cécile Vandalem, du 18 au 24 juillet (relâche le 21), en français surtitré, Festival d’Avignon
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