Après Rodrigo García au Centre dramatique, nouveau coup de théâtre à Montpellier, Christian Rizzo prend la direction du Centre chorégraphique national de Montpellier. Joie !
On se souvient de cette rencontre au printemps 2013 avec Christian Rizzo. A quelques semaines de la première de sa pièce D’après une histoire vraie, il nous avait paru à la fois serein et instable. « Le réel pour moi est le ‘starter’, surtout pas la finalité. Après, quel est le réel qu’on observe ? Là, en ce moment, ce serait celui des répétitions,! Je pars du réel et du désir en espérant que les deux vont se croiser. Même si je ne sais pas lequel des deux va gagner. »
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Christian Rizzo, à l’époque, était une sorte de nomade ayant quitté Paris pour Lille où il entama un compagnonnage de trois ans avec l’Opéra de Lille. « Je n’ai pas de lieu d’attache désormais. Et le réel m’est apparu différemment« , disait-il encore. Après l’échec de sa candidature à la direction du CCN de Roubaix, Christian Rizzo a douté : puis, rebondi avec splendeur. Ce sera donc D’après une histoire vraie, sa création la plus aboutie, qui succédait à Sakinan Göze çöp Batar, solo pour Kerem Gelebek, ou le bénéfice du doute, deux merveilles.
Cet automne, Rizzo le Toulousain passé par le rock et la pub, vient enfin de trouver un pied à terre. Ce sera le Centre chorégraphique national de Montpellier, un des plus prestigieux qui soit, qui, de Dominique Bagouet à Mathilde Monnier, raconte tout un pan de l’histoire de la nouvelle danse en France. Son voisin n’est autre que l’Agora de la danse et le Festival Montpellier Danse, dont le directeur Jean-Paul Montanari que l’on croyait en indélicatesse avec le nouveau maire Philippe Saurel, semble aujourd’hui confirmé dans ses fonctions.
Il y avait du beau monde pour accéder à la short list de ce poste : Emanuel Gat, qui a peut-être payé son indécision de départ, ou Philippe Decouflé qui s’essayait pour la première fois au trip CCN. Surtout, deux pointures ont tenu la corde : Boris Charmatz, qui restera en poste à Rennes pour le coup, et l’Israélien de Londres, Hofesh Shechter, favori de la région. Qui s’est retiré de la course.
Ce sera donc Rizzo et cela nous va très bien. Après l’intronisation du metteur en scène Rodrigo García au Centre dramatique, c’est un autre coup de théâtre. On ne sait si les deux hommes ont beaucoup en commun mais ils pourront au moins parler musique. Selon le communiqué du ministère, Christian Rizzo a séduit avec “son projet d’Institut chorégraphique international (ICI) qui allie création, transmission et formation. Conçu autour d’une ‘Académie expérimentale’ et d’un ‘Caravansérail’, ce projet met l’accent sur le rayonnement accru du CCN, en lien avec d’autres disciplines du champ de la création contemporaine, au plan régional et international, et sur l’accompagnement de jeunes artistes, le partage de l’outil et l’innovation, en imaginant un CCN 2.0, acteur du monde numérique.”
http://youtu.be/3FAxQl6UGk8
Enfin, avec Olivier Dubois à Roubaix et Rizzo en Languedoc, le paysage danse hexagonal s’offre un horizon plus dégagé après des nominations en demi-teinte (Joanne Leighton à Belfort, non renouvelée, ou tout dernièrement, Emio Greco à Marseille). Rizzo, du Ballet de l’Opéra de Lyon à la compagnie de L’Oiseau-Mouche, des installations performatives aux pièces de groupe, a réussi à ne pas (trop) se figer dans une seule écriture. Les titres improbables de ses spectacles seront sans doute un casse-tête pour la Ministre de la Culture, mais son talent est lui une évidence. D’après une histoire vraie part pour une seconde année de tournée. On ne s’en lasse pas. Il monte à l’Opéra de Lille Le Journal d’un disparu, opéra de Janacek ces jours-ci (12 au 16 novembre). Pour le reste, Christian Rizzo a la plus jolie barbe de la danse française.
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