Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme. Un premier film sur la charge mentale, un peu trop démonstratif.
“Le cinéma, comme la peinture, montre l’invisible”, dixit Jean-Luc Godard dans un entretien accordé à L’Express en 2001. C’est à un phénomène de société daté et quasi invisible, mais dont les racines sont aujourd’hui encore robustes, qu’est consacré Anna, un jour, qui, comme son titre le souligne, ambitionne, une plongée, façon 24 heures chrono, dans la vie tout aussi turbulente, quoique moins spectaculaire, d’une femme.
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Ses vingt-quatre heures en paraissent quarante-huit voire soixante-douze tant la journée d’Anna, épouse, employée, mère, semble toujours s’allonger. Mari infidèle, horaires capricieux, enfants malades et turbulents, ménage, école, cours de danse…
Du lever au coucher, la tête d’Anna est assaillie, alourdie par cette fameuse charge mentale, travail aveugle et domestique consistant à piloter sa vie de famille comme une véritable cheffe de chantier. On ne peut que souligner la force d’engagement de ce premier film, tout entier cramponné au quotidien si banal et pourtant si rude, et au corps robotisé de son héroïne.
Mais sans doute qu’à trop vouloir révéler l’invisible des choses, la cinéaste finit par trop montrer. Démonstration implacable des infimes mécanismes d’inégalité persistants entre femmes et hommes, Anna, un jour, à travers la journée type d’un personnage-emblème, recueille un lot de pièces à conviction sociologiques mais oublie de préserver l’intime d’une trajectoire, son ambiguïté, son trouble.
Anna, un jour de Zsófia Szilágyi, avec Zsófia Szamosi, Leo Füredi, Ambrus Barcza (Hong., 2018, 1h38)
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