A Versailles, “Dirty Corner”, la sculpture monumentale installée dans les jardins du château de Versailles et rebaptisée « le Vagin de la Reine », a été vandalisée mercredi matin par des jets de peinture jaune. Pour l’artiste, l’acte est avant tout le témoignage d’un « problème politique » et d’une « certaine intolérance » hexagonale.
Elle suscite la polémique depuis son installation. L’œuvre Dirty Corner, rebaptisée « le Vagin de la reine », la plus imposante sculpture de l’exposition du sculpteur britannique Anish Kapoor à Versailles, a été vandalisée. « Une dégradation de l’œuvre Dirty Corner a été constatée mercredi matin. Il s’agit de jets de peinture superficiels. L’œuvre est vient d’être nettoyée », apprenait-on dans une dépêche émise par la direction du domaine.
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Exposée depuis le 9 juin à Versailles, l’œuvre, installée sur le Tapis vert dans l’axe principal du parc, est constituée d’un long tunnel d’acier Corten d’aspect rouille s’ouvrant par une trompe qui fait face au château, dont la forme rappelle une corne d’abondance. La sculpture est entourée d’excavations et de blocs de pierre, dont certains sont peints en rouge carmin.
A la source de la polémique, l’expression « Vagin de la reine » qu’aurait employée l’artiste pour la qualifier dans un entretien au JDD le 21 mai, ce que l’artiste a démenti à plusieurs reprises par la suite, déclarant ainsi au Figaro du 8 juin : “Je ne suis pas sûr d’avoir dit cela, ni de l’avoir dit de cette manière”.
L’exposition d’Anish Kapoor, né en 1954 à Mumbai, prolonge un programme d’art contemporain à Versailles initié par Catherine Pégard, la directrice du domaine, en 2008. L’exposition inaugurale, celle de Jeff Koons dans les appartements royaux, avait déjà suscité de violentes controverses. Sans pourtant aller jusqu’à la dégradation d’aucune des œuvres.
Un climat de crispation identitaire
Au Figaro du 18 juin, Kapoor qualifiait l’acte de vandalisme à Versailles d’un problème « politique », qui parle davantage d’une « certaine intolérance qui apparaît en France que d’art quel qu’il soit ». Et de souligner : « Le problème me semble plus politique qu’autre chose, il renvoie à une fraction que l’on me dit très minoritaire pour laquelle tout acte créatif est une mise en danger d’un passé sacralisé à l’extrême pour des desseins qui n’ont rien d’artistique ».
Rappelons qu’en octobre dernier déjà, la structure gonflable Tree de Paul McCarthy installée sur la place Vendôme avait fait les frais d’un acte de vandalisme similaire. Or si Kapoor refuse catégoriquement d’être associé à Paul McCarthy (déclarant au Figaro, de même source : « C’est faire de la pauvre psychologie que de nous marier par le scandale »), les deux agressions révèlent un climat de crispation identitaire et une certaine pudibonderie française, dont la colère se cristallise sur des objets purement symboliques. Tout en témoignant de la capacité toujours vivace de l’art à faire bouger les lignes.
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