Au Festival d’Avignon, le duo berlinois Susanne Kennedy et Markus Selg redéfinit la frontière une réalité virtuelle entre paradis et enfers dans un dispositif scénique où les mondes s’interpénètrent pour mieux se confondre.
Influenceuse sur les réseaux sociaux, Angela manifeste un vague à l’âme qui fait d’elle une rêveuse impénitente. Sous nos yeux, son monde intérieur grignote petit à petit l’apparente banalité du quotidien. L’expérience proposée par Susanne Kennedy est organiquement liée à la scénographie de Markus Selg, qui conçoit la chambre d’Angela comme l’espace mutant d’un décor numérique.
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Partant d’un scénario aussi mince que des dialogues de téléréalité, l’intrigue réunit Angela, sa mère, une copine, son petit ami et la peluche d’un raton laveur à poil bleu. Avec humour, le duo use de la doublure numérique du raton laveur pour en faire un conteur qui cite Nietzsche. Ce faisant, l’animal nous fait passer dans une autre dimension, et la chambre d’Angela prend des allures de réalité parallèle. Le décor de paysages rougeoyants nous emporte dans un monde situé entre paradis et enfers.
Un personnage de fiction en 3D
Singulière leçon de philosophie, la pièce aborde avec délicatesse le thème de l’angoisse du passage vers l’au-delà. Dans cet univers surréaliste, nul ne s’étonne du retour des enfers d’Angela. Cette ultime pirouette autorise à s’interroger sur la réalité d’Angela, qui est peut-être, elle aussi, un personnage de fiction en 3D.
Angela (a strange loop) de Susanne Kennedy et Markus Selg (en anglais surtitré en français), avec Tarren Johnson, Ixchel Mendoza Hernández, Dominic Santia… Au Festival d’Avignon, gymnase du lycée Aubanel, du 14 au 17 juillet ; à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris, du 8 au 17 novembre.
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