“Alice” met en mouvement l’héroïne de Lewis Carroll sur une musique de Philip Glass.
De Tim Burton à Jan Svankmajer sans oublier Walt Disney, ils sont nombreux à avoir franchi le miroir d’Alice, chef d’œuvre trouble de Lewis Carroll. Cet hiver, le compositeur Philip Glass y ajoute sa signature dans une version entre ballet et théâtre mis en scène par le duo Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn.
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“Alice est dans l’ADN de chaque Anglais, s’amuse à peine ce dernier. J’ai lu Alice, j’ai vu les adaptations pour la télévision ou le cinéma. Dès que nous avons commencé à travailler sur la pièce, il était évident que la relation entre Carroll et la vraie Alice Liddell, devenue alors une femme âgée de 84 ans, serait intrinsèquement liée à notre projet. Alice regarde ainsi, en arrière, sa jeunesse et toutes les histoires qu’on lui racontait.” Et Hosseinpour d’enchaîner : “D’une certaine façon, nous sommes très conceptuels. Notre approche de la danse et de l’opéra passe par l’abstraction et parfois par l’installation. Nous ne recourons pas nécessairement à la narration pour aborder un sujet. Mais même quand vous faites de l’abstrait, vous devez trouver un moyen d’y intégrer votre thème. Parce que moi, je déteste laisser un public perplexe.”
La danse sera donc ce véhicule émotionnel, servie par le Ballet de l’Opéra National du Rhin, sans oublier la comédienne suisse Sunnyi Melles. Du terrier du lapin aux univers oniriques, cette Alice déjoue les pièges du simple récit. “Robert Israël, proche de Philip Glass, nous a fourni des images étonnantes que nous projetons sur la scène durant la soirée – des interprétations visuelles d’Alice à la fois belles et folles tirées de son imagination. En outre, nous travaillons avec David Haneke, qui a créé des vidéos incroyables. À certains moments de la pièce, Alice verse des torrents de larmes – elle pleure à en créer un lac. Nous avons donc filmé une scène avec Alice sous l’eau”, précise le duo.
Mais c’est bien la partition inédite de Philip Glass qui fait de ce rendez-vous, un événement. On connaît le goût du compositeur américain pour la littérature et le cinéma. De sa trilogie d’opéras consacrée à Jean Cocteau jusqu’à son approche de La Métamorphose de Kakfa ou sa rencontre avec le poète Allen Ginsberg, Glass trouve dans les mots matière à composer. Il aime à dire qu’“avec la danse, on mange. Avec la littérature, on rêve”. Pour Housseinpour et Lunn, l’aspect le plus iconique en lien avec Philip Glass, “c’est le terrier du lapin. Alice est dans sa chambre avec un piano, et elle joue les Études de Philip. Le couvercle du piano s’ouvre et une carotte, puis un lapin en sortent. À la fin, le lapin la prend et l’entraîne, à travers le piano, dans son terrier, où ils plongent tous les deux.”
Amir Hosseinpour a croisé l’œuvre de Glass à maintes reprises, le temps de l’opéra Akhnaten ou plus récemment sur The Lost. Jonathan Lunn, lui, a chorégraphié sa première pièce il y a trente ans sur une musique de Glass. Il était alors interprète du London Contemporary Dance Theatre. Dans leur esprit, Alice est le parfait “livret” pour la danse. Il leur aura fallu rencontrer Bruno Bouché, directeur du Ballet de l’Opéra National du Rhin, pour que le rêve devienne réalité. “Dans notre esprit, la musique de Philip Glass est le Pays des merveilles.”
Alice, création mondiale, Ballet national de l’Opéra du Rhin, mise en scène Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn, musique Philip Glass. Du 11 au 13 février à La Filature Mulhouse, et du 18 au 23 février à l’Opéra de Strasbourg.
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