La scène suisse retrouve une visibilité en salle avec Emilie Charriot et Thom Luz pour deux créations en forme de rêveries poétiques sur l’état du monde d’aujourd’hui.
En Suisse, on pouvait se réjouir sur fond de ciel bleu de profiter d’un grand soleil pour fêter la réouverture des salles de spectacle le week-end dernier.
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A l’affiche du théâtre Vidy-Lausanne, deux créations à découvrir sans attendre : Vocation d’Emilie Charriot et Chansons sans paroles de Thom Luz. La grande salle et le bâtiment principal du théâtre étant en travaux, l’accueil du public se déroule en terrasse autour d’un verre ou dans le vaste hall d’un grand chalet, La Baraka, foyer provisoire de l’institution qui dispose aussi de ses bureaux à l’étage. Les spectacles se jouent dans les deux salles annexes du lieu.
Vocations
Salle René Gonzalez, Emilie Charriot questionne la notion de vocation à travers deux parcours de vie. Elle met en miroir les choix de carrière d’un acteur professionnel et les rêves d’actrice d’une adolescente passionnée par le théâtre. En guise de mise en bouche, on découvre un bout d’essais réalisé par François Truffaut pour son film Les 400 coups (1959) où Jean-Pierre Léaud (âgé de quatorze ans) prend ses marques devant la caméra avant de devenir l’inoubliable interprète du rôle d’Antoine Doinel. Une manière d’ouvrir la porte aux confessions intimes de ses deux interprètes. Inspirés par la fraîcheur du jeune Léaud, chacun mise sur les aveux innocents qui les réunissent malgré les quarante ans qui les sépare. Un drôle de bilan résolument tourné vers l’avenir… L’expression d’une feuille de route pleine de tendresse pour aborder l’inconnu de ce fameux “monde d’après” qui s’ouvre à nous.
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Chansons sans paroles
Pour Chansons sans paroles, le Zurichois Thom Luz investit la salle du Pavillon avec sa bande de performeur·euses. Une manière pour lui de prendre le prétexte d’un hommage irrévérencieux aux rêveries romantiques des compositions de Felix Mendelssohn pour développer in situ la reconstitution d’un accident de la route provoqué par une jeune biche. Entre humour pince-sans-rire et bricolage en direct, cinq acteur·rices-musicien·nes interviennent dans un drôle de laboratoire de sons pour procéder à la reconstitution du drame de la fin d’une vie innocente s’étant déroulé dans une forêt enneigée.
La poésie infuse en permanence le déroulé de cette performance où une mini voiture rouge et quelques traces de pneus dans la neige suffisent à transformer le plateau en une scène de crime où gît la dépouille du faon qui ne verra pas le printemps. Avec pudeur et délicatesse, Thom Luz rassemble les éléments d’un conte contemporain qui gagne les cœurs dans un condensé d’émotions en privilégiant la force des actes à celle des paroles.
Vocation, conception et mise en scène Emilie Charriot. Avec Pierre Mifsud, Nora Kramer. Théâtre Vidy-Lausanne jusqu’au 2 mai, en tournée – dates à préciser.
Chansons sans paroles, conception et mise en scène Thom Luz, en français, allemand et anglais surtitré en français. Avec Fhunyue Gao, Mara Miribung, Daniele Pintaudi, Samuel Streiff, Mathias Weibel. En tournée dans le cadre du festival Mesure pour Mesure co-réalisé avec le Centre Culturel Suisse au Nouveau Théâtre de Montreuil du 14 au 16 décembre.
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