Rendez-vous phare de la (fin de) saison du Théâtre Garonne, In Extremis se place cette année – comme en 2021 – sous le signe engageant de l’hospitalité et invite à découvrir des formes artistiques atypiques, au croisement de plusieurs disciplines.
Après deux ans sous la chape de plomb de la pandémie, l’équipe du Théâtre Garonne peut de nouveau accueillir public et artistes sans aucune restriction à l’occasion d’In Extremis, événement printanier résolument fureteur et joliment buissonnier.
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Amorcée lors de l’édition 2021, qui avait su déjouer la contrainte de la distanciation physique (si incompatible avec le spectacle vivant), la thématique de l’hospitalité est reprise en 2022 et semble cette fois trouver sa pleine résonance, l’allègement du contexte sanitaire permettant à nouveau de susciter des moments de partage sensible au contact direct des œuvres.
Le programme compte au total une quinzaine de propositions artistiques, aux formes très variées, présentées dans différents espaces du Théâtre Garonne (y compris les loges) et dans d’autres lieux de la ville rose.
Ainsi est-ce au Musée des Abattoirs – dans la grande salle où trône l’imposant rideau de scène de Pablo Picasso – que l’on a pu découvrir Gardien Party. Conçue en binôme par Mohamed El Khatib et Valérie Mréjen, cette pièce à la fois conceptuelle et spirituelle rend un hommage subtilement décalé, tout en finesse, à l’un des métiers les plus ingrats du monde : gardien·ne de musée. Elle permet par ailleurs de vérifier qu’il faut (parfois) peu de choses pour faire du (bon) théâtre : un texte enlevé, des interprètes très justes et bien accordés, des chaises, quelques autres accessoires – et hop, la magie opère.
Cabaret bien barré
Il y a un peu moins d’interprètes, beaucoup plus de chaises et autant d’inventivité – sur un mode plus ouvertement burlesque, façon cabaret bien barré – dans Remaining Strangers de Simone Aughterlony. Convié sur le plateau (en l’occurrence celui de la grande salle du Garonne), le public fait partie intégrante de ce spectacle qui bouscule joyeusement les codes de la représentation et cherche à susciter des interactions inédites au fil de saynètes farfelues. Se terminant avec un vrai-faux crash aérien d’anthologie, le tout est orchestré par un maître (Nic Lloyd) et une maîtresse (Jen Rosenblit) de cérémonie à la prestance irrésistible.
Avec The Art of Calling, les trois acolytes de la compagnie Ballets confidentiels – le percussionniste Richard Dubelski, la soprano Éléonore Lemaire et la danseuse Johanne Saunier – investissent des espaces inhabituels (la librairie Ombres blanches, vaste dédale à plusieurs niveaux, lors de la première représentation) pour y déployer de très toniques pièces chorégraphicomusicales teintées de douce dinguerie. Une expérience absolument réjouissante !
Traversée onirique
Membre fondatrice de l’éminente Needcompany flamande, Grace Ellen Barkey – ici sous le nom de Grace Tjang, en hommage à sa grand-mère indonésienne – invite, quant à elle, à s’immerger dans Malam/Night, une installation performative (en solo) mêlant vidéos, composition sonore, jeux d’ombres, projections lumineuses et mouvements de danse. Influencée en particulier par le wayang, art traditionnel javanais du théâtre d’ombres, cette évolutive traversée onirique d’un monde à la fois sauvage et féerique, peuplé d’animaux, suscite un véritable enchantement – comme face à la découverte d’un nouveau monde, infiniment hospitalier.
In Extremis, à Toulouse, Théâtre Garonne, jusqu’au 11 juin.
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