Artistes, professionnels de la culture et politiques manifestaient à Avignon pour défendre le budget de la culture et alerter sur les dangers de la réforme des collectivités territoriales.
Coupes brutales, budgets en baisse, désengagement de l’Etat, réforme des collectivités territoriales, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le monde de la culture, qui voit son financement s’effriter d’année en année.
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Il y a peu, François Fillon annonçait encore une baisse des dépenses dans le secteur de la culture pour les trois ans à venir. De quoi hérisser le poil des professionnels qui poussent un cri d’alarme face à ce qui ressemble à une remise en question de plus en plus brutale de la politique culturelle française.
Sans excès ni débordement, la manifestation qui s’est déroulée le 15 juillet dernier dans les rues d’Avignon témoignait à cet égard d’une inquiétude profonde de la part des professionnels de la culture. Rassemblés sur le parvis du Palais des Papes, ils étaient environ 1500 à avoir répondu à l’appel. Parmi la foule, des artistes : Stanislas Nordey, Jane Birkin, Jean-Michel Ribes, Boris Charmatz ou Olivier Cadiot (artiste associé avec Christoph Marthaler pour cette édition du festival d’Avignon). Côté politiques, Claude Bartolone, Jean-Jack Queyranne pour le Parti Socialiste ou encore Pierre Laurent pour le Parti Communiste avaient répondu présent.
« Les dépense non obligatoires sont sacrifiées en premier »
Au lendemain du 14 juillet, l’heure n’était pas tant au grand raffut qu’à la gravité devant ce que François Le Pillouër, président du Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) et directeur du Théâtre national de Bretagne, considère comme une offensive sans précédent de la part du gouvernement.
« Notre principale revendication aujourd’hui est liée à la réforme des collectivités territoriales, explique-t-il. Cette réforme, si elle était mise en place, signifierait une diminution de la levée d’impôts de 9% pour les régions et de 15% pour les départements. Alors qu’en même temps, leurs charges ne cessent d’augmenter. Du coup, ce sont les dépense non obligatoires comme la culture ou le sport qui sont sacrifiées en premier. Ce qui équivaut, pour les établissements artistiques et culturels, à la disparition d’une bonne partie de leurs ressources. À quoi vient s’ajouter le gel des dotations de l’état.
Quarante-trois départements ont déjà baissé leurs subventions de 5% à 28%. La situation est gravissime, catastrophique. Il faut que tout le monde prenne bien conscience de ce que cela signifie. »
La fin de l’accès à l’assurance chômage pour de nombreux intermittents
D’où la harangue virulente adressée par François Le Pillouër depuis le parvis du Palais des Papes au gouvernement. Les recettes des collectivités locales pâtissent déjà de la suppression de la taxe professionnelle. Or quand on sait, par exemple, que ces dernières assurent plus des deux tiers des financements du spectacle vivant, une réduction dès 2011 de la part allouée par l’Etat entrainerait, à court terme, la disparition de nombreux emplois, mais aussi de structures, de compagnies ou de lieux de diffusion ainsi que la fin de l’accès à l’assurance chômage pour de nombreux intermittents.
Après s’être dirigés vers le cloître Saint-Louis pour une occupation symbolique de ce lieu qui abrite les bureaux du festival d’Avignon, les manifestants ont obtenu un rendez-vous avec Pierre Hanotaux, directeur de cabinet de Frédéric Mitterrand.
À l’issue de la rencontre, François Le Pillouër ne s’est déclaré que très partiellement satisfait :
« Pierre Hanotaux a promis de faire des efforts et nous a assuré qu’il n’y aura pas de baisse. Nous en prenons acte. Mais cela n’est pas suffisant, car il faut tenir compte de l’inflation et des frais nouveaux à la charge des collectivités territoriales. D’autre part, sans rentrer dans un débat trop technique, il faut quand même avoir à l’esprit que les collectivités locales n’ont plus la même liberté d’action. En bref, aujourd’hui, le monde de la culture est pris dans un étau qui se resserre de plus en plus. Et ce qui se profile derrière ces manœuvres, ce n’est rien d’autre qu’une remise en question radicale du financement de la culture dans notre pays. L’idée étant d’asphyxier les ressources publiques pour remplacer la politique actuelle par un modèle ultralibéral de type anglo-saxon.
La réforme des collectivités territoriales et le désengagement de l’Etat vont causer des dégâts irrémédiables, remettant en question des dispositifs, des aventures artistiques, le travail de nombreux élus, de responsables culturels, tout cela pour détruire purement et simplement ce qu’ils avaient mis une cinquantaine d’années à élaborer pour le bien public. »
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