Vous saurez tout sur les scènes parisiennes et d’ailleurs pour la semaine du 11 au 17 octobre.
Fab, le festival international des arts de Bordeaux métropole est lancé : du 5 au 25 octobre, plus de trente spectacles s’offrent au public dans une quarantaine de lieux différents. Avec une thématique forte sur les frontières, cette 2e édition du Fab jette des ponts entre les esthétiques, les pratiques et les pays. A voir notamment : Actions de Yan Duyvendak, Hospitalités de Massimo Furlan, Spartoï du groupe Apache, Immerstadje d’Hamid Ben Mahi, La Despedida du Mapa Teatro ou The Jokers du Zoukak Theater Company.
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Courage, fuyons ! C’est le pitch de La Fuite ! mis en scène par Macha Makeïeff. Cette comédie fantastique en huit songes écrite par Mikhaïl Boulgakov à partir de 1926, fut retravaillée et corrigée de nombreuses fois à la demande de la censure soviétique… mais ne sera finalement jamais jouée du vivant de l’auteur (du 6 au 20 octobre à La Criée de Marseille). Bonne ambiance ! Il est vrai que l’auteur prend pour sujet la guerre civile de 1920 et 1921 qui a suivi la révolution soviétique et qu’on ne rigole pas avec les faits historiques, surtout quand ils sont véridiques. C’est en même temps une sorte de biographie de Boulgakov qui, ne supportant plus l’arbitraire du pouvoir, se met à rêver d’évasion. Sa pièce met en scène des personnages de Russes blancs lancés dans une fuite éperdue où le fantastique oscille entre rêve et cauchemar.
L’occasion pour Macha Makeïeff de replonger dans ses souvenirs d’enfant et dans son histoire familiale : “Je me souviens avoir parlé des Russes blancs avec Antoine Vitez, auprès de qui il avait appris la langue russe, avoir évoqué Marseille qui nous liait aussi, et j’ai découvert qu’il avait traduit La Fuite. Nous reprendrons le texte russe et ferons entendre par éclats (…) cette épopée tragique, musicale et burlesque, étonnamment prophétique.”
C’était en 1990, Matthias Langhoff montait un diptyque à jamais gravé dans nos mémoires : La Mission de Heiner Müller / Au Perroquet vert d’Arthur Schnitzler. Serge Merlin m’avait émue aux larmes, Christiane Cohendy, le visage peinturluré de noir, y était bouleversante. En 2017, c’est avec un spectacle bolivien en espagnol surtitré que le Matthias Langhoff propose une nouvelle mise en scène intitulée La Mission, souvenir d’une révolution (du 11 au 20 octobre à La Commune d’Aubervilliers). On y suit le parcours en Jamaïque de trois personnages chargés par la Convention de mener en 1794 le soulèvement des esclaves contre les Britanniques.
“Ces révolutionnaires sont cependant interrompus dans leur mission par une nouvelle surprenante, commente le metteur en scène. Ils apprennent le sacre de Napoléon devenue empereur et la disparition du gouvernement qui leur avait confié leur mission.”
Jouée par des acteurs de la troupe Amassuni, issue de la première école professionnelle de Bolivie, que le metteur en scène a rencontré en 2008, cette nouvelle version de La Mission fait écho aux mouvements sociaux qui secouent la Bolivie depuis les années 2000.
Quand le spectacle vivant devient sportif…. Ça donne deux propositions la même semaine. On commence avec la chorégraphe Anne Nguyen et sa création Kata (du 11 au 20 octobre au théâtre de Chaillot) qui réunit ses deux pratiques favorites : la danse hip-hop et les arts martiaux. “J’ai beaucoup pratiqué les arts martiaux, en particulier la capoeira et le jiu-jitsu brésilien, mais aussi le Viet Vo Dao et le Wing Chum, déclare-t-elle. L’une des caractéristiques de ces pratiques est le rapport au partenaire, qui implique un contact physique.” Ce qui est moins le cas avec la danse hip-hop qui privilégie le contact au sol. Dans Kata, Anne Nguyen “amène bras, jambes et corps à se rapprocher et à se rencontrer de manière dynamique et circulaire dans des espaces réduits” et réalise l’impensable : faire “de tout enchaînement de break un ‘kata’ d’entraînement au combat « . Impressionnant…
Sport encore avec Mercredi dernier (séance d’initiation à la transformation de soir), le deuxième épisode du Cercle, un projet de Corine Miret et Stéphane Olry (du 13 octobre au 30 janvier, dans des appartements de Seine-Saint-Denis avec le Théâtre de la Poudrerie de Sevran). Sous-titré Une exploration des clubs de sports de combat en Seine-Saint-Denis, Mercredi dernier fait suite au premier épisode du Cercle : La Tribu des Lutteurs. Nos duettistes ont donc enquêté sur les pratiques de sports de combat des femmes dans huit villes du département. Et en ont trouvé un au pied d’une barre d’immeubles à Sevran, le CLS 93 (Club de lutte de Sevran) où sont enseignés le kickboxing et d’autres formes de combat dans une section purement féminine » que d’aucuns qualifient de communautaires « . Cette non-mixité affirmée excluait d’emblée Stéphane Olry. Allaient-ils chercher un club mixte ? Peu de femmes les fréquentent. Alors c’est Corine Miret qui a enquêté et écrit le spectacle. De façon à répondre à l’écoeurante affirmation de David Jouillet, ancien judoka, ancien ministre des sports qui estime : » Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n’est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l’équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer. » PTDR…..
Pour finir ce tour d’horizon des banlieues qui chantent, on ne saurait trop conseiller d’aller au Studio Théâtre de Stains voir Rêver peut-être, mis en scène par Marjorie Nakache (du 12 octobre au 12 novembre). Créé la saison dernière, ce spectacle fait du voyage du désir au réel sa matière première.
Qu’il soit imaginaire ou concrètement mis en œuvre. C’est au volant de sa “caravane à rêves” que Marjorie Nakache a parcouru les rues de Stains pour interroger les habitants sur leurs rêves. Le résultat est magnifique : lors de la création, on a vu les acteurs incarner la parole des Stannois, la danser et lui donner des ailes tandis que les films projetés sur écran des interviews offrait une mosaïque bouleversante des rêves qui agitent hommes et femmes, enfants, adultes et personnes âgées, toutes origines confondues.
Le même désir d’ouvrir au monde entier les plateaux de théâtre irrigue la dernière création de Jan Lauwers, Le poète aveugle (du 11 au 22 octobre au tThéâtre de la Colline), écrite en collaboration avec le compositeur Maarten Seghers. S’inspirant des arbres généalogiques de ses performers qui mixent plusieurs nationalités, cultures et langues, il s’interroge sur la notion d’identité dans une Europe multi-culturelle. Deux auteurs des Xe et XIe siècles l’accompagnent dans ce voyage : le poète syrien aveugle Abu al’ala al Ma’arri et la poétesse andalouse Wallada bint al Mustakfi.
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