Dévoilé à Rennes durant Mettre en Scène, le nouvel opus de Mette Ingvartsen fascine.
On découvrit 69 positions de Mette Ingvartsen ici-même à Rennes l’an passé. La Danoise s’y mettait simplement à nu évoquant tout à la fois la sexualité contemporaine ou les grandes figures de la performance. Optant pour un dispositif où l’interprète et le public partageaient le plateau, 69 positions fit son effet.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
7 Pleasures prolonge d’une certaines façon le débat, mais en démultipliant les angles. « L’idée centrale qui se dégage serait celle d’une sorte de continuum entre les objets, les corps, l’environnement – l’humain et le non-humain« , résume Mette Ingvartsen. Il sera donc question de « représentations du désir auxquelles on ne s’attend pas forcément« . Sur scène, douze performers – tous incroyables d’engagement – s’accouplent, s’attirent, se rejettent dans un mouvement continu. Le déshabillage commence dans les gradins confrontant le spectateur à ces corps soudainement offerts, interrogeant surtout le regard des uns et des autres. « La question du regard est extrêmement importante vis à vis de la représentation sexuelle, du coup la réflexion sur la manière dont le regard opère se doit d’être mise en perspective. »
Puis, c’est le cadre même du théâtre qui s’efface. Au sol pour une sorte de maelstrom de chair, en transe ou donnant de la voix, les « acteurs » de 7 Pleasures s’exposent dans tous les sens du terme. Le décor aux allures de salon moderne va tout d’un coup devenir un champ de bataille. Une simple chaise semble devenir un substitut improvisé, un tapis de fourrure un partenaire innocent. Dans ce rapport aux accessoires, dans cette « chorégraphie » de l’espace, Mette Ingvartsen excelle. Jusqu’à cette explosion qui voit les artistes réunis pris dans des convulsions jouissives.
« Ce que je cherche à montrer c’est que la sexualité est présente partout, dans toutes les formes de relations, et pas seulement chez les humains et leurs rapports sexuels« , affirme la créatrice. Peu à peu, séquence après séquence, 7 Pleasures prend forme. Non sans éviter les baisses de tension. Et finit dans un râle collectif qui laisse l’assistance saisie. Ces plaisirs « pour public averti » – comme l’annonce la feuille de salle – deuxième volet de la série The Red Pieces, vont réchauffer cet automne chorégraphique.
Philippe Noisette
Jusqu’au 14 novembre au festival Mettre en Scène, TNB de Rennes.
Du 18 au 21 novembre au Centre Pompidou, Festival d’automne Paris
27 et 28 novembre Festival Next, La Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq.
{"type":"Banniere-Basse"}