Chaque semaine, le meilleur des expos d’art contemporain, à Paris et en province.
Urs Fischer – Mon cher…
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Mon cher… Lettre intime ou lettre ouverte, l’exposition d’Urs Fischer à la Fondation Vincent Van Gogh, commence par cet intitulé en lettres blanches sur fond noir. Référence à l’importante correspondance de Vincent à son frère Théo, l’adresse au peintre ouvre le dialogue entre Urs Fischer et le Van Gogh fougueux de la période arlésienne. Dés l’entrée de la Fondation, Fischer invoque avec humour la figure du maître dans une version sculptée de la Cène de Léonard de Vinci. À la figure du Christ en hôte, se superpose en filigrane celle de Van Gogh couronné (il aurait voulu être prédicateur). À l’étage Urs Fischer nous fait pénétrer dans Melodrama, 400m2 de gouttes de pluie colorées sur des nus modelés et abandonnés. On déambule alors dans une peinture pointilliste, avant de découvrir dans les autres salles, des photographies, des peintures sur aluminium et papiers peints. Urs Fischer investit tout l’espace de la Fondation avec la même force. Il avait déjà occupé à lui seul le New Museum. Le dialogue Urs Fischer / Vincent Van Gogh n’est pas forcé, il est beau, drôle et évident. Des autoportraits (une oreille grand format, entre autres) au squelette transformé en fontaine, l’œuvre d’Urs Fischer fonctionne comme une vanité – prosaïque et extatique.
Jusqu’au 29 janvier à la Fondation Van Gogh à Arles
Wesley Meuris – The Agency, c.o.
Après ses enclos zoologiques, ses vitrines et barrières de musée et son mobilier d’archives, Wesley Meuris présente « The Agency c.o. » à la Galerie Jérôme Poggi. Les vitrines à néon et brochures nous indiquent la structure commerciale à laquelle on a à faire, un cabinet de conseil. L’artiste présentera une annexe, « The Agency e.p. », à la FIAC, du 20 au 23 octobre. On nous promet une sculpture-bassin spectaculaire. Langage de promotion et de foire oblige. Si l’esthétique de Wesley Meuris est d’une neutralité déconcertante, le propos, lui, l’est moins. Derrière le décryptage des formes et des dispositifs d’exposition (muséal ou commercial) et de conservation du savoir, l’artiste construit une analyse critique et aiguisée du programme qui s’y cache : rapport d’influence sur le visiteur, objectivation d’une expérience qui, par nature, est subjective et empirique. Une exposition display.
Jusqu’au 30 octobre à la galerie Jérôme Poggi à Paris
Dépenses
Thème bien choisi que celui de la dépense dans un lieu qui fut une antenne de la banque de France, le centre d’art Labanque. L’exposition est la première d’une trilogie nommée La traversée des inquiétudes, une adaptation libre de l’essai d’économie politique La Part Maudite de George Bataille, par la commissaire Léa Bismuth et 11 artistes invités à produire une œuvre. Tâche ardue que cette écriture collective autour d’une économie paradoxale, celle de la dépense comme perte inconditionnelle et consumée (et non consommée), dans un lieu gigantesque. Pour les 4 étages, 4 chapitres à déchiffrer, Énergie, Excès, Don et Rituel comme modalités de dépense. Antoine d’Agata traduit l’Excès à lui tout seul : White Noise projette, sur des écrans disposés au sol et dans un parcours labyrinthique, des scènes de corps consumés par la drogue et le sexe. A l’étage du Don, l’injonction sexuelle se fait remarquablement entendre par l’érotisme et la violence sourde de Victor Man, de Klossovski ou de Julião Sarmento – avec notamment Lick My Eyes de sa série Reading Bataille. L’intervention in situ au sang humain de Laurent Pernot et les trophées de Benoît Huot s’accordent à la dimension sacrificielle du potlatch (dons et contre-dons non marchands). Dans Élégies, Clément Cogitore filme la transe collective d’une fosse de salle de concert. On est dans le Rituel. La pensée de Bataille hante désormais Labanque pour trois saisons. A suivre.
Jusqu’au 26 févirer à LaBanque, Centre de production et diffusions en arts visuels, à Béthune.
Données à voir
L’approche critique commence par l’organisation de données. À l’heure du Big Data, où les algorithmes régissent et biaisent notre accès à l’information, La Terrasse, Centre d’Art de Nanterre, met en jeu le traitement de données par les artistes des années 1970 à aujourd’hui. L’exposition exploite tous les formats (oeuvres ou documents, livres d’artistes, performances, films documentaires, ou encore page web crée par l’Agora – la maison des initiatives citoyennes de Nanterre). On retiendra les extraordinaires diagrammes en réseau de Mark Lombardi, dont George Franconero, Bank of Bloomfield, State Bank of Chatham qui détaille les trafics d’un avocat et d’un président de banque américaine condamnés pour détournement de fonds publics. L’artiste New Yorkais travaillait à partir de fiches (plus de 14500) qu’il rédigeait à partir de données publiques. D’autres artistes sont présents : Ward Shelley, Martin John Callanan, Hasan Elahi, Ali Tnani et Lukas Truniger, Julien Prévieux… et évidemment, Öyvind Fahlström. L’artiste – suédois, mais foncièrement international – traitait les données politiques et économiques du monde comme matière première. Sa remarquable série de Columns (références aux colonnes des journaux) met en évidence les rapports entre les évènements et les structures de pouvoir dans les années 70, notamment grâce à un code couleur. Avant tout, il s’agissait d’intéresser le spectateur, lui donner à voir l’actualité du monde, et par la même, peut-être, de provoquer l’indignation en lui, qui le pousserait à l’action.
Jusqu’au 23 décembre à La Terrasse, à Nanterre
Panorama 18 et Indices d’Orient, la mémoire, le témoin et le scrutateur
Pleins feux sur Tourcoing. Première étape, le rendez-vous annuel du Fresnoy (Studio National des Arts Contemporains, pour certains la « villa Médicis high-tech »), Panorama 18. Orchestrée par Laurent Le Bon, cette vue d’ensemble présente la totalité des œuvres produites au Fresnoy en 2016, c’est-à-dire plus de 50 jeunes artistes internationaux – étudiants de l’école et artiste invités. Seconde étape au MUba pour l’exposition Indices d’Orient, la mémoire, le témoin et le scrutateur. Là, il s’agit essentiellement de récits historiques, de fables naturalistes, de mythes fondateurs, de témoignages d’acteurs de révolutions politiques… Les artistes réunis (certains passés par l’école du Fresnoy), Neil Beloufa, Louis Henderson, Randa Maroufi, Arash Nassiri, Samer Najari ou encore Hannah Collins scrutent la mémoire et plus particulièrement celle de l’Orient. En bref, Tourcoing recèle actuellement d’une création contemporaine presque trop riche pour elle seule. Ces deux expositions nous entraînent dans des ailleurs multiples par les pouvoirs de la réalité virtuelle, du son, du film, de l’art…
Du 8 octobre au 31 décembre au Fresnoy et au MUba à Tourcoing
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