Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en province.
40 ans du Centre Pompidou
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A l’occasion des 40 ans de la vénérable institution parisienne, le Centre Pompidou organise les 4 et 5 février un weekend non stop d’événements gratuits et ouverts à tous. Au menu, outre les expositions en cours – on ne ratera pas Jean-Luc Moulène, Cy Twombly ou encore Saâdane Afif -, le cinéma projettera des documentaires consacrés à l’histoire du Centre ; le forum accueillera le projet d’archives populaires de l’historien Philippe Artières, qui invite les visiteurs à lui confier leurs souvenirs et expériences du lieu ; tandis que l’on pourra également assister à l’enregistrement en direct d’émissions de France Culture. Mais pour appréhender tout le spectre des propositions, comprenant également l’implantation d’une radio libre, d’un concert punk ou d’un atelier de Djing à destination du (très) jeune public, le mieux reste certainement de se perdre au fil des coursives du Centre, et de découvrir les lieux habituellement clos aux yeux des curieux.
Week-end des 40 ans du Centre Pompidou, les 4 et 5 février. Programme intégral ici
« The Fountain Archives »
Au Centre Pompidou justement, on profitera des festivités du week-end pour s’en aller jeter un œil à l’encyclopédique « The Fountain Archives » de Saâdane Afif et fêter comme il se doit un autre anniversaire : celui du centenaire d’une icône qui n’a rien perdu de sa superbe, la fameuse Fountain de Marcel Duchamp – l’urinoir retourné d’un quart, donc. En 2008, Saâdane Afif a commencé à archiver toutes les publications dans lesquelles apparaissent une reproduction de l’œuvre. Un work-in-progress par définition infini, appelé à s’enrichir au fil des ans, qui répercute la portée initiale du ready-made, censé questionner les notions d’original et de multiple – d’autant plus que le projet lui-même commence à être cité dans la presse, ouvrant à un jeu de miroirs vertigineux. La forme exposée du projet présente les reproductions sous cadre classées au mur en colonnes, et les fait voisiner avec les publications dont elles sont extraites, depuis la presse artistique spécialisée jusqu’aux guides de voyage.
« The Fountain Archives » de Saâdane Afif, jusqu’au 30 avril au Centre Pompidou à Paris
Villa Arson
Alors que la sphère médiatique apprend à ses frais que la vérité se décline en post-vérité et que les faits se doublent de faits alternatifs, le nouveau cycle d’expositions de la Villa Arson avance deux manières d’envisager notre nouvel écosystème. D’abord, en se remémorant d’un roman de Raymond Roussel datant de 1898, « La Doublure », dont découle une première exposition collective. Prolongeant ce récit où la doublure d’un célèbre acteur de théâtre traverse le carnaval de Nice, paradis des apparences et faux-semblants où il se dédoublera à son tour, l’exposition offre une traversée des mondes parallèles et de réalités alternatives, à travers des œuvres dont le régime d’existence est à la fois imaginaire et fictif. On y trouvera notamment un faux groupe de heavy-metal parti en tournée bien réelle, des livres qui n’existent que dans d’autres livres ou encore des mediateurs revêtus de teeshirts de candidats à la présidentielle américaine dont on n’avait jusqu’alors jamais entendu parler. En parallèle, une autre proposition collective se positionne plus près du réel, se proposant d’y tracer des voies alternatives,quand bien même il faudrait pour cela user de la force, de la ruse et de la clandestinité – du sabotage donc, dont on nous proposera alors à la fois un guide et une poétique.
« La Doublure » et « Go Canny ! Poétique du sabotage », du 10 février au 30 avril à la Villa Arson à Nice
Mel O’Callaghan
Jusqu’alors, on avait une connaissance en pointillés de l’œuvre de l’australienne Mel O’Callaghan. On l’avait ainsi aperçue le temps fugace d’une performance à la Nuit Blanche ou encore lors du festival de performances DO DISTURB l’an passé, où ses danseurs vêtus de couleurs primaires évoluaient au sein d’une structure à mi-chemin entre des agrès d’une salle de gym et un jeu d’enfant dont on aurait oublié le mode d’emploi. Deux événements à l’initiative du Palais de Tokyo, qui réaffirme cet année son entichement pour l’américaine, en l’accueillant pour une exposition solo dans le cadre du Prix SAM pour l’art contemporain dont elle est la lauréate. En parallèle, sa galerie, la galerie Allen, dont elle est par ailleurs co-fondatrice, présentera un autre volet de son travail. Là où le Palais de Tokyo présente un ensemble d’œuvres centré autour de la récolte périlleuse de nids d’oiseaux à Bornéo, mêlant sculptures, performances et vidéo, la galerie présentera une nouvelle série de peintures abstraites sur verre réalisées in situ. Entre les deux court un fil tendu où la virtuosité se gagne au prix de la mise en péril de soi.
Mel O’Callaghan, « En Masse », du 9 février au 11 mars à la galerie Allen et « Dangerous on-the-way » jusqu’au 8 mai au Palais de Tokyo à Paris
Ry David Bradley
Comme une main de fer dans un gant de velours, l’exposition du jeune artiste Ry David Bradley à la galerie Derouillon confronte l’archaïsme de sociétés féodales à la dissolution des hiérarchies dans le flux numérique. Tel est du moins le point de départ de la proposition, où des effigies en carton de personnages en armure contemplent les scène vaguement pornoïdes au mur, imprimées sur velours afin de reproduire le régime de la modernité liquide des images prophétisé par Zygmunt Bauman. Et pourtant, à y regarder de plus près, les registres s’inversent, montrant le conditionnement tout autant contraignant qu’impose au regardeur des temps présents l’appareillage technologique devenu condition d’appréhension d’un réel qui ne se donne plus qu’augmenté. Ainsi de ces scènes imprimées sur velours, qui ne nous révèlent leur vraie nature qu’au travers d’une lentille d’appareil photo – alors que les traces de doigt que l’on perçoit à même la surface n’auront suffit à appréhender une forme qui n’est pas tant située à fleur de réel que dans un ailleurs dont nos extensions technologiques détiennent la clef.
« Post Truth II » de Ry David Bradley, jusqu’au 4 mars à la galerie Derouillon à Paris
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