Chaque semaine, le meilleur de l’art contemporain à Paris et en province
Gregor Hildebrandt
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Les œuvres de Gregor Hildebrandt possèdent la même mélancolie que la voix qui nous parvient filtrée par le grésillement d’un tourne disque archaïque. Grandi dans l’Allemagne des années 1970, son matériau sera celui-là : la scène underground qu’il a à peine connue, mais dont il poursuit l’imaginaire utopiste à travers ses vestiges matériels. Fasciné par l’enregistrement du son et de l’image, il collecte les bandes audio et vidéo qui témoignent de cette époque, dont il fait le point de départ de grandes installations monochromes construites à partir de vinyles ou de bandes de cassettes audio. Flirtant avec l’abstraction, multipliant les clins d’œil au vocabulaire moderniste, ses œuvres immersives déplient le spectre émotionnel du souvenir, des supports de la mémoire et du rêve en noir et blanc – et témoignent de la difficile tâche d’archiver l’énergie brute de mouvements vécus sur le mode du No Future. Il sera en conversation le 14 janvier avec le musicien suisse Stephan Eicher, moitié du groupe Grauzone à qui l’on doit le tube italo-givré « Eisbär ».
« Alle Schläge sind erlaubt » de Gregor Hildebrandt, du 12 janvier au 25 février à la galerie Almine Rech à Paris. Conversation entre Stephan Eicher et l’artiste le 14 janvier de 18h à 20h à la galerie.
Derniers jours : « Les sept périls spectraux »
Installée depuis l’été rue des Cascades dans le 20e arrondissement parisien, la galerie Arnaud Deschin, anciennement sise à Marseille, avait inauguré sa programmation par une exposition furtive qui était quelque peu passée sous le radar. Son titre ? « Berlin Est ». Il est vrai que dans cette ruelle bétonnée, bien que depuis peu parsemée de quelques galeries pointues (la galerie Crevecoeur a ses quartiers quelques numéros plus loin), le paysage visuel est à l’exact opposé des allées hausmaniennes. « Arm aber sexy« , pauvre mais sexy, comme on l’a tant répété à propos de la capitale allemande ? Assurément. D’où l’invitation faite à une autre de ces villes, foyer créatif et underground, où prospère une jeune scène d’artistes partis traquer la liberté dans la grisaille : Bruxelles. Pour « Les sept périls spectraux », la curatrice Emeline Depas a réuni une dizaine d’artistes qui vivent et travaillent à Bruxelles, et dont se dégage une énergie dont on ne peut que souhaiter qu’elle contamine aussi Paris.
« Les sept périls spectraux » (cur. Emeline Depas) jusqu’au 10 février à la galerie Arnaud Deschin à Paris. Talk avec la curatrice le samedi 14 janvier 2017 de 16h à 17h à la galerie.
Nicolas Momein
Il y a quelques années, on avait eu vent d’un drôle de projet où les sculptures abstraites étaient en réalité des blocs de sels dont la forme avait été modelée par les bovins venant s’en délecter. A l’origine du projet, Nicolas Momein, jeune artiste attentif tant aux questions formelles qu’à leur économie de production. A la Villa du Parc à Annemasse, sa nouvelle intervention amplifiera ces problématiques : il y installera une unité de production artisanale de production de savon tout à fait opérante in situ. Entre réappropriation des moyens de production et désacralisation salutaire du secret de fabrication, secret qui concerne tout autant l’atelier d’artiste que le laboratoire de l’ingénieur, l’artiste télescope expertise et DIY dans sa recherche périlleuse (car glissante) du surplus d’âme qui séparera l’œuvre d’art de l’objet manufacturé.
« Topknot » de Nicolas Momein du 14 janvier au 11 mars à la Villa du Parc à Annemasse
« Videofreex »
A la rentrée, plusieurs expositions dédiées à la télévision (dont la plus ambitieuse fut « Labor Zero Labor » à la Friche la Belle de Mai à Marseille) imposait le constat somme toute assez surprenant d’un retour en vogue de ce médium. Alors que l’on pourrait penser que le visionnage sur internet et en streaming aurait eu raison de son ancêtre cathodique, il semblerait au contraire que les artistes en profitent pour réinvestir ce médium. D’abord parce que le direct autorise une économie de production plus légère que la vidéo d’artiste en tant que telle, mais aussi parce qu’elle remet au programme un processus de travail collaboratif qui fait souvent défaut à l’ère de l’hyperindividualisme. Il manquait alors de revenir sur l’histoire des rapports entre art et télévision : c’est chose faite au project-space Treize, où se tiendra la première exposition européenne du collectif d’artistes, de vidéastes et d’activistes Videofreex. Fondé en 1969, le collectif new-yorkais développe une pratique expérimentale et activiste de la vidéo, considérée comme un véritable acte politique – il relaieront notamment les revendications des Black Panther ou du Women’s Liberation Mouvement, avan de créer carrément leur propre chaîne de télévision pirate.
« Videofreex – Data Report : Processing Activist Images » du 11 janvier au 24 février à Treize à Paris
« Bureau des archives populaire du Centre Pompidou »
Alors que Catherine Millet, rédactrice en chef du magazine Artpress, s’étonnait lors de son dernier édito du peu d’initiatives du Centre Pompidou à l’approche des quarante ans de l’institution, en voilà une qui se ressaisit de cette histoire et la rend à ceux qui la font : le « Bureau des archives populaires du Centre Pompidou ». Initié par l’historien Philippe Artières, le projet cherche à collecter le maximum de témoignage personnels témoignant de la relation de chacun, voisins, visiteurs, lecteurs, spectateurs et personnel, au lieu – ces « archives fragiles, vivantes, polyphoniques, contradictoires, souvent considérées comme mineures » mais qui « participent pleinement de l’écriture de notre histoire du présent ». Rendez-vous au Forum 0 du Centre Pompidou, lors de permanences organisées tous les jeudis, de 19h à 20h et à partir du 9 février.
« Bureau des archives populaire du Centre Pompidou » au Forum 0 du Centre Pompidou à Paris, permanence tous les jeudis de 18h-20h (1ère permanence : jeudi 9 février)
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