Le théâtre Vidy-Lausanne (Suisse) est the place to be ces jours-ci avec, dans le cadre du festival Parcours commun, une création de Christoph Marthaler, une visite dans l’univers du tertiaire et une performance dénonçant le racisme touchant les femmes artistes et noires par la Sud-Africaine Ntando Cele.
Pour fêter l’été et palier un festival Programme Commun n’ayant pu se tenir en 2020 pour cause de crise sanitaire, le Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse) propose depuis le 26 mai la nouvelle formule “Parcours Commun” pour renouer avec la découverte de spectacles dans divers lieux de la cité vaudoise.
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Les tribulations théâtrales commencent avec le premier épisode de L’Age d’or qu’Igor Cardellini et Tomas Gonzalez consacrent au monde du tertiaire et à l’art de penser un immeuble de bureau. L’actrice Rébecca Balestra se glisse dans la peau d’une guide attentive à chacun pour transformer en performance la visite du bâtiment de Vaudoise Assurances, imaginé par l’architecte Jean Tschumi en manifeste de la “corporate identity” des années 1950. A suivre, le monde de l’argent avec la visite d’une agence de la banque UBS et l’univers de la consommation avec celle du centre commercial Métropole.
Retour au Pavillon du théâtre de Vidy-Lausanne pour Aucune Idée, la dernière création de Christoph Marthaler. Complice des premières frasques du metteur en scène suisse-allemand depuis l’adolescence, Graham F. Valentine trimbale sa silhouette d’échassier fasciné par l’absurde dans le hall d’un immeuble pareil à un cauchemar kafkaïen où toutes les portes communiquent. Le musicien baroque Martin Zeller accompagne les dérapages contrôlés qui émaillent la soirée en travaillant en live l’ouverture de Tristan et Isolde de Richard Wagner. Hommage à la poésie sonore, à l’esprit du surréalisme et à celui du mouvement dada, le spectacle fourmille d’idées toutes plus extravagantes les unes que les autres.
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Coup de coeur pour Go Go Othello
C’est dans le jus hors d’âge d’un ancien cinéma de quartier transformé en boîte de nuit que l’on découvre la performance de la Sud-Africaine Ntando Cele. Entre pole dance sexy, numéro de stand up et show transformiste, la jeune femme s’amuse avec une cruelle ironie du manque de perspectives d’être une artiste noire dans un monde de Blancs. Rappelant comment Othello s’avère être l’un des seuls rôles proposés aux acteurs noirs au théâtre – tout en étant très souvent joué par des Blancs -, la comédienne s’interroge de ce fait sur la place laissée par la société aux femmes noires : pour être sur scène, ne leur resterait-il pas seulement le fait de devenir go-go danser, un métier qu’elle a par ailleurs exercé pour financer sa formation à DasArts à Amsterdam ? De la danse flamenco au charme du burlesque en passant par les revues à plumes du music-hall, Go Go Othello se déploie au gré de diatribes tendrement acides pour cibler la pratique du blackface et rappeler le prix qu’ont dû payer Joséphine Baker, Nina Simone ou Cardi B avant d’être reconnues pour leur talent. Un coup de cœur.
L’Âge d’or de Igor Cardellini et Tomas Gonzalez, les 3 et 10 juillet, Théâtre Vidy-Lausanne, hors les murs à la Vaudoise Assurances.
Aucune Idée, conception et mise en scène Christoph Marthaler avec Graham F. Valentine et Martin Zeller. Jusqu’au 4 juillet, Théâtre Vidy-Lausanne. Cette création sera également présentée dans le cadre du Festival d’Automne, à Paris, du 1er au 14 novembre, au Théâtre de la ville.
Go Go Othello, performance de Ntando Cele. Jusqu’au 1er juillet, Théâtre Vidy-Lausanne, hors les murs au Bourg.
Toutes les informations sur le festival sont disponibles ici.
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