En attendant de pouvoir dévoiler au public son accrochage intérieur, cet événement parisien dédié aux jeunes artistes récemment diplômé·es, investit avec brio les espaces extérieurs.
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Elle fut annulée l’an passé, s’adapte cette année, portée par ceux·celles qu’elle vise à mettre en avant : les jeunes artistes. 100 % l’expo – Sorties d’écoles est l’un de ces multiples formats tremplins qui marquent la transition, souvent difficile, de l’école d’art au circuit institutionnel.
Depuis plusieurs décennies, le Salon de Montrouge et Jeune Création agissent en ce sens – forts, respectivement, de 65 et 72 éditions –, choisissant leurs artistes sur dossier. 100 % l’expo, dont c’est la cinquième édition, procède de son côté par la mise en lumière d’élèves diplômé·es de différentes écoles d’art. La sélection s’ouvre à un panel plus vaste de pratiques, englobant le design ou la mode, et toutes celles transdisciplinaires serpentant entre les catégories établies.
100 % l’expo a pris le train de la mutation
Victime d’une année blanche l’an passé, l’événement, organisé à La Villette, à Paris, réunit cette année près de 140 artistes récemment diplômé·es de huit écoles : les Beaux-Arts de Paris, les Arts décoratifs, Le Fresnoy, l’Ecole nationale supérieure de la Photographie, celle de la Création industrielle – Les Ateliers, les Gobelins, la Fémis et l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais.
Prévue pour prendre place au cœur de la Grande Halle, l’exposition a subi dans son organisation, comme la plupart des événements actuels, les atermoiements sanitaires. Ce volet-ci devra donc rester dans l’entre-deux des visites réservées aux professionnel·les, en attendant d’être visible par tous·tes avant sa date de fin prévue pour la mi-mai.
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Néanmoins, 100 % l’expo a pris le train de la mutation et repensé son format pour s’étendre à d’autres espaces, extérieurs et numériques, accessibles à tous·tes. Loin d’être une simple mise en lumière de travaux individuels ou de l’esprit de chaque école, les œuvres au-dehors témoignent de la faculté et de la force d’adaptation de jeunes artistes, qui, en temps normal, sont déjà ceux et celles habitué·es à devoir, encore et encore, se contorsionner pour composer avec les contraintes matérielles.
Des cocons de latex, perles et grigris
Pour certain·es, la tâche fut plus aisée que pour d’autres. Les six photographes invité·es ont ainsi dédoublé leur sélection initiale sur des panneaux extérieurs. On remarquera en particulier les typologies de figures elles aussi résilientes, celles qui composent avec les marges pour y distiller leur humanité : les créatures fantasques de Robin Plus, extirpées de leurs clubs autant que de leur nuit, ou encore les témoins ordinaires d’une ruralité hétérochronique de Heng Zheng.
Du côté des huit plasticien·nes convié·es à présenter leurs travaux in situ, certain·es ont été appelé·es dans l’urgence afin de réaliser une œuvre, non prévue dans le volet initial, en l’espace de trois semaines. Quand Amandine Guruceaga s’attaque de front à l’architecture postmoderne du lieu, tout en courbes et en mirages, pour dresser en réponse sa sculpture d’acier et de PVC extrudé, Prosper Legault investit lui le fronton de la Grande Halle, faisant bégayer la signalétique urbaine pour l’ouvrir au jeu onomastique et symbolique.
Non loin, les cocons de latex, perles et grigris de Ji-Min Park, comme les peintures sur tissus de Charlotte Denamur, précisent le panorama d’une jeune création mutante, transitoire et parasite – qui, à l’horizon d’une sortie ou d’une entrée (de l’école, dans l’institution), substitue les voies de traverse et les espaces interstitiels.
100 % l’expo – Sorties d’écoles, jusqu’au 16 mai, La Villette, Paris. Egalement en ligne sur lavillette.com
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