Retoucheur virtuose, l’Indonésien compose, dans “Those Good Old Days”, un passé fantasmé qui réunit 2Pac et Jean-Paul II ou orchestre un duo entre Amy Winehouse et Janis Joplin.
Agan Harahap est né à Jakarta et vit à Yogyakarta, sur l’île de Java, en Indonésie. S’il achève un cursus d’art et de design et égrène quelques séries photographiques, c’est en enfant des réseaux sociaux, bien au fait de la viralité, qu’il fait circuler son travail. Car Agan est un virtuose de la retouche et du trucage photo, et dès qu’il quitte sa fonction de retoucheur au Tarzan Studio (mariages et remises de diplôme), il enfile le costume d’artiste et scratche la pop culture des dernières décennies et l’imaginaire des stars et (super)héros.
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On a donc vu Snoop ou Madonna portant les costumes traditionnels javanais (The Idols), Kim Kardashian dans une bétaillère de la police indonésienne (And Justice for All), Batman escortant Fidel Castro pendant une conférence de presse (I Love History). Entamée en juin 2021, sa dernière série, Those Good Old Days, applique sa méthode du clash spatio-temporel aux figures tutélaires de la pop culture de ces quarantes dernières années.
De l’improbable-mais-presque-possible on passe à la pure fantaisie, la rencontre fantasmée… des images d’un passé recomposé. Sur un mode facétieux, Agan joue avec la grande question et ligne de fracture de la photographie : son rapport à la vérité, son habileté à “mentir vrai”. Si le mensonge est ici assumé, il revêt l’apparence d’une réalité non advenue, qui aurait pu surgir dans un réel décalé : Tupac n’a probablement jamais rencontré Jean-Paul II, mais une de ses chansons s’était retrouvée sur la playlist MySpace du Vatican au début des années 2000… Hommage amical à un ami trop tôt parti ?
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