ARCHIVES DE Août 2006
Articles du 04 Août 2006
À moins d’une semaine du lancement du festival de Cannes, quels sont les films que l’on attend avec impatience ? Petit tour d’horizon parmi toutes les sélections du festival, entre auteur·trices confirmé·es et jeunes espoirs de demain.
Pour célébrer les 60 ans du premier album des Beach Boys, le groupe de Brian Wilson s’associe à Vilebrequin pour une collection entre le littoral californien et les côtes tropéziennes. L’occasion de revenir sur 5 anecdotes concernant la formation américaine.
ARIVE, l’application qui sélectionne et livre des produits de beauté, mode et lifestyle en moins de 60 minutes par vélo électrique, est désormais disponible à Paris !
Trente-trois ans après sa création, la Fondation Jean-Luc Lagardère s’engage, cette année encore, à soutenir le projet de jeunes professionnel·les : musicien·nes, photographes, scénaristes TV, journalistes, écrivain·es….Un véritable coup de pouce pour les artistes et acteur·rices de la culture !
Boudu sauvé des eauxde Jean Renoir (1932), avec Michel Simon, Charles Granval, Marcelle HainiaTant de génie en liberté nettoie les yeux (on en avait besoin). Boudu bande avec tellement d’évidence que ça ne peut que réjouir son monde, du rabelaisien au lacanien. Film gris, à la fois soûl comme un polack et granuleux comme un […]
Avec ses perles psychotoniques venues de toute l’Asie, Fantasia confirme son statut de rendez-vous incontournable du cinéma de genre. Dédié aux cinémas asiatiques de genre avec une ouverture de plus en plus large sur les films occidentaux, le festival Fantasia n’a pas attendu sa cinquième édition pour devenir une véritable institution (contre)-culturelle montréalaise, drainant chaque […]
Miyamoto Musashi, personnage parmi les plus célèbres de l’histoire médiévale nippone, a beau avoir fait l’objet d’une quinzainede films, la version des aventures de ce samouraï signée Inagaki restela plus connue par chez nous.Les puristes préfèrent la lecture donnée par Mizoguchi, forcément plus ascétique, en phase avecla philosophie martiale, mais la chanson de geste de […]
Chaque nouvelle vision de Gun crazy vient conforter sa réputation de chef-d’œuvre de la série B, tant cette banale histoire d’amants hors la loi parvient à un équilibre miraculeux entre impératifs économiques et invention esthétique, les limitations de budget et de temps contraignant le talentueux Lewis à inventer des solutions de mise en scène aussi […]
SUR LES QUAISd’Elia Kazan (1954), avec Marlon Brando et Eva-Marie Saint * Eloge vibrant de la délation ? Les docks de New York magnifiquement photographiés par Boris Kaufman, le frère de Dziga Vertov et le chef-opérateur de Jean Vigo. Kazan avait failli donner le rôle tenu par Brando (il lui valut un Oscar) à Sinatra. […]
VACANCES À VENISEde David Lean (1955), avec Katharine Hepburn * France 3, 0 hPremier film en couleurs du maître britannique, Vacances à Venise est la version vénitienne de Brève rencontre… Pour les fans de Katharine Hepburn.
Russ Meyer est le cinéaste préféré d’Andy Warhol et de John Waters. Obsédé par les grosses poitrines, ce formaliste plouc a réalisé une flopée de séries Z améliorées sans se douter qu’il allait devenir la référence définitive des clippeurs et des publicistes. Culte.
Hommage à Tatsumi Kumashiro sept filmsRétrospective Le cinéma de Tatsumi Kumashiro est le reflet de la grande crise du cinéma japonais du début des années 70. Pour se sortir du marasme économique, la compagnie Nikkatsu se lance dans une nouvelle série de films à petit budget, le “roman-porno”. D’abord assistant-réalisateur, puis scénariste et auteur d’un […]
Pas le meilleur film de Sergio Leone, mais le plus mythique, dans lequel le cinéaste met en scène de façon presque idéale sa relation fantasmatique avec l’histoire de l’Amérique et le western. Une utilisation géniale de la durée, de la musique et des acteurs.
A la Cinémathèque française, une rétrospective essentielle permet de revoir l’œuvre du plus doué et du plus sacrifié des géants hollywoodiens des années 70 : Francis Ford Coppola. Une filmographie passionnante, inégale, où les chefs-d’œuvre côtoient le gâchis. Organiser aujourd’hui une rétrospective Coppola relève sinon du martyrologe, du moins du crève-cœur, tant l’entreprise consiste non […]
LA FIEVRE DANS LE SANGd’Elia Kazan (1961), avec Natalie Wood, Warren Beatty, Audrey Christie Les infortunes de deux jeunes gens, dans le Kansas traditionaliste des années 20, servent de contrepoint lyrique à la crise économique de 1929. Scénario subtil, acteurs splendides, cinéaste inspiré.
Idylle entre un escroc et une belle milliardaire à Venise. Célèbre pour sa scène d’ouverture où un gondolier ramasse les poubelles en chantant O’sole mio, symbole du cocktail de charme et de trivialité qui caractérise la Lubitsch’s touch.
A aime B, qui le trompe avec C, qui séduit D… Une vision cruelle des rapports de sexe dans la Vienne de Schnitzler, mais, à la froide perfection de ce système circulaire, prétexte à série de sketches et galerie de stars, on peut préférer le vibrant et hollywoodien Lettre d’une inconnue.
FALLEN ANGELUn loser assassin, une brune, une blonde, le destin et la nuit. Archétypal et admirable. Dana Andrews est un film noir à lui tout seul.
Une bande de petits voleurs prémédite un hold-up qui va stupidement échouer. Peut-être le chef-d’œuvre de la comédie italienne, hilarant et amer, et qui réunit deux générations d’acteurs magnifiques. On ne s’en lasse pas.
La seconde adaptation, muette et à grand spectacle, de la pièce d’Edmond Rostand. Cet ancêtre du calligraphisme italien, réputé pour la beauté de sa scène de bataille, n’a pas été vu depuis longtemps. A redécouvrir.
Sans nouvelles depuis vingt ans d’un ami de son père, Henri-François Imbert part au Mali à sa recherche. Il en rapporte le simple et splendide Doulaye, une saison des pluies. Un art de la lenteur, de la patience et de l’écoute qui n’oublie pas de questionner les relations Nord/Sud. Quatre ans après le superbe Sur […]
En bidouillant des extraits de classiques américains, Martin Arnold accouche des névroses pelliculaires d’Hollywood.MARTIN ARNOLD Cinemnesis (RE:VOIR Vidéo)Feux nourris sur le front du cinéma expérimental : à lire, une revue, Exploding, à la pertinence chaque fois plus affûtée (le n° 4 est Erogène, frottez-vous-y), la réédition de l’Eloge de Dominique Noguez, l’imminence de la somme […]
Si les cinémas d’Amérique latine sont restés avares de nouveautés palpitantes, Julio Bressane et Carmen Miranda ont réchauffé l’atmosphère toulousaine.XIIes RENCONTRES CINÉMAS D’AMÉRIQUE LATINE DE TOULOUSE (du 20 au 28 mars) Je ne vois pas quel oracle, même ayant oublié sa modération au contact de flasques de cachaça, se mouillerait au point de prédire à […]
L’Affaire Cicéronde Joseph L. Mankiewicz (1952), avec James Mason, Danielle DarrieuxCette fois, c’est l’inverse : Five fingers, le titre US imposé par Zanuck fut répudié par Mankiewicz himself. Il aurait pu lui aussi s’appeler Jeux dangereux c’est l’histoire d’un espion qui finira par perdre à tous les paramètres de ses mensonges mais Cicéron […]
En dehors de ses polars sociaux tournés pour la Warner au début des années 30, Mervyn Le Roy ne s’est pas distingué par sa subtilité ni par sa légèreté, comme en témoigne cette saga longuette d’un jeune aventurier parcourant le monde au xixe siècle. Ce roman-feuilleton de 2 h 20 qui n’est pas d’une fantaisie […]
Libéré après vingt-cinq ans de détention, un homme décide de retourner en prison. Une fable philosophique sur la liberté par l’explorateur Rossellini, qui marque sa rencontre surprenante avec le génie comique de Totò.
Fenêtre sur cour en copie restaurée est une merveille que tous les cinéphages amnésiques des multiplexes devraient voir.
L’histoire du voleur Barabbas, gracié à la place du Christ. Un péplum exceptionnel de Richard Fleischer, cinéaste également doué dans les registres du spectaculaire et de l’intime. Supérieur à Ben Hur.
Cupidité et rivalités amoureuses dans une famille de fondeurs de cloches. Ce premier film d’un maître du cinéma allemand reste marqué par l’expressionnisme, dont Pabst se détachera par la suite avec des œuvres tendant au naturalisme. Version restaurée de ce film oublié, avec partition musicale d’origine.
Attention les yeux, millésime 43 : revoici le Hitchcock préféré d’Hitchcock. Le Bien et le Mal y changent de peau, s’amusant à merveille avec nos nerfs.
Faute de rencontrer une accorte Maud chez qui passer la nuit, le festivalier immergé dans le grand court-bouillon clermontois n’avait dès lors plus que ses jambes pour trotter d’une salle à l’autre et ses yeux pour pleurer. Force est de déplorer que les films projetés ont trop souvent entériné le lieu commun qui réduit le […]
Un an après son génial Tempête à Washington sur le Sénat américain, Preminger réalise une nouvelle fresque à la fois monumentale et intimiste, consacrée au fonctionnement de l’Eglise catholique, avec l’intention avouée de la décrire comme une organisation politique et de critiquer sa position complaisante lors de l’annexion de l’Autriche par Hitler. Lors de la […]
Chantal Akerman, dans son documentaire Sud, filme sur fond de crime raciste les paysages sudistes américains de Faulkner et de Baldwin.A l’instar du Cinéma, de notre temps (1996) diffusé juste après, Chantal Akerman tente de faire son autoportrait dans Sud, son nouveau film documentaire, présenté au dernier Festival de Cannes. Une tentative d’approche du sud […]
Len Lye est mort en 1980. Cette seule information est d’une ironie implacable : celui qui inventa une forme naïve du clip a donc exactement cédé sa place à une version cynique de son travail. A son cinéma direct, sans caméra, artisanal, n’auront succédé que des artefacts publicitaires friqués. Aujourd’hui, MTV soutient la rétrospective et […]
Avec la BO d’Esther Kahn, partition abyssale dans son minimalisme revendiqué, Howard Shore confirme son talent atypique dans le paysage cinématographique contemporain.ESTHER KAHN BO (Why Not Productions/Naïve)BO Si l’on devait absolument rattacher le Canadien Howard Shore à une lignée de compositeurs pour le cinéma, ce serait sans hésiter à ces grandes figures à la fois […]
Le Primefilm festival, qui a présenté plus de cinquante courts métrages inédits sur Internet durant six mois, transforme nos écrans d’ordinateurs en salles d’art et essai. Un vecteur idéal d’œuvres qui trouvent difficilement leur place dans les médias classiques. Le lieu est inhabituel. C’est un bureau, une chambre, un salon, en banlieue, à Paris ou […]
LE MAL DU PAYSvendredi 6 avril, France 2, 0 h 20Deux corps noirs, affalés sur le sol, prostrés, en attente, dans un lieu fonctionnel, anonyme et blanc, alors que les jets vrombissent sur les pistes toutes proches d’Orly. En quelques plans sobres, exacts, laconiques, Laurent Bachet circonscrit le sujet de son moyen métrage : les […]
Vendredi 10 septembre, 22 h 15, Arte.Pourquoi Spike Lee a-t-il composé son documentaire Quatre petites filles (1997), sur l’attentat raciste survenu en 1963 à Birmingham, Alabama, à la manière d’un album de photos incluant images fixes, documents d’époque et bouts d’interviews ? Pour conférer une aura nostalgique et légendaire à cet épisode tragique et crucial […]
Le portrait diffracté d’un producteur de Hollywood. Parmi les mélodrames des années 50 de Minnelli, celui-ci est sans conteste une grande réussite, qui restera comme l’une des plus lyriques descriptions du cinéma par lui-même. Avec un casting idéal, et notamment les splendides Kirk Douglas, dans le rôle du producteur controversé, et Lana Turner, qui incarne, […]
Une programmation fleuve pour montrer que Turin, ville austère et ouvrière, est, plus que Rome ou Rimini, l’épicentre du cinéma italien. Turin, ce n’est pas seulement la ville de la Juve et du Toro, de Platini et de Zidane, de Fiat et des vieux cafés rococo où l’on sert le voluptueux bicerini (de l’expresso, du […]
La Ville de l’Egyptien Yousry Nasrallah brave les interdits et brasse les genres : un film débridé entre Paris et Le Caire.Présenté cet été sous son titre, La Ville, nouveau film de Yousry Nasrallah coécrit avec Claire Denis (avec Bassem Samra, Roschdy Zem, Mohamed Nagaty, Inès de Medeiros, Yousra), fut la seule standing ovation du […]
Une fresque saisissante sur une famille d’industriels de l’acier acoquinés avec les nazis en 1933. Critique marxiste a-t-on dit… Mais on ne peut pas s’empêcher d’y voir aussi, malgré sa noirceur, une œuvre presque fellinienne, fascinée par la beauté du diable.
Black FuryMélo social typique de la Warner situé dans le monde des mineurs, où Paul Muni joue une gueule noire qui se rebelle contre les injustices dont lui et ses camarades sont victimes. Scénario habituel pour un cinéaste libertaire souvent considéré comme un anarchiste (à l’intérieur du système hollywoodien). Sur le plan dramaturgique, cette œuvre […]
Première partie de la rétrospective Raoul Walsh à la Cinémathèque, où l’on constatera que ce grand pionnier du western est moins un humaniste foutraque, un borgne aventurier qu’un romantique désillusionné. Au commencement était le Mac-Mahon, une salle de cinéma fréquentée dans les années 50 par une secte étrange, les mac-mahoniens, dont les dieux s’appelaient Fritz […]
L’homme sage (“wise man”) du documentaire américain a-t-il livré son testament avec Belfast, Maine ? Il y a quelques indices troublants. D’abord, Frederick Wiseman revient tourner nostalgiquement dans la région où il est né. Le Maine, c’est la porte à côté du Massachusetts de ses origines. Ensuite, ce portrait d’une ville, Belfast (Maine), vue sous […]
Avec son apparence lisse et classique, ce film “sans coutures” est une analyse sophistiquée de la séduction vue sous différentes facettes : la mode comme vecteur de la féminité et le donjuanisme, perversion tragique.
De la part de Ridley Scott, ce Gladiator est une heureuse surprise. Non pas que ce superpéplum de l’ère numérique soit un chef-d’œuvre, mais il offre au public ivre d’évasion et d’émotions fortes un grand spectacle épique digne de ce nom. Si l’on parvient à faire abstraction des éclairages orange chers à Ridley Scott et […]
LE MAL DU PAYSvendredi 6 avril, France 2, 0 h 20Deux corps noirs, affalés sur le sol, prostrés, en attente, dans un lieu fonctionnel, anonyme et blanc, alors que les jets vrombissent sur les pistes toutes proches d’Orly. En quelques plans sobres, exacts, laconiques, Laurent Bachet circonscrit le sujet de son moyen métrage : les […]
Excellente, cette chronique bon enfant des amourettes estivales de Romains de tous âges et milieux passant la journée à la plage, pendant que dans la capitale un juvénile Mastroianni tente de résoudre ses problèmes de couple.
To be or not to bed’Ernst Lubitsch (1942), avec Carole Lombard, Jack Benny, Robert StackLe titre français était Jeux dangereux. On a eu raison de lui préférer son appellation d’origine, tirade en clin d’œil shakespearien et dénonciation vitriolée d’un pantomime nain à moustache qui grimaça comme une ordure sur le monde et gâcha le siècle.
Troisième adaptation du roman de Maurice Renard, cette fois-ci par un cinéaste français chéri des cinéphiles. Avec son casting hétéroclite, cette série B fantastique compte parmi les réussites mineures du “cinéma de quartier”.
Six femmes pour l’assassinUn mystérieux assassin occit un à un les mannequins d’une maison de haute couture. La science de la lumière de l’ex-chef-opérateur Mario Bava joue un rôle essentiel dans l’instauration du climat d’angoisse que distille abondamment ce giallo (peut-être le premier historiquement), dont l’œuvre d’un disciple de Bava tel que Dario Argento découle […]
Hommage à Fritz Lang à travers deux cycles sur Arte et Cinéclassics : un retour sur une filmographie imposante. S’il fallait désigner le plus grand metteur en scène de l’histoire du cinéma, nul doute que le nom de Fritz Lang nous viendrait automatiquement à l’esprit. Une évidence pourra se vérifier ce mois-ci à l’occasion de […]
Pour son deuxième film, Chabrol inverse les rapports de force entre les acteurs du Beau Serge pour une transposition contemporaine de la fable du rat des villes et du rat des champs. La satire sociale de la jeunesse bourgeoise a mal vieilli, mais les provocations grinçantes de Paul Gegauff font toujours un certain effet, surtout […]
Secrets de femmesConstruction très inspirée de Chaînes conjugales de Mankiewicz. Ici aussi il y a trois femmes, mais au lieu de se tracasser pour savoir si leur mari est celui qui s’envoie en l’air avec une quatrième copine, elles se demandent laquelle des trois est la mère d’un enfant rescapé d’un accident d’avion. Un prétexte […]
Tourmentsde Luis Buñuel (1952), avec Arturo de Cordova, Delias Garces, Aurora WalkerLà encore, Tourments, le titre français n’a pas été retenu, et c’est tant mieux. Seul El, avec son E dévorant son L fragile, dessine cette raideur paranoïaque qui emporte l’un à briser les ailes de l’autre. Acoquinées l’une à l’autre, ces deux-là sont le […]
Le chef-d’œuvre du tandem Powell/Pressburger, qu’Arte présente indûment comme une rareté, est un drame stylisé inspiré d’un conte d’Andersen. L’histoire d’une danseuse tiraillée entre deux hommes possessifs, son amant compositeur et son imprésario tyrannique. Intégrant de façon inédite les séquences dansées au récit, les réalisateurs ont déchaîné leurs démons en créant un alliage rare d’hystérie […]
Intrigues amoureuses dans le milieu du cinéma muet. Un film moyen du cinéaste qui reconstitue nostalgiquement l’époque de son enfance, qui fut aussi celle du cinématographe. Mais Momo Chevalier en fait des tonnes.
Ce film à sketches au titre-programme, simple vitrine des vedettes Paramount, voit évidemment Lubitsch se détacher du lot des nombreux coréalisateurs, grâce à une idée unique, mais développée avec une logique imparable, et à la grâce de Charles Laughton.
LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE Buñuel filme le roman de Mirbeau. Ce chef-d’œuvre qui marque le début de sa collaboration avec Silberman (producteur) et Carrière (scénariste) se distingue des adaptations littéraires sulfureuses et choque-bourgeois dont s’était fait la spécialité un certain cinéma français.
Ninotchka“Garbo rit” fut le célèbre slogan de ce film où pour une fois la Divine sortait de sa réserve scandinave et frisait l’autodérision. Coécrit par Billy Wilder, donc acerbe et enlevé, c’est en quelque sorte une opérette parlée, qui se prêtait idéalement au remake musical que Mamoulian réalisa dans les années 50 : l’histoire d’une […]
Un jeune rappeur se fait buter, et l?auteur d?Anarchie au Royaume-Uni se remet à écrire? Quand Nik Cohn délaisse le rock et la techno pour se plonger dans l?univers du rap, ça donne Triksta (sortie le 5 octobre), le roman noir génial et édifiant d?une culture tout entière.
L’histoire de Gertrud, grande amoureuse, cruellement déçue par les trois hommes de sa vie : son mari, qui ne pense qu’à sa nomination au ministère, son jeune amant, égoïste et cynique et son premier amour, un poète vieillissant et amer. Adapté d’une pièce de Hjalmar Söderberg, Gertrud de Carl Th. Dreyer est un chef-d’œuvre absolu. […]
Le CidCe film mammouth sur les hauts faits de la vie du guerrier du xie siècle qui nous fit bayer aux corneilles durant notre scolarité (“O rage…”) fut tourné en Espagne à la grande époque des péplums et superproductions historiques, avec une masse de figurants que même Spielberg et Cameron réunis ne pourraient plus s’offrir […]
Un livre et une rétrospective partielle pour (re)découvrir l’œuvre de Jean-Daniel Pollet, élégante et secrète, atteinte du virus de la poésie. Le hasard, qui n’est pas la moindre des qualités du cinéma de Jean-Daniel Pollet, veut qu’une sélection de ses films en copies neuves (dont l’inédit Tu imagines Robinson) soit présentée dans un cinéma de […]
La Taverne de la JamaïqueProblématique, le dernier film anglais du tonton Alfred. Adapté de son auteur favori Daphné du Maurier, ce film d’époque n’arrive pas à la cheville des œuvres équivalentes de Fritz Lang (Moonfleet) ou de Preminger (Ambre). L’histoire met en présence un oncle croquemitaine aux deux visages et sa nièce innocente. La reconstitution […]
LE CARDINALUn an après son génial Tempête à Washington sur le Sénat américain, Preminger réalise une nouvelle fresque à la fois monumentale et intimiste, consacrée au fonctionnement de l’Eglise catholique, avec l’intention avouée de la décrire comme une organisation politique et de critiquer sa position complaisante lors de l’annexion de l’Autriche par Hitler. Lors de […]
Version originale, sauvée par Chahine et la Cinémathèque, d’une coproduction soviético-égyptienne remontée contre le gré du cinéaste en semi-documentaire de propagande sur la construction du barrage d’Assouan. En fait, Chahine n’élude jamais le coût humain du projet, joue le jeu du mélodrame bilingue (incroyables flash-backs sur Stalingrad) et ne s’occupe que de la circulation du […]
Après son suicide, un mauvais garçon est jugé au paradis pour ses actes. Remake d’un film de Borzage, l’unique œuvre française de Fritz Lang est une tragi-comédie imagée, thématiquement conforme à l’univers de son auteur, mais un rien boursouflée.
Bad lieutenantLe film culte d’Abel-la-déglingue sur les agissements déviants d’un flic catholique mais pas orthodoxe qui plonge en enfer (alcool, drogue et masturbation au menu). Une œuvre sur le fil du rasoir de la folie par laquelle Ferrara sortit de la série B et fut catapulté au panthéon des auteurs.
J’ai vu le futur : un monde où chacun sera Big Brother, où Big Brother sera intégré en nous. “L’œil était dans la tombe et regardait Caïn”, écrivait Hugo. Désormais, la tombe, c’est le monde cyber-virtuel-média-chose, et l’œil n’est plus Dieu, mais nous, vous, eux, les spectateurs passifs ou bien “actifs” (avec leur Webcam). Après […]
Hollywoodien respecté et novateur à l’époque du muet, le père de Jacques Tourneur s’est ensuite coulé dans le moule du cinéma français des années 30, avec quelques réussites, dont cette étonnante synthèse entre le film de gangsters américain et un ancrage régionaliste à la fois folklorique et réaliste : quelque chose comme Scarface chez Pagnol. […]
Mais qui a tué Harry ?Pas vraiment tourneboulante, cette comédie policière qui tourne autour d’un cadavre découvert gisant dans la campagne par les habitants d’un village de la Nouvelle-Angleterre. Cette étude de mœurs se veut drôle mais s’avère assez anodine. Si l’on excepte la musique d’Herrmann et la présence charmante de Shirley MacLaine, ça a […]
Au menu du Fresnoy, profusion de beaux films de tout format, durée, genre et pays. Relevé des plus belles pépites.L’hétérogénéité de leur programmation n’est pas la moindre des vertus des Rencontres cinématographiques, déplacées depuis 98 de Dunkerque au Studio national des arts contemporains du Fresnoy à Tourcoing. Se côtoient ainsi pendant une dizaine de jours […]
L’AGE D’OR Un des plus gros scandales de l’histoire de l’art moderne. Produit par le mécène de Noailles, attaqué à sa sortie par l’extrême droite française, puis interdit pendant cinquante ans, le film de Buñuel est un attentat politico-esthétique dont la force érotique et subversive n’a guère subi l’érosion du temps.
Ce dernier long métrage de Vidor peut se voir aussi bien comme un adieu à la forme épique tant aimée du cinéaste que comme un délicieux péplum biblique en jupettes.
Réédition de quelques films sublimes des virtuoses Norstein et Iarboussova, poètes géniaux du cinéma d’animation. D’abord dessinateur aux studios Soyouzmoultfilm de Moscou, Youri Norstein conçut les trois films d’animation Le Héron et la cigogne, Le Hérisson dans le brouillard et Le Conte des contes, de 1973 à 1979, en collaboration avec sa femme, Francesca Iarboussova. […]
Les amours éphémères d’un journaliste et d’une princesse. Cette gentille bluette qui lança la délicate Audrey Hepburn n’est qu’une balade touristique dans la ville éternelle. Un des rares films légers de Wyler, l’homme aux gros sabots.
Le Primefilm festival, qui a présenté plus de cinquante courts métrages inédits sur Internet durant six mois, transforme nos écrans d’ordinateurs en salles d’art et essai. Un vecteur idéal d’œuvres qui trouvent difficilement leur place dans les médias classiques. Le lieu est inhabituel. C’est un bureau, une chambre, un salon, en banlieue, à Paris ou […]
TERRE SANS PAIN Après ses deux premiers brûlots surréalistes, Buñuel met en scène un nouveau cri de révolte, documentaire cette fois. Ce court métrage sur Las Hurdes, région isolée et misérable d’Espagne, est son film le plus cruel. Buñuel enregistre les rêves de Dali ou l’atroce réalité avec la même précision, le même didactisme, le […]
La rétrospective fleuve consacrée à la série B américaine entre dans sa dernière ligne droite, mais on a un bon mois pour refaire son retard, revoir les classiques de ce genre qui n’en est pas un puisqu’il les recouvre tous (polar, horreur, SF, guerre, aventures, mélo) et découvrir des pépites oubliées. Côté classiques, on a […]
A force de ne voir en François Truffaut qu’un obsédé du récit, on oublierait presque qu’il y eut chez lui une tentation formaliste, du moins un souci plastique. Une dimension évidente dans ses “films noirs” de nouveau sur les écrans ces jours-ci. Au détour d’un article par ailleurs fort élogieux sur Truffaut, Serge Daney lâchait […]
Les Hommes, quels mufles !Un de ces “telefoni bianchi” avec lesquels le régime mussolinien entendait rivaliser en sophistication avec Hollywood. Ici Camerini brosse une sympathique comédie romantique sur les amours d’un chauffeur de taxi et la fille d’un de ses collègues.
Hitchcock encore, pour l’un de ses films anglais les plus fascinants et les plus inventifs : ayant dompté la parole pour son troisième film parlant, le maestro mêle théâtre, cirque et rhétorique de procès, prêt à toutes les audaces, formelles (un monologue intérieur en voix off) et thématiques (métissage, transformisme). Ses obsessions et ses fantasmes […]
LA VOIE LACTÉELes aventures picaresques de deux vagabonds se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle et croisant sur leur chemin les dogmes et les hérésies de la foi chrétienne, ainsi que la plupart des meilleurs acteurs de l’époque parmi eux, Clémenti en ange de la mort. Le film d’un homme libre.Par Olivier Père
THE CELL Jennifer Lopez joue une psychologue high tech (ne riez pas) qui voyage dans l’inconscient de ses patients grâce à un procédé expérimental. Elle est contactée par le FBI pour pénétrer dans l’esprit d’un serial-killer dans le coma afin de découvrir où est cachée sa dernière victime, enfermée dans une cuve et vouée à […]
Il est rare qu’on puisse lire par-dessus l’épaule d’un génie pour découvrir un de ses brouillons. Très inférieure à son remake américain, cette première version de L’Homme qui en savait trop montre un Hitchcock en train de faire ses gammes, essayant de donner de la profondeur à ses visions sans y parvenir tout à fait. […]
CLÉO DE 5 À 7d’Agnès Varda (1961), avec Corinne Marchand * Un pur chef-d’œuvre, modianesque avant l’heure : en temps réel, l’ombre fugace et déchirée d’une chanteuse de variétés parcourt le xive arrondissement de Paris dans la lumière brûlante de l’été. Egalement le meilleur film des acteurs burlesques Michel Legrand, Serge Korber et Jean-Luc Godard.
Manifeste et autoportrait de Cocteau cinéaste, qui y recense sa mythologie et ses tics : les allusions datées au Saint-Germain d’après-guerre, la verbosité pompeuse et les poses de Jean Marais en poète narcissique ont de quoi agacer, mais Cocteau, amateur revendiqué, y invente des fulgurances visuelles (la traversée du miroir, la descente aux Enfers) qui […]
LA SOIFd’Ingmar Bergman (1949), avec Eva Hennin * Un des premiers films de Bergman (donc peu connu) qui met en scène une histoire de triangle amoureux. Pour compliquer le tout, les personnalités des deux femmes ne semblent en faire qu’une. A découvrir.
Avouons notre ignorance : on n’a pas vu cette rareté restaurée et muette, tournée par Pabst juste avant Loulou. Mais comme il est abusif de réduire le cinéaste au seul mythe de Louise Brooks, et que son expressionnisme tardif a su faire avec la psychanalyse d’heureuses rencontres, on est curieux d’y voir de plus près.
LE PETIT HOMME Difficile de résister à la tentation de comparer ce Petit homme à deux autres films iraniens, Où se trouve la maison de mon ami ? de Kiarostami et Un temps pour l’ivresse des chevaux de Ghobadi, où la tension dramatique abolissait toute tentative tire-larmes pour ne garder que le nerf de la […]
Après un cataclysme atomique, les survivants s’obstinent à se déchirer, mus par des préjugés raciaux qui ont résisté aux radiations. Chabrol à l’époque avait vilipendé le film en y voyant un chantage au grand sujet. Il n’avait pas tort, mais l’objet aujourd’hui vaut plutôt pour ses hantises millénaristes, et surtout pour la vision réellement impressionnante […]
Un fils de mineur recueille un faucon qu’il tente de dresser. Adapté d’un roman de Barry Hines, le film tempère son réalisme un peu prévisible de bouffées mélodramatiques. La bonne époque de Ken Loach.
